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Partager la publication "Premier Golf League, la menace fantôme"
L’inquiétude grandit au siège du PGA et de l’European Tour. Depuis plusieurs mois une mystérieuse entité a commencé à approcher les meilleurs joueurs de la planète pour leur proposer de rejoindre la future Premier Golf League dont l’objectif est de remodeler le visage du golf professionnel dans le monde.
Si l’idée de créer un circuit mondial n’est pas nouvelle – dans les années 90 l’ambitieux concept World Golf Tour proposé par l’Australien Greg Norman et l’homme d’affaires Rupert Murdoch avait fait couler beaucoup d’encre – c’est la première fois que les instigateurs d’un projet d’une telle ampleur n’avancent pas à visage découvert.
Un logo énigmatique, une société du nom de World Golf Group basée en Grand-Bretagne, et un fond d’investissement new-yorkais Raine Group. Il est aussi question de pétrodollars du Moyen-Orient. 1 milliard de dollars en provenance d’Arabie Saoudite. Mais pour le moment à part quelques joueurs qui reconnaissent avoir été approchés et un mail adressé aux médias, on n’en sait pas beaucoup plus sur l’identité des commanditaires. Très flou voire nébuleux.
“Aucun joueur ne pourra être à la fois membre
du PGA Tour et de la Premier Golf League”
Jay Monahan, Commissioner du PGA Tour
Pourtant la menace est bien réelle en atteste l’avertissement lancé par le Commissioner du PGA Tour Jay Monahan aux 16 membres du Player Advisory Council (PAC) le comité des joueurs du tout puissant circuit américain réuni à Torrey Pines : « Parlez de ce que vous voulez avec qui vous voulez mais sachez une chose : Aucun joueur ne pourra être à la fois membre du PGA Tour et de la Premier Golf League. » . Une position radicale dictée par le risque de voir le PGA Tour perdre son hégémonie et devenir une sorte de 2e division de cette ligue mondiale.
Sur le modèle de la F1
Car depuis quelques jours les détails commencent à filtrer et les joueurs n’hésitent plus à s’exprimer sur le sujet. Il faut dire que les grandes lignes de la cette nouvelle PGL, qui s’inspire du modèle économique de la Formule 1, ont de quoi les séduire. Annoncée pour 2022 ou 2024 selon les sources elle proposerait un calendrier de 18 tournois réservés aux 48 meilleurs joueurs du monde. Des épreuves disputées sur 3 tours avec pour le vainqueur la perspective d’encaisser un minimum de 5 millions de dollars. On parle également d’une compétition par équipes de 4 richement dotée.
“récompenser les meilleurs joueurs
comme ils devraient l’être”
Rory McIlroy
Les organisateurs de l’Australian Open ou de l’Open de Singapour avouent s’être déjà assis autour de la table avec les émissaires de la League. Et les pourparlers avec les joueurs ne datent pas d’hier.
Rory McIlroy a déclaré samedi qu’il avait été approché pour la première fois par les organisateurs en 2014. Mais pour le moment l’Irlandais du Nord y voit surtout un moyen de faire pression sur le PGA Tour pour entamer des discussions sur d’éventuels changements. « J’adore le PGA Tour, je ne souhaite pas détruire ce qui a été bâti au cours des 40 ou 50 dernières années mais les temps ont changé et ces nouveaux acteurs souhaitent exploiter certaines failles du circuit. » tempère McIlroy. » Je reste assez traditionaliste, donc je ne préconise pas autant de bouleversements mais je pense que cela pourrait être un catalyseur afin d’envisager les évolutions futures qui pourraient aider le PGA Tour à grandir à l’avenir et récompenser les meilleurs joueurs comme ils devraient l’être, je suppose. »
Le numéro 1 mondial Brooks Koepka a quant à lui expliqué au magazine Golf Australia Magazine et à Reuters que la Premier Golf League n’était plus une idée en l’air et qu’ik commençait à la considérer.
« Je pense que cela pourrait réellement voir le jour. Il y a un mois j’ai réalisé je devais peut-être envisager cette possibilité. Les choses évoluent, je suppose, au moment même où nous parlons. »
D’autres comme Phil Mickelson estiment que la proposition de circuit mondial est intrigante mais souhaitent en savoir plus avant de prendre position.
Pascal Grizot « Nous ne ferons jamais rien qui irait contre les intérêts du PGA Tour ou de l’European Tour. »
Le PGA Tour et l’European Tour contraints de s’entendre ?
Si aujourd’hui aucune chaine de télé, aucun partenaire, aucun sponsor ne s’est engagé avec cette League, il est clair que la perspective d’avoir 18 fois par an la garantie de voir les 48 meilleurs joueurs du monde s’affronter dans un format innovant pourrait rapidement en convaincre certains. Car c’est bien l’un des plus gros défis auxquels doivent faire face aujourd’hui les grandes instances.
Le fait que deux joueurs historiques de l’European Tour Justin Rose et Henrik Stenson aient préféré disputer mi-janvier une épreuve de l’Asian Tour à Singapour plutôt que l’Abu Dhabi HSBC Championship un tournoi estampillé Rolex Series doit être interprété comme un signal d’alarme par Keith Pelley le boss de l’European Tour qui choisit pourtant de botter en touche.
« Cela fait 8 ans qu’on entend parler de ce projet je crois, mais comme je ne fais jamais de commentaires à propos du PGA Tour vous comprendrez que je n’en ferai pas concernant un circuit qui n’existe pas » a simplement rétorqué Pelley.
Il est toutefois probable que dans les semaines ou les mois à venir, en fonction de la tournure que prendront les événements, le PGA Tour et l’European Tour fassent cause commune. Et pourquoi pas comme en Formule 1 une vingtaine de tournois pour les 80 meilleurs joueurs du monde. Un circuit avec une majorité d’épreuves aux USA mais également ponctué d’étapes en Australie, au Moyen-Orient et en Afrique du Sud avant bien sûr une grande tournée d’été en Europe.