Le golf suisse pleure la disparition ce 7 mars d’un sacré bonhomme et d’un superbe ami de longue date pour ce qui me concerne, Gaston Barras. Patron d’une importante agence immobilière à Crans-Montana et Président de l’Open de Suisse devenu European Masters, son humour ne quittait jamais ses déclarations.
«Que Dieu soit loué, et les appartements aussi», l’une de ses tirades le résume bien. C’est le propre d’un sacré bonhomme qui a eu toujours eu le talent souriant de faire avancer les choses en adoucissant les aspérités.
Une vie bien remplie attendait cet agitateur après sa naissance le 5 juillet 1931, de ses débuts douloureux dans le monde du commerce, vendeur d’encaustique ou de stylos à bille, à la reprise pour quelques francs d’une petite agence immobilière en 1950 à Crans s/Sierre.
Dès lors, un nouveau chapitre de sa vie s’ouvrait. Simple et jovial, son entregent, son sens des relations publiques, sa passion pour tout ce qui peut faire avancer les choses et bouger les murs, l’amenaient à se rendre utile dans diverses associations, à se mêler de politique en devenant président de sa commune, à entrer au Rotary club dont il organisait les championnats de golf.
Ses multiples activités le faisaient bouger, voyager, rencontrer nombre de personnalités de la politique, des arts, du sport, des familles royales, du spectacle, un bon point pour son activité immobilière. Aussi personne n’était étonné, mais plutôt admiratif, de le voir engager Seve Ballesteros et Jack Nicklaus pour donner du peps au golf de son Haut-Plateau.
Gaston Barras était donc aussi et surtout un vrai passionné du golf. Sur le Haut-Plateau valaisan de Crans s/Sierre et Montana – qu’il a toujours eu du mal à associer – c’est dans les gênes. En 1939, quand l’Open de Suisse est disputé pour la première fois au Golf Club Crans s/Sierre, il n’avait que huit ans et le voilà caddie. Les années passant, sa passion pour le golf suivait, clubs en mains. Les années 70 brumeuses pour l’open national, il le sauvait en signant un chèque personnel.
Président du Golf Club Crans s/Sierre et du tournoi, il arrachait l’addition de European Masters au titre en 1983, faisant d’un gentil tournoi de bon niveau l’un des plus beaux qui soient en Europe, gérant un budget de quelque quinze millions aujourd’hui contre cinq mille en 1939. Mais cette avancée ne pouvait pas être une mission solitaire. Ces dernières années, il était heureux de compter sur la collaboration de son fils Christian, d’un comité fidèle, d’Yves Mittaz en directeur dédié et de grands sponsors tels Omega et Crédit Suisse aujourd’hui.
Elu « Personnalité Suisse du Golf » en 1996, il n’en était pas peu fier, avec une once de tonus en plus. Exceptionnel, disait-il, en employant son mot préféré pour qualifier ce qui pouvait le séduire quel que soit le sujet comme le « Mastre » à Augusta. Exceptionnel comme toi, mon très cher Président. Bonne partie avec Seve et Arnie!
Philippe P. Hermann