
Les joueurs de l’Alps Tour sont autorisés, à titre expérimental, à utiliser les télémètres depuis le mois de mai. Une expérience qui semble satisfaire tout le monde dans cette première phase de test au sein du circuit satellite.
N.C., à Lacanau
C’est un outil qui est de plus en plus courant sur les circuits pros. Comme lors du dernier PGA Championship, les télémètres semblent promis à devenir la norme dans le golf mondial. Après de nombreuses sollicitations du comité des joueurs, l’Alps Tour a accepté de les autoriser à l’essai durant les trois épreuves du mois de mai.
« Il y a eu beaucoup de demandes du comité des joueurs, surtout depuis que certains majeurs et le PGA Tour l’autorisent d’une certaine façon, valide Estelle Richard, directrice de l’Alps Tour. Nous avons demandé l’aval au Tour européen, ils nous ont donné le feu vert pour expérimenter, et ils sont surtout très intéressés par notre retour d’expérience. »
« La raison principale, c’est qu’on voulait diminuer le temps de jeu et aider les joueurs plus lents à accélérer le rythme, explique Paul Margolis, représentant des Français au bureau des joueurs. Je pense que c’est bien pour tout le monde. Ça fait trois tournois qu’on les utilise, il n’y a que des retours positifs. »
Nos carnets sont moins complets que ceux des gros Tours
Estelle Richard
La demande des joueurs s’explique par plusieurs raisons. La grande majorité évolue sans caddie et doit gérer seule les calculs de distance. Les carnets de parcours fournis sont certes utiles, mais moins complets que ceux du DP World Tour ou du PGA Tour. S’il existe quelques repères sur les fairways, il n’y a aucune indication latérale ni dans le rough.
« Nous sommes un petit circuit, nous n’avons pas de gros moyens donc, forcément, les carnets sont moins complets que ceux des gros Tours, résume Estelle Richard. Il n’y a pas les mesures sur le côté du fairway notamment. Ils peuvent perdre du temps à revenir au centre pour faire les calculs. Et dès qu’ils sont un peu loin du fairway, ça devient encore plus dur de trouver la bonne distance. »
Un temps de jeu réduit
De ces trois premiers tournois, tout le monde est ravi de ces tests. L’expérience va d’ailleurs être prolongée jusqu’à la Biarritz Cup à la fin du mois de juillet. « Les premiers feedbacks sont très positifs, nous avons gagné entre 5 et 10 minutes de temps de jeu par partie », certifie Estelle Richard.
Et cela se voit : lors du Lacanau Alps Open, les parties semblaient plus fluides, avec moins d’attente. « Ça va plus vite depuis qu’ils ont introduit les télémètres, on le ressent clairement, les attentes sont moindres », affirme Augustin Holé.
Une utilisation raisonnée
Mais chaque joueur ne l’utilise pas de la même manière, si certains mettent un coup de laser avant chaque coup, d’autres le font que lorsqu’ils sont loin des fairways. « Le piège dans lequel on peut tomber, c’est d’aller presque trop vite et de ne pas faire attention à certains détails, souligne encore Paul Margolis. Mais je pense qu’il y a suffisamment de personnes matures et suffisamment de bons joueurs pour faire attention. »
Augustin Holé, lui, fait partie de ceux qui privilégient encore le calcul manuel. « Je l’utilise peu. Compter mes pas et faire mes calculs fait partie de ma routine, je ne veux pas aller trop vite. Il y a aussi le risque de se contenter de la distance au drapeau. Mais ça reste très utile quand on est loin des milieux des fairways. »
C’est aux coachs et aux fédérations de leur apprendre à bien utiliser les carnets
Paul Margolis
La direction de l’Alps Tour a longtemps été réticente, tout comme les deux divisions supérieures, à autoriser les télémètres. Puisqu’ils restent interdits sur l’HotelPlanner Tour et le DP World Tour, Estelle Richard avait peur que les joueurs soient moins bien préparés en cas de montée. « Nous n’étions pas très enthousiastes au début à cette expérimentation car nous considérons que nous sommes un circuit formateur et qu’une fois qu’ils seront sur les circuits au-dessus, ils n’auront plus le droit de l’utiliser. Et ils n’auront pas forcément de caddie pour les aider. »
Paul Margolis n’est pas d’accord : « Pour moi, ce n’est pas au circuit de former les joueurs à ça. C’est aux coachs et aux fédérations de leur apprendre à bien utiliser les carnets. »
©Nathan Cardet/Golf Planète