
Les records de jeu lent pour un Open britannique ont peut-être été battus jeudi à Portrush. Les parties ont en moyenne duré environ 6 heures. Celle de Rory McIlroy, Tommy Fleetwood et Justin Thomas a été chronométrée en 5h54. Un problème ? Oui.
De notre envoyé spécial à Portrush, Stefan Colin
Robert MacIntyre a ironisé. « Passer 6 heures l’autre jour au practice m’a paru interminable, mais je devais retrouver des sensations. Passer six heures sur un parcours pour jouer 18 trous, par contre. Aïe… »
Malgré sa belle carte de -1, l’Écossais, comme beaucoup d’autres, était à bout de nerfs à la fin de sa partie. Et pourtant, il l’a reconnu lui-même, cette durée était presque inévitable. « Je ne vois pas comment on aurait pu aller plus vite. Je suppose que les parcours sont devenus trop longs. Avec le vent, la pluie, la difficulté, les distances à prendre… J’ai poussé quelques jurons mais je pense que j’ai plutôt bien géré la situation. »
Le constat amène à deux questions : pourquoi le jeu est aussi lent et l’Open britannique doit-il continuer à faire partir les 156 joueurs du champ du tee n°1, au risque de ne pas permettre aux dernières parties de finir dans les temps ? Jeudi soir, le dernier groupe, avec les Anglais George Bloor et OJ Farrell, a terminé à plus de 22 heures, alors que l’obscurité avait gagné le parcours.
L’Américain J.J. Spaun, le dernier vainqueur de l’U.S. Open, a reçu un avertissement pour jeu lent. Mais en vérité, beaucoup de joueurs ont reconnu qu’avec les conditions météo changeantes, les emplacements de drapeaux, la difficulté des trous, ils prenaient leur temps…
Même les putts de moins de deux mètres doivent être étudiés avec minutie avec ce vent.
Justin Rose
Pour Justin Rose, cette durée record était prévisible ou presque. « Avec le vent qui souffle si fort, la pluie aussi, même les putts de moins de deux mètres doivent être étudiés avec minutie. »
Il y a aussi des par 5 atteignables en deux bien sûr, et le par 4 drivable du 5… L’un des cinq leaders, le Sud-Africain Christiaan Bezuidenhout, décrit la situation sur certains trous. « 90 % des joueurs peuvent toucher tous les par 5 en deux. Sur ces trous, on peut attendre parfois 20 minutes avant de taper le drive, quand le groupe devant nous attend que le green soit dégagé. Mais on a l’habitude. On parle, on plaisante, on se relaxe. »
Il n’en reste pas moins que pour les joueurs, pour les télévisions, et même pour le public, tout ça est très, très long. Même si c’est un Open britannique. Même si le spectacle est grandiose.
Et le vrai risque, c’est aussi que les joueurs qui s’élancent dans les dernières parties soient pénalisés et doivent « découper » leur premier ou deuxième tour en plusieurs journées. Attention danger.
Photo : Charlie Crowhurst/R&A/R&A via Getty Images