
Dans un entretien, Greg Norman est revenu sur ses années à la tête de LIV Golf. L’Australien assume ses choix, défend son héritage et affirme qu’il referait tout — malgré les tempêtes et les critiques.
Greg Norman est enfin sorti du silence. L’homme qui a dirigé le LIV Golf depuis sa création en 2022 est revenu, dans un long entretien accordé à Australian Golf Digest, sur une aventure aussi visionnaire que controversée. L’ancien n°1 mondial a raconté ses années de lutte, d’excès de travail et de conviction — et s’est dit fier d’avoir, à sa manière, changé le golf pour toujours.
« Je savais qu’il y aurait beaucoup de vents contraires. Je n’avais pas anticipé leur ampleur, car au fil du temps, ces vents ont été créés par des malentendus, a expliqué Norman. Mais quand la Strategic Sports Group est entrée en jeu avec le PGA Tour, et quand d’autres capitaux privés sont arrivés, cela a été le catalyseur, selon moi, pour calmer un peu les choses. Les gens ont commencé à comprendre que ce que LIV avait fait — introduire le capital-investissement dans le golf pour la première fois depuis 53 ans — était positif. »
Remplacé en janvier par Scott O’Neill et officiellement parti en août dernier, le “Grand Requin Blanc” a dit regarder cette période intense avec lucidité. « J’ai apprécié mon temps avec le LIV Golf. Mais pour être honnête, c’était difficile. Très épuisant. Je travaillais cent heures par semaine. Ce n’est pas tant les critiques qui m’ont blessé, mais le manque de compréhension, le fait que les gens m’aient jugé sans chercher à savoir pourquoi je faisais cela. »
On se rend compte que tous ces investissements ont eu des effets bénéfiques, pour les institutions comme pour les joueurs, partout dans le monde
Le double vainqueur de The Open a regretté que peu aient pris le temps d’écouter sa vision. « Je suis quelqu’un qui aime m’asseoir et discuter. Si j’ai tort, je le reconnais volontiers. Mais ne me jugez pas, essayez seulement de voir ce que LIV était vraiment. »
Trois ans après la création du circuit soutenu par le fonds d’investissement saoudien, l’Australien a dit avoir observé les retombées positives jusque dans les structures du PGA Tour. « Quand on regarde les douze derniers mois, on se rend compte que tous ces investissements ont eu des effets bénéfiques, pour les institutions comme pour les joueurs, partout dans le monde. Même avec le PGA Tour, j’ai été secrètement heureux de voir les dotations augmenter grâce aux Signature Events. Les joueurs en ont bénéficié. »
Des idées reprises
Norman a souri en constatant que certaines des idées du LIV avaient été, selon lui, partiellement adoptées par le circuit américain. « Vont-ils reconnaître que c’est grâce au LIV ? Non. Mais je sais que cela a eu un impact significatif. Voir les joueurs jouer pour plus d’argent, dans des champs plus réduits… Je me suis dit : “Voilà.” Ce que nous avions mis en place a été, dans une certaine mesure, accepté. »
Sur un ton plus personnel, il a confié avoir été touché par le soutien de plusieurs joueurs à son départ. « Certains sont venus me voir pour me remercier de ce que j’avais fait, pour avoir été la pointe de la lance, celui qui prenait tout de face. Phil Mickelson a beaucoup encaissé lui aussi, mais il a été très reconnaissant. Ian Poulter et Lee Westwood également. Si vous voulez changer les choses en profondeur, vous ne traversez pas un mur de briques sans vous blesser. »
Tourné vers les Jeux olympiques de Brisbane
Et malgré les attaques, Greg Norman n’a rien renié. « Je l’aurais refait sans hésiter. Comme quand on perd un tournoi : on se demande pourquoi, on analyse, on apprend. Et comme tout PDG, on tire autant de leçons de ses réussites que de ses échecs. Oui, absolument, je l’aurais refait. »
Aujourd’hui âgé de 70 ans, Norman s’est consacré à son entreprise de design de parcours et à son rôle au sein du comité d’organisation des Jeux olympiques de Brisbane 2032. Mais son empreinte sur le golf professionnel, elle, restera durable.
Que l’avenir de LIV Golf soit assuré ou non, Norman en est convaincu : le changement qu’il a impulsé a déjà redéfini le jeu. Et s’il n’a jamais cherché à être aimé, il a simplement demandé à être compris.
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