
Un dimanche de folie, une remontada historique, des doubles européens tout aussi historiques, un public parfois horrible : on vous dresse ici une longue liste des coups de cœur et des coups de griffe de la rédaction.
On a aimé : Shane Lowry en héros
Au plus fort de la tempête, l’Europe se cherchait un héros pour éviter une catastrophe, dimanche. Il s’est appelé Shane Lowry et c’est tant mieux.
Le fait que ce soit l’Irlandais qui rentre le putt décisif est un symbole fort. Le vainqueur de l’Open britannique 2019, chez lui à Portrush, clame haut et fort depuis toujours son amour sans modération pour la Ryder Cup. Il a fêté dignement sa victoire avec les supporters européens.
« Shane est une légende », a lâché Luke Donald sur le podium de la victoire.
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On n’a pas aimé : un public épouvantable avec l’Europe et McIlroy
On l’a écrit, c’est allé trop loin, beaucoup trop loin : le public de Bethpage a dépassé la limite dans les grandes largeurs avec des débordements inacceptables pour un tournoi de golf. Des insultes, des grossièretés en tout genre, des bousculades même parfois, rien n’a été épargné aux Européens le samedi après-midi, et en particulier à Rory McIlroy, cible d’énergumènes qui ont pour certains été éjectés du parcours.
Même le père de Rory et son épouse, pourtant américaine, ont été visés. Cela restera comme une tâche indélébile de cette 45e Ryder Cup.
On a aimé : des doubles européens de rêve
L’Europe a tremblé, mais elle a conquis sa victoire en équipe : sa domination écrasante dans les doubles en atteste. Certains « pairings » sont déjà entrés dans la légende, comme le fut celui composé par Severiano Ballesteros et Jose Maria Olazabal.
Rory McIlroy et Tommy Fleetwood ? Invincibles. 4 foursomes, 4 victoires.
Jon Rahm et Tyrrell Hatton ? Invincibles, 5 matches joués, 4 victoires et un nul.
Tommy Fleetwood et Justin Rose ? Deux matches à Bethpage, deux victoires.
« C’est une joie d’avoir un partenaire comme lui », a dit Rahmbo à propos de Tyrrell. Une phrase qui semble pouvoir s’appliquer à presque tous les duos concoctés par Luke Donald.
« This man is a joy to be partnered with » 🥹
— Ryder Cup Europe (@RyderCupEurope) September 26, 2025
Hear from Rahm & Hatton after putting the first point on the board 🎙️#TeamEurope | #OurTimeOurPlace pic.twitter.com/Q5rpAvnHRN
On n’a pas aimé : le manque de fair-play de Keegan Bradley
On ne va pas accabler ici Keegan Bradley, qui a bien failli réussir le « come back du siècle » avec une ligne de stratégie en simple très offensive et payante. Mais le capitaine américain, déjà fortement critiqué pour des choix de double très douteux, a manqué de classe au moment de commenter le forfait de Viktor Hovland pour les simples, un forfait qui a conduit à un partage des points dans son match prévu face à Harris English.
« Cette règle doit changer. Tout le monde le sait. »
Sauf que cette règle existe depuis longtemps et qu’elle a déjà servi l’intérêt des USA, en 1991 quand Steve Pate était blessé et dans l’incapacité de jouer. Une édition où les États-Unis s’étaient imposés d’extrême justesse. Il nous semble en tout cas que le partage d’un match est préférable à une défaite sur ‘tapis vert’ pour un joueur blessé…
Luke Donald a tenu à préciser que le Norvégien était « dévasté » par son forfait. « J’avais toute confiance en lui en sa capacité à nous apporter un point s’il avait pu jouer », a assuré le capitaine européen.
On a aimé : le souci du détail de Luke Donald et de ses vice-capitaines
Même si ce sont les joueurs qui rentrent les putts ou qui les manquent, le match des deux capitaines a été incontestablement remporté par le skipper européen. Comme il l’a expliqué dans la conférence de presse ‘post victoire’, son souci du détail est allé jusqu’à changer la literie et le shampoing de l’hôtel où l’équipe séjournait. Avec Edoardo Molinari, l’équipe du Vieux Continent possède aussi un maître statisticien qui joue un rôle essentiel dans la composition des doubles.
La présence de Thomas Björn, de Paul McGinley, de Jose Maria Olazabal aussi, trois anciens capitaines victorieux avec l’Europe, est précieuse dans un staff qui marie à la fois la rigueur, la passion, la bienveillance et l’expertise des matches de Ryder Cup. Luke Donald va-t-il rempiler pour un troisième capitanat d’affilée ? C’est possible, même s’il a éludé la question.
Et pour donner encore un peu plus de volume à ce perfectionnisme mêlé à l’amour du maillot, Luke Donald a pris l’initiative de faire broder ce dimanche pour les simples le logo emblématique de Severiano Ballesteros à l’intérieur des polos de ses joueurs, positionné près de leur cœur.
On n’a pas aimé : la tristesse de Scheffler
Il est le n°1 mondial incontesté. Le meilleur joueur du monde. Qui a ajouté encore à son palmarès deux Majeurs cette année. Mais il n’est pas le leader de l’équipe américaine, qui en manque cruellement d’ailleurs. Scottie Scheffler n’est pas à l’aise dans ce rôle, contrairement à Rory McIlroy par exemple. Il est vrai aussi que le Nord-Irlandais est entouré par des lieutenants qui le protègent quand il est fortement chahuté.
On a senti Scheffler presque isolé dans cette équipe américaine. Son capitaine ne l’a sûrement pas aidé en l’alignant deux fois en foursomes avec le débutant en Ryder Cup Russell Henley, d’évidence pris par l’événement. Ni en préparant un parcours qui s’est apparenté à un concours de putting, ce qui n’est pas le point fort du double vainqueur du Masters.
Malgré une victoire en simple qui a compté face à son plus grand rival, il n’a jamais paru à l’aise, ni même heureux de défendre les couleurs de son pays. Les petits incidents qui ont émaillé cette Ryder Cup, comme la prise de bac entre Justin Rose, le caddie de Bryson DeChambeau, son propre caddie Ted Scott et Francesco Molinari ont paru le mettre mal à l’aise. Et on ne parle pas du patriotisme exacerbé des fans américains. Ce n’est tout simplement pas sa tasse de thé.
« Cette semaine a probablement été l’un des moments les plus durs de ma carrière », a résumé le boss du PGA Tour.
On a aimé : un dimanche dans l’histoire
Ce fut peut-être l’une des journées de golf le plus incroyables de l’histoire. Nantie de sept points d’avance avant les simples, l’Europe a bien failli perdre. Ou plutôt, les USA ont été proches du « come back » le plus improbable de l’histoire du sport. Les birdies décisif au 18 de Cameron Young et de Justin Thomas, dans les deux premiers matches face à Tommy Fleetwood et Justin Rose, ont changé la face de ce dimanche qui est presque tombé dans l’irrationnel.
Qui est devenue dingue. Tandis que les rugissements de la foule et les « USA, USA » se faisaient entendre partout sur le parcours, Shane Lowry a délivré les siens par un birdie final, également sur le dernier trou. On aime tant quand une Ryder Cup s’achève par un putt victorieux. « Mais ce furent quand même les pires heures de ma vie », a avoué Shane Lowry. « Les heures les plus longues de ma vie », a déclaré de concert Luke Donald.
C’était fou, c’était éprouvant pour les nerfs, c’était passionnant. Cette édition restera dans les mémoires comme le fameux « miracle de Medinah. »
On n’a pas aimé : la préparation du parcours
Choisie par Keegan Bradley, cette préparation d’un parcours réputé très difficile à transformer le spectacle en un concours de wedging et de putting. Le spectacle s’en est un peu ressenti. Le capitaine américain a lui même regretté sa décision, notamment celle de couper les roughs. Les greens étaient trop réceptifs. On aurait aimé que le test de golf soit plus compliqué pour 24 des meilleurs joueurs du monde.
On a aimé : la réaction de Rory McIlroy à propos des débordements du public
Évidemment Rory McIlroy a été beaucoup questionné sur l’attitude du public et ses excès détestables. Honteuses même. Et même alimenté en partie par la speaker du trou n°1… Il a répondu avec fermeté mais aussi avec une dose d’humour.
« Le golf vous apprend le respect des règles, le respect de l’autre. Il permet aux gens de se réunir. Ce qui s’est passé cette semaine est loin de ses standards. Ce qui s’est inacceptable. Quand ça devient personnel, rempli de grossièretés, là on franchit la ligne. Ce qu’a subi Erica (sa femme, qui a notamment été éclaboussée par un jet de bière et copieusement insultée)… Elle va bien. Elle a encaissé tout ça avec classe et dignité, comme toujours. »
Il a terminé par une petite blague savoureuse, en réponse aux innombrables ‘f…ck you Rory » qu’il a subi. Question du journaliste : « Ça vous a fait quel effet de planter une balle au drapeau juste après avoir dit à un fan de la fermer ? » (lors du quatre balles de samedi, sur le trou n°16)
Réponse : « Une p… de satisfaction » (Very fu…ing satisfying).
Photo : JAMIE SQUIRE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP