
Dans cette série d’articles, nous revenons sur les six dernières éditions de la Ryder Cup à travers un « top 5 » des grands moments de ces affrontements Europe – États-Unis. L’épisode 1 démarre fort puisqu’il est consacré a ce qui est peut-être la plus grande édition de tous les temps, en termes d’émotions et de rebondissements : la victoire de l’Europe en 2012 qui a été baptisée « le miracle de Medinah ».
Pourquoi la Ryder Cup génère-t-elle autant d’émotions, autant d’attente ? Avant de se concentrer pleinement sur l’édition 2025 qui nous attend à Bethpage, nous vous proposons de vous replonger dans la grande histoire de cet affrontement biennal entre l’Europe et les USA. Pour mémoire, la Ryder Cup a été créée en 1927 mais il s’agissait alors d’un match entre les États-Unis à la Grande-Bretagne (puis la Grande-Bretagne & l’Irlande à partir de 1973).
Face à la domination écrasante des Américains, il a été décidé en 1979 d’ouvrir l’équipe britannique aux joueurs du continent européen. Dès lors, la Ryder Cup est devenue un immense événement de golf, marqué notamment par les exploits de Severiano Ballesteros, puis d’autres Européens par la suite, et bien sûr par des Américains aussi.
Pour mieux comprendre à quel point cette épreuve est riche en grandes et petites histoires et pourquoi elle fait tant vibrer les foules, nous vous proposons un « flashback » des six dernières éditions, au cours desquelles il s’est passé beaucoup, beaucoup de choses.
On commence fort avec cet Opus 1. « Le miracle de Medinah », comme l’ont baptisé des journalistes, c’est la remontada extraordinaire de l’Europe et la victoire inespérée des joueurs de José María Olazábal en terrain « ennemi ». Voici les 5 plus grands moments d’une 39e édition absolument inoubliable.
La remontada historique et le putt décisif de Martin Kaymer
Le dimanche, l’Europe est largement menée par les États-Unis (10-6) avant les simples. Jamais une équipe n’est parvenue à remonter un tel déficit à l’extérieur. Galvanisés par leur capitaine José María Olazábal et l’esprit de Seve Ballesteros, décédé l’année précédente, les Européens enchaînent les victoires dans les premiers matches pour revenir au score.
Luke Donald, Ian Poulter, Rory McIlroy, Justin Rose qui crucifie Phil Mickelson par des birdies de grande classe sur les deux derniers trous, et Paul Lawrie remportent les cinq premiers matches ! Plus tard, Sergio Garcia gagne à son tour un match crucial contre Jim Furyk sur le 18e trou. Dans l’avant-dernière partie, Martin Kaymer sait désormais qu’une victoire de sa part permettra à l’Europe de conserver le trophée.
Il passe 1 up en rentrant 2 mètres pour le par au 17. Au 18, son adversaire Steve Stricker sauve le par. Un autre par suffit donc à l’Allemand et à l’Europe pour le partage du trou et la victoire finale des « Bleus » qui seraient assurés du match nul et donc de conserver le trophée.
A neuf mètres pour le birdie, il trouve le moyen de dépasser le trou de six pieds (1,80 mètre), ce qui est beaucoup… Le suspense est entier, d’autant que dans la dernière partie, Tiger Woods peut encore gagner contre Francesco Molinari et tout changer. Mais Kaymer ne tremble pas. Il rentre ce putt décisif et déclenche des scènes de joie extatiques chez les européens. Sergio Garcia est le premier à lui tomber dans les bras.
Démobilisé, Woods s’inclinera face à Molinari dans le dernier match sur le trou 18 et l’Europe l’emporte 14,5 à 13,5.
Ian Poulter redonne la flamme
Au cœur du samedi après-midi, l’Europe est menée par les États-Unis 10-4. Les « USA, USA » résonnent de partout sur le parcours de Medinah. Le suspense semble plié. Mais Luke Donald et Sergio Garcia parviennent à battre in extremis Steve Stricker et Tiger Woods dans leur quatre balles. Le dernier match de cette session oppose Ian Poulter/Rory McIlroy à Jason Dufner et Zach Johnson.
Totalement survolté, l’Anglais, choisi en wild-card par son capitaine, va terminer la partie par… cinq birdies sur ses cinq derniers trous. Un exploit majuscule qui redonne l’espoir à son équipe. Les quatre points de retard ne semblent plus insurmontables. Et surtout, l’élan a changé de camp.
L’émotion d’Olazabal
« Cette victoire est pour lui. » José María Olazábal n’a pu retenir ses larmes au moment de commenter l’exploit de son équipe. Évidemment, il a pensé immédiatement à son ami Seve Ballesteros, disparu l’année précédente. Lors des simples, ses joueurs portaient d’ailleurs sur leur manche un logo à l’effigie de la légende espagnole, qui a écrit les premières grandes heures de la Ryder Cup, notamment lors de ses victoires en double avec « Ollie ».
Lors de la cérémonie, le skipper de l’Europe rend encore un hommage appuyé à Seve avant de lâcher cette phrase lourde de sens à l’adresse de ses joueurs : « Tous les hommes meurent, mais tous ne vivent pas vraiment. Et vous m’avez fait sentir vivant cette semaine. » Le Basque avait été très touché par la disparition de son ami. Cette victoire a sonné pour lui comme un retour de flamme.
Quelques années après, dans un formidable documentaire qui donne la parole aux principaux acteurs de la « remontada », Olazábal pleurera encore à l’évocation de Seve. Que d’émotions…
McIlroy en retard mais vainqueur
Le dimanche matin, jour des simples, Rory McIlroy doit affronter Keegan Bradley. Mais un énorme quiproquo a failli empêcher le Nord-Irlandais d’arriver à temps. La veille, le futur vainqueur du Masters 2025 a regardé Golf Channel la veille, et il a cru que les horaires des départs affichés étaient en heure locale (Eastern Time), alors qu’il se trouvait dans le fuseau central (Central Time) à Chicago.
Il s’est rendu compte très tardivement de son erreur le dimanche matin et avait donc une heure de retard sur son programme… Pris dans les embouteillages dans un premier temps, il n’est arrivé que… 11 minutes avant son tee time officiel. Sans échauffement digne de ce nom, il a pourtant battu Bradley (2&1) en rentrant notamment un chip dès le trou n°6 pour passer 2 up.
La petite histoire dans la grande histoire, c’est aussi que la personne de l’hôtel qui l’a aidée à arriver à temps est une certaine Erica Stoll, qui deviendra son épouse quelques années plus tard…
L’échec final des « vétérans » américains
Cette édition 2012 est synonyme d’exploits en tout genre pour l’Europe. Mais pour les États-Unis, c’est la soupe à la grimace. Le capitaine Davis Love III a essuyé quelques critiques après le fiasco du dimanche, notamment pour avoir aligné Tiger Woods en dernière partie. Mais ce sont surtout ses joueurs qui ont failli. Et notamment ses joueurs les plus expérimentés. Qui ont plus ou moins craqué sur le trou n°18.
Phil Mickelson était 1 up au départ du 17, mais il a dû baisser pavillon avec à un Justin Rose déchaîné (deux birdies pour finir). Jim Furyk était lui aussi 1 up à deux trous de la fin, mais il termine par deux bogeys et laisse la victoire à Sergio Garcia. Quant à Steve Stricker, à la bataille avec Kaymer dans un match étouffant, il part à la faute au 17 pour passer 1 down et devra donc s’incliner sur le 18.
Il est difficile de parler d’effondrement des Américains, tant les Européens étaient en feu ce dimanche, mais les nerfs de quelques vétérans US ont failli dans l’emballage final…
Photo : ROSS KINNAIRD / Getty Images Sport Classic / Getty Images via AFP