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Partager la publication "Le public de Bethpage est allé trop loin, beaucoup trop loin"
De très, très nombreux débordements des fans américains ont émaillé la journée de samedi à Bethpage. Des insultes en tout genre ont fusé à l’encontre des joueurs européens, notamment dans la partie de Shane Lowry et de Rory McIlroy. La limite de l’acceptable a clairement été franchie.
Il reste encore une journée de
Ryder Cup, celle des simples. Et une victoire à aller chercher pour l’Europe. Alors, au moment de commenter le comportement du public américain, les Européens se sont retenus.
«
C’était un sacré challenge à relever aujourd’hui, je vais bien dormir cette nuit », s’est contenté de déclarer
Rory McIlroy.
«
Je n’avais jamais connu ça. Même si on s’y était préparés. C’était… intense », a résumé dans un sourire
Shane Lowry.
Intense ? C’était surtout bouillant, violent même, et carrément inacceptable !
De nombreux journalistes américains, présents à Bethpage pour suivre la partie phare qui opposait les amis Rory et Shane à
Justin Thomas et
Cameron Young ont relaté en détails les noms d’oiseaux, et bien pire encore, proférés par les fans américains à l’encontre des “Irish”.
Plusieurs fois, Lowry a failli sortir de ses gonds. Car si les tristes « F..k you Rory » ont été nombreux et ont sûrement battu tous les records pour une journée de golf, il y a eu aussi des insultes sur les mères, les épouses des joueurs, ou encore sur leur poids ou leur physique.
On voit ici que le caddie de Shane Lowry a dû retenir son joueur pour éviter un incident avec un « fan » d’évidence en état d’ébriété.
Un record de f… you
A de nombreuses reprises aussi, Rory McIlroy a refusé de jouer puisque le public continuait de faire du bruit ou même de le provoquer alors qu’il s’apprêtait à putter.
Pour répondre à tout ça, le Nord-Irlandais a fait appel à l’aide de
Justin Thomas (photo), qui a un peu tardé à essayer de calmer la foule avant de vraiment jouer son rôle.
Rory a aussi, ironiquement, montré le tableau de scores à ces “agités du bocal”… C’était aussi pour lui une très bonne raison de ne pas disjoncter.
Les téléspectateurs ont pu également assister à l’échange très chaud entre
Justin Rose et le caddie de
Bryson DeChambeau quand l’Anglais a estimé qu’il marchait un peu trop près de lui et de sa ligne de putt alors qu’il avait entamé sa routine sur le trou 15.
Il le lui a reproché avec véhémence. S’en est suivie une explication de texte entre le caddie de
Scottie Scheffler,
Ted Scott, BDC, Rose, et surtout
Francesco Molinari, le vice-capitaine de
Luke Donald, qui, sur ce coup-là, s’est peut-être mêlé de ce qui ne le regardait pas.
Mais la friction n’a pas trop duré, grâce notamment à la présence dans cette partie des sages
Tommy Fleetwood et
Scotty Scheffler.
Plusieurs fans éjectés du parcours, des policiers en renfort
Cette scène témoigne quand même aussi d’une journée de Ryder Cup qui a atteint parfois des sommets de tension.
Plusieurs fans américains ont dû être éjectés du parcours et une rangée de policiers de l’État de New York a dû être placée aux abords des cordes sur la partie de Lowry et McIlroy.
Joel Beal, journaliste de
Golf Digest,
a décrit en long et en large son expérience autour de la partie « de la honte » serait-on tenté d’écrire. Extrait.
«
Après un putt manqué de Young, McIlroy a entamé une longue marche sous un passage routier. Une haie de spectateurs l’y attendait, doigts d’honneur dressés, lançant des commentaires humiliants sur sa taille et remettant en cause sa virilité par des gestes obscènes. McIlroy échangea quelques mots avec son caddie Harry Diamond avant de choisir son club. “Rory, ne déçois pas ton petit ami !
” lança une voix sur le côté gauche du tee, suivie de trois autres insultes homophobes. Un policier d’État tout proche tourna la tête pour repérer la source, mais resta figé, incapable ou peu disposé à agir. »
Surtout pas une norme
Alors ok, l’équipe européenne était prévenue, le public new-yorkais était annoncé comme le pire des États-Unis en ce qui concerne le chauvinisme.
Ok, “chambrer” l’adversaire peut être “entendable” venant des supporters de l’autre camp. Cela fait partie de la passion de la Ryder Cup. Mais les insultes ? Le bruit au moment où le joueur s’apprête à jouer (ou pire en plein backswing comme l’a fait remarquer McIlroy) ?
C’est irrespectueux pour les joueurs et pour le jeu comme l’a souligné à plusieurs reprises
Sir Nick Faldo.
Au-delà d’une lourde défaite qui semble inévitable et qui va mettre
Keegan Bradley sur le gril, la
PGA of America et le golf américain dans son ensemble vont devoir aussi se pencher sur la question du public.
Il ne faudrait pas que ce que l’on a vu et entendu dans cette session du quatre balles du samedi à Bethpage devienne une sorte de norme…
Photo : David Cannon / Getty Images