
Dans un dernier tour un peu fou, ce 125e U.S. Open, qui a tourné au jeu de massacres, a consacré un vainqueur surprise, discret mais ô combien méritant : l’Américain J.J. Spaun, 25e mondial, est revenu d’un début de dernier tour en enfer pour créer la surprise avec un final paradisiaque. Cet homme au palmarès modeste décroche son premier Majeur à 34 ans.
Résilient. J.J. Spaun a résisté à tout dans ce 125e U.S. Open. A un départ de 4e tour catastrophique. A un incroyable coup du sort. Au rough. A la pluie. Au bout de l’effort, au terme d’une journée un peu folle pleine de rebondissements, il est le dernier homme à tenir debout. L’unique joueur du champ à avoir battu le monstre d’Oakmont.
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Comme lui a raconté un jour Max Homa qui tenait ça de Tiger Woods, le Californien a fait front : « Quoi qu’il se passe, reste là, ne t’affole pas. Même si tu es 4 coups derrière, ne change rien, joue tes coups ne fais rien d’insensé. Surtout à l’US Open. »
Au final, J.J. Spaun est le seul joueur à avoir joué en dessous du par (-1) au terme des 4 tours. Pour venir à bout du parcours le plus dur du monde, il lui a fallu réussir deux birdies aussi dingues l’un que l’autre sur les deux derniers trous. Un finish pour l’histoire.
Qui aurait pu imaginer le voir triompher de cette manière, dans son Open national, après ses six premiers trous ce dimanche ? Le barbu était pour beaucoup éliminé de la course après ses cinq bogeys sur le premier tiers.
Oui, +5 après un tiers de parcours. Des maladresses, bien sûr, lui ont coûté ces faux-pas. Mais aussi un extraordinaire coup de malchance au 2, quand son superbe coup de wedge a heurté le mât du drapeau et roulé à 45 mètres de là.
You gotta be kidding! 😩
J.J. Spaun gets a horrible break on 2, hitting the flagstick and coming way backwards. pic.twitter.com/Egs9hcz35l
— U.S. Open (@usopengolf) June 15, 2025
Un coup du sort, deux coups de génie
Quatre bonnes heures plus tard, J.J. Spaun a pourtant tapé le plus beau coup de driver de sa carrière. Une balle parfaite qui a encore frôlé le mât, mais sans le toucher cette fois. En drivant le court par 4 du 17, il s’est assuré un birdie décisif, un birdie pour revenir dans le par total et dépasser Robert MacIntyre, bien au chaud au club house à +1 total.
ONE OF THE BEST DRIVES OF THE DAY ON 17!
Co-leader J.J. Spaun with that left for EAGLE! pic.twitter.com/iPCK0KCOjD
— U.S. Open (@usopengolf) June 15, 2025
Un quart d’heure plus tard, le natif de San Diego enquillait le putt de sa vie, un birdie après un putt de 20 mètres délirant. Même le si discret J.J. s’est lâché après ce scénario digne d’hollywood…
ABSOLUTE CINEMA
J.J.’S PUTT TO WIN THE U.S. OPEN FROM EVERY ANGLE pic.twitter.com/5eKaR9Zali
— U.S. Open (@usopengolf) June 16, 2025
Une dernière partie qui explose
Si ses quatre birdies sur les six derniers trous ont tout renversé, il faut dire aussi que l’histoire de ce 125e U.S. Open fut aussi celui du “craquage” des deux hommes de la dernière partie.
Et en particulier celui de Sam Burns, qui a longtemps eu une main sur le trophée. Avant de lâcher prise : double bogey au 11, bogey au 12, double bogey au 15, bogey au 16, bogey au 17. Le grand ami de Scottie Scheffler s’est liquéfié.
Et que dire d’Adam Scott, longtemps son rival en haut du leaderboard, qui a cédé lui aussi dans les grandes largeurs : bogey au 11, 14, 15, double au 16, bogey au 18. Ouch ! Ça fait mal…
Hatton beau joueur
La partie des “LIVers” Tyrrell Hatton et Carlos Ortiz a, elle aussi, connu des déboires dans les derniers hectomètres. Double bogey pour le Mexicain au 15, bogey bogey pour l’Anglais sur les deux derniers trous, pas verni mais élégant dans la défaite. Eux aussi ont cru en la victoire.
Tout comme Viktor Hovland, qui n’a jamais su allumer l’étincelle nécessaire pour la victoire et qui est resté en retrait tout la journée, comme éteint. Contrairement à J.J. Spaun… Quant à Bob MacIntyre, il a dû hisser le drapeau blanc devant son poste de télévision après avoir réussi une journée en mode gauche caviar (68) et y avoir cru bien au chaud au club house. Le dernier gaucher à avoir gagné en Majeur reste donc Phil Mickelson en 2021 au PGA Championship.
La revanche du loser
Battu en play-off au Players Championship par Rory McIlroy, J.J. Spaun n’était évidemment pas un inconnu avant ce tournoi, mais il comptait un seul succès sur le PGA Tour et jouait l’U.S. Open pour seulement la 2e fois de sa carrière. Souvent placé mais rarement gagnant, il avait même failli tout perdre l’an dernier à la même époque après avoir manqué 10 cuts consécutifs.
Avec ce succès, il bascule dans un autre monde
« Je n’aurais jamais cru me retrouver là, avec ce trophée. J’ai puisé au fond de moi pour me remettre de ce qui s’est passé en début de partie. Je n’ai pas vraiment retrouver mon calme, mais cette interruption m’a fait du bien. C’était mon heure. J’ai fait preuve de résilience dans ma carrière. mais je n’ai découvert que récemment quel golfeur je pouvais être. »
Scheffler 8e sans putting
Dans cette fin de journée assez folle, Scottie Scheffler n’a jamais vraiment été dans le coup pour la victoire. La faute, on l’a déjà dit, à un putting défaillant. Il a été brave dans la tempête. Lui n’a jamais plié et il a même réussi un petit exploit, celui de jouer ce dernier tour sous le par malgré un stroke gained putting négatif (-1,18).
S’il avait pu éviter quelques 3 putts assez incroyables notamment lors du week-end, le n°1 mondial et grand favori du tournoi aurait pu prétendre à se mêler à la meute des prétendants dans le final. Mais finir 8e en tapant mal la balle, avec des problèmes de driving et putting pendant quatre jours, reste une performance vraiment impressionnante…
Je ne crois pas que j’ai vraiment gardé mon calme. Mais l’interruption a complètement changé la dynamique de cette journée. J’ai puisé au fond de moi pour aller chercher ça.
J.J. Spaun
Perez solide jusqu’au bout
Tandis que Matthieu Pavon avait depuis longtemps digéré son avant-dernière place, Victor Perez, lui, a donc dû revenir après la pause avec l’espoir d’aller chercher un top 10. Mais s’il a été solide jusqu’au bout, le Tarbais doit se contenter d’un top 20 (19e). Un bogey sur son 72e trou a gommé l’excellent birdie qui avait précédé.
Il n’empêche, c’est une bonne semaine de plus pour le 99e mondial qui va faire son entrée dans le top 100 de la FedEx Cup. Surtout, il montre semaine après semaine, tournoi après tournoi, qu’il est désormais armé pour les grands défis.
Le leaderboard final
©Photo by ANDY LYONS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP