En marge de l’Omega European Masters, son tout dernier tournoi en carrière sur le DP World Tour, Mike Lorenzo-Vera a expliqué son choix de tirer sa révérence à Crans-Montana avant de revenir sur sa longue carrière faite de hauts et de bas.
Propos recueillis par Nathan CARDET, à Crans-Montana
Entouré de son fils et de sa fille, Mike Lorenzo-Vera a pris le temps ce mardi après-midi de répondre à nos questions. Le Basque de 40 ans, souriant mais également un peu ému, n’a pas caché son sentiment de fierté au moment de tirer le bilan de sa carrière. Le supporter du Biarritz Olympique a aussi évoqué son avenir, désormais loin des fairways.
GOLF PLANETE : Avant toute chose, comment allez-vous ?
Mike Lorenzo-Vera : Ça va très bien, en famille et au meilleur endroit sur la planète, donc tout va bien !
G.P. : Quel sentiment prédomine avant ce dernier tournoi ?
M.L.V. : Je ne sais pas (rires). J’ai du mal à mettre des mots dessus, parce que ce n’est pas de la déception, mais je suis touché quand même.
G.P. : Avoir choisi l’Omega European Masters pour votre dernier tournoi, ce n’est pas anodin ?
M.L.V. : Non, pas du tout. Ça fait dix ans que mon père est parti et je l’ai perdu pendant que je jouais ce tournoi, sur le fairway du 1, un jeudi.
J’espère faire une nouvelle fois une belle semaine ici avant de partir
G.P. : Vous avez également de bons souvenirs ici à Crans…
M.L.V. : Oui, c’est un parcours que j’adore, je ne sais pas pourquoi car généralement je drive très mal et c’est très étroit. J’espère faire une nouvelle fois une belle semaine ici avant de partir. Ce n’est pas un parcours où il faut attaquer comme un taré. Maintenant que je l’ai compris, j’arrive à taper quelques shots comme il faut.
G.P. : Ce n’est pas juste un au revoir, il y a aussi l’envie de performer cette semaine ?
M.L.V. : Il y a deux mois, je me disais « j’y vais, je me régale, je vais faire des apéros avec les copains ». Et en fait, pas du tout : ça fait quelques semaines que c’est en train de bien monter et j’ai envie de dire au revoir de la bonne manière.
Mais au final je suis fier, car je suis un peu un bourrin
G.P. : De vos débuts au Golf du Makila jusqu’à votre troisième place au DP World Tour Championship au milieu des meilleurs, c’est un sentiment de fierté qui prédomine quand il faut tirer le bilan de votre carrière ?
M.L.V. : Oui, je suis fier. Il n’y a pas eu de victoire sur le circuit européen, c’est le problème. Mais j’ai quand même gagné l’ordre du mérite du Challenge Tour (2007), ce qui n’est pas donné à tout le monde. Je me suis mis en position sur des gros tournois, preuve que le niveau était là. Il m’a aussi manqué des choses, que ce soit mental, technique ou au niveau de la régularité. Mais au final je suis fier, car je suis un peu un bourrin. Quand ça ne va pas, j’aime bien décider que ça aille mieux. Et à chaque fois j’ai réussi à remonter. C’est un beau parcours au final.
G.P. : Durant votre carrière, avez-vous réussi à créer de belles amitiés ?
M.L.V. : On peut se haïr sur le parcours, c’est normal, c’est le sport, mais on se respecte tous. Même s’il y a des joueurs avec qui on n’a pas d’affinités, on sait qu’on fait tous la même chose et qu’on galère de la même manière à envoyer la balle où il faut. À partir de là, il y a forcément des liens plus forts qui se créent avec certains, des amitiés, que ce soient des joueurs, des cadets ou des gens de l’organisation. En vingt ans, j’ai dû rencontrer 150 personnes qui me sont très chères et que je prends plaisir à retrouver partout dans le monde.
G.P. : Vous allez rester comme un joueur qui a fait vibrer les golfeurs français. Est-ce également une fierté ?
M.L.V. : Le sportif, c’est une chose, mais il y a aussi ce que l’on amène aux gens et je crois que là-dessus, je n’ai pas été mauvais, et j’en suis fier. Quand j’ai arrêté, j’avais un peu la tête dans le sac et j’ai reçu de nombreux messages très gentils qui n’avaient rien à voir avec le golf. Là, on se rend compte qu’on a réussi une sacrée partie du contrat d’un sportif professionnel.
Celui qui se plaint de cette vie a un problème
G.P. : La vie de golfeur professionnel a aussi des côtés difficiles. Pensez-vous que les fans de golf idéalisent trop cette vie-là ?
M.L.V. : Je pense qu’au contraire, on la sous-estime quand on est dedans, c’est une vie de dingue. Certes, on voyage beaucoup sans voir grand-chose, avec les valises, loin des enfants, loin de la famille… ça, ce sont les côtés négatifs. Mais celui qui se plaint de cette vie a un problème. On a les plus belles opportunités. Si on travaille bien, il y a moyen de gagner énormément d’argent. On travaille dans un cadre incroyable : même si certains parcours ne sont pas oufs, ça reste dehors, sur de l’herbe, dans la nature, avec des gens adorables qui nous encouragent. Je n’arrive pas à ne voir que le côté négatif. C’est vrai que de partir de la maison, au bout d’un moment, ça a été très dur pour moi. Mais le métier en lui-même est incroyable. Celui qui se plaint n’a pas assez ouvert les yeux en voyageant justement.
G.P. : Quels sont vos projets pour la suite ? Vous vous étiez un peu lancé dans le coaching…
M.L.V. : Je ferai très peu dans le golf. Je ferai quelques voyages autour du golf et de la Formule 1, mais pas plus. Après, j’ai la chance énorme d’avoir rencontré son Altesse Sheikh Khalid bin Hamad Al Khalifa, avec qui je suis devenu très ami et qui est le prince de Bahreïn. Il me permet d’avoir des opportunités de travail fabuleuses. C’est une rencontre qui est devenue une amitié juste géniale. On va voir un peu la suite, il faut juste l’organiser maintenant. Beaucoup de positif arrive : on va enlever la capsule de stress du golf, que j’ai très mal gérée ces derniers mois, et puis en avant !
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