
Si les Européens espèrent tous voir Luke Donald rempiler jusqu’en 2027, côté américain, l’option Tiger Woods prend un peu plus de volume après l’échec de Bethpage Black, malgré un dimanche de « réconciliation » entre le public new-yorkais et les hommes de Keegan Bradley.
L.V.
Juste bon à jeter aux orties samedi soir à l’issue de la 4e session de doubles et cet écart abyssal de sept points entre l’Europe et les Etats-Unis (11,5 à 4,5) avant les simples, Keegan Bradley a peut-être conservé quelques chances de rester à la tête de l’équipe américaine pour la 46e Ryder Cup prévue en Irlande en septembre 2027.
Le 8,5 à 3,5 validé le dimanche lors de la dernière journée prouve qu’il n’y avait pas que du mauvais dans cette Team USA, incontestablement bien plus à l’aise dans les duels à un contre un que lors des doubles où il faut avant tout être complémentaires et… solidaires. Assumant cette défaite, la 5e sur le sol US depuis 1987, Keegan Bradley peut-il être encore une solution pour Adare Manor, à Limerick, dans deux ans maintenant ?
Un ami proche de JP McManus, propriétaire du Adare Manor
A peine 48 heures après la défaite, on voit mal la PGA of America remettre le couvert, même si dans un passé récent elle avait pris le risque de reconduire Davis Love III pour Hazeltine en 2016 malgré la déroute de Medinah quatre ans plus tôt. Et ça s’était très bien passé (victoire 17 à 11).
Le favori aujourd’hui pour de nouveau s’imposer en Europe (plus aucune équipe américaine n’y est parvenue depuis 1993) demeure Tiger Woods. On le sait, le Tigre, 50 ans le 30 décembre prochain, avait refusé le job pour Bethpage 2025, invoquant des responsabilités accrues au sein du Conseil d’administration du PGA Tour. Mais quand la nation est en danger, Woods, grand patriote, peut être la solution idéale. Il a de plus déjà une expérience dans ce rôle de capitaine puisqu’il avait assuré les fonctions en 2019 en Presidents Cup. Il avait même pris le risque de jouer également.
Mais une victoire contre les Internationaux (16 à 14 à Melbourne) ne vaut aucunement un succès de prestige face aux Européens. Sautera-t-il le pas sachant que l’édition 2027 se disputera chez son ami, JP McManus, un homme d’affaire irlandais qui organise fréquemment des pro-am (où Woods est souvent convié) sur le parcours de la future Ryder Cup ?
Brandt Snedeker, l’option de remplacement
Si malgré tout Woods venait à refuser le poste, vers qui la PGA of America se tournerait-elle alors ? Peut-être vers Brandt Snedeker. Nommé capitaine de Presidents Cup pour 2026, le vainqueur de la FedEx Cup 2012, 45 ans le 8 décembre, était l’un des cinq vice-capitaines de Bradley à New York. Il fait partie des options très sérieuses tout comme Webb Simpson, lui aussi adjoint de Bradley. Vice-capitaine en Presidents Cup (sous les ordres de Jim Furyk en 2024), il connait les arcanes des vestiaires pour une telle compétition. Mais n’est-ce pas un peu risqué et son profil ne rejoint-il pas ici celui d’un Zach Johnson, incapable de former une alchimie positive à Rome en 2023 ?
Steve Stricker, le dernier des Mohicans
Steve Stricker peut également être une alternative. Il est le dernier capitaine américain à s’être imposé en Ryder Cup. C’était à Whistling Straits en 2021 (19-9). Il aura 60 ans en septembre 2027. Tous les joueurs victorieux dans le Wisconsin avaient loué son management.
On murmure aussi le nom de Matt Kuchar, 47 ans, malgré un passif peu reluisant en Ryder Cup en tant que joueur : 15 matches, 6 victoires, 7 défaites, 2 nuls. Sélectionné dans l’équipe US entre 2010 et 2016, il n’a gagné qu’à Hazeltine. Deux ans plus tard, il était vice-capitaine au Golf National. L’homme au sourire Ultra Brite a toujours déclaré qu’il rêverait de devenir capitaine de Ryder Cup. Celle de 2027 arrive peut-être à point pour lui…
Phil Mickelson s’auto-censure
A moins qu’un autre nom ne sorte du chapeau dans les prochaines semaines, les prochains mois (comme pour Ryder Cup Europe, la PGA of America officialise régulièrement le capitaine de Ryder Cup à venir entre les mois de décembre et janvier). Ce ne sera en tout cas pas celui de Phil Mickelson, le gaucher de San Diego ayant lui-même annoncé que tout cela était désormais de l’histoire ancienne. Un peu plus encore depuis son « transfert » en juin 2022 sur le LIV Golf.
Leonard et Couples, les oubliés de l’équation
Très vindicatif à l’encontre de Bryson DeChambeau en amont de la Ryder Cup à Bethpage, et il y avait finalement de quoi si l’on consulte les résultats du Californien bodybuildé (1,5 point pris en 5 matches), Brandel Chamblee, le consultant n°1 de la chaîne Golf Channel, a milité pour deux « oubliés » au passé pourtant reluisant : Justin Leonard et Fred Couples.
Quelques heures seulement après la défaite de Bethpage, Chamblee a ainsi appelé Justin Leonard à être le prochain capitaine américain. « Justin Leonard, pour moi, en termes d’intelligence émotionnelle, d’humilité, de réflexion et d’attention aux détails, c’est un Luke Donald ou un Paul McGinley en devenir et il a un palmarès extraordinaire. Si vous regardez les dix derniers capitaines américains de la Ryder Cup, ils en ont en moyenne joué cinq. Bradley, lui, a participé à deux Ryder Cup. Et il a à chaque fois été battu (en 2012 et en 2014) », a souligné Chamblee avant de poursuivre sur Fred Couples.
« Comment se fait-il que Fred Couples n’ait jamais été nommé capitaine de la Ryder Cup ? Lui aussi n’a jamais eu l’occasion de diriger les Etats-Unis en Ryder Cup. Alors qu’il possède une solide expérience de joueur (20 matches, 7 victoires, 9 défaites, 4 nuls entre 1989 et 1997). »
Qu’il semble loin le temps où les Américains broyaient tous les deux ans les Britanniques et les Irlandais, menaçant presque du même coup l’existence même de la Ryder Cup. Mais ça, c’était avant. Avant que les joueurs continentaux (idée soufflée par… Jack Nicklaus) n’entrent dans l’arène en 1979. La suite, on la connait !
Photo : Aurélien Meunier / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP