Principale victime des PQ3 des cartes européennes, finissant 21e alors que seuls les 20 premiers (et ex aequo) obtenaient un droit de jeu sur le DP World Tour 2025-26, Alexander Levy a joué cartes sur table pour Golf Planète. Loin d’être abattu, il donne rendez-vous à ses nombreux supporters en 2026. Interview.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Pour un seul petit coup, après six tours d’une intensité folle, Alexander Levy est venu buter sur ce fameux top 20 et ex aequo des PQ3 des cartes européennes à Tarragone (Espagne), prenant la… 21e place et se privant du même coup d’une catégorie 18 sur le DP World Tour, qui lui aurait assuré au moins une quinzaine de tournois en 2026. Là, avec une catégorie 20, la fenêtre de tir s’est sensiblement refermée. C’est depuis Dubaï où il réside que le quintuple vainqueur sur le Tour européen entre avril 2014 et avril 2018 est revenu sur ce cruel épilogue. Fataliste mais toujours aussi mordant dans ses propos, le Varois entend rebondir très rapidement. Qu’on se le dise !
GOLF PLANETE : Quelques jours après ce terrible coup du sort à la finale des Cartes européennes, comment allez-vous ?
Alexander LEVY : Forcément, je suis un peu déçu. Mais c’est passé assez vite finalement. Une fois que l’on relativise, il reste beaucoup de positif. Je suis content de ma fin de saison. Si je m’étais mis plus tôt à jouer et à scorer comme je l’ai fait en fin de saison, je ne me serais pas retrouvé dans cette situation. La frustration d’avoir perdu la carte est là, c’est évident. Mais je vais avoir plein d’opportunités. A moi de les saisir. Je suis dans la bonne direction.
G.P. : Concrètement, comment cela va-t-il se passer pour vous ? Allez-vous privilégier votre saison sur l’HotelPlanner Tour ou tenter de jouer sur les deux tableaux malgré votre catégorie 20 sur le DP World Tour ?
A.L. : C’est simple. Si je rentre dans les premiers tournois du DP World Tour, en Australie notamment, j’irai les jouer. Même chose pour Maurice (17-20 décembre). Je vais me challenger au maximum. Je sens que mon jeu est de mieux en mieux. Je sens qu’il est bon sous pression. A une place près, je conservais un droit de jeu sur le Tour européen qui m’assurait une quinzaine de tournois pour l’année prochaine. J’ai reçu de nombreux messages de soutien. Et ça fait plaisir. Après, il ne faut pas oublier que durant ma carrière, j’ai eu aussi de la réussite.
En 2012, quand j’ai démarré, j’ai fini 24e sur 25 aux Cartes. L’année d’après, en 2013, j’ai terminé 109e sur 110e à la Race. Et l’année d’après, j’ai gagné deux fois avec notamment une victoire sur 36 trous (Ndlr, au Portugal Masters). Alors forcément, si cela ne s’était pas goupillé comme ça à mes débuts, peut-être que je n’aurais pas fait ce que j’ai fait ensuite. Bref, il faut accepter ce qui arrive. C’est le sport de haut niveau. Quand tu côtoies les meilleurs, tu sais que ce genre de choses peuvent arriver. C’est pour cela qu’il faut encore plus profiter des bons moments. On sait que ces moments-là sont rares. Un peu plus encore dans notre sport. Je relativise beaucoup car depuis que je suis revenu de blessure (Ndlr, en 2023), je me suis retrouvé dans des situations inédites pour moi. Et j’ai beaucoup appris.
Ce sont dans ces moments-là que l’on mûri un peu plus encore, que l’on apprend que rien n’est jamais écrit. J’ai appris beaucoup de choses sur moi-même.
Alexander Levy
G.P. : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné pour vous cette saison sur le DP World Tour ?
A.L. : A chaque fois que j’ai fait une bonne semaine, je n’ai pas pu enchaîner ensuite. Quand j’ai signé cette bonne semaine à Madrid (Ndlr, 9e de l’Open d’Espagne), mon caddie Sam Bernard n’a pas pu avoir son visa à temps pour aller en Inde. J’ai donc dû composer avec un caddie local. Ce sont plein de détails comme ça… Je n’ai pas entré assez de putts non plus (Ndlr, une moyenne de 29,42 par tour). Ce sont dans ces moments-là que l’on mûri un peu plus encore, que l’on apprend que rien n’est jamais écrit. J’ai appris beaucoup de choses sur moi-même. Cela s’est joué à un coup à Tarragone, à deux coups à Madrid pour marquer encore plus de points et conserver la carte. Cela ne se joue pas à grand-chose et je me dis que ça va tourner.
G.P. : Sam Bernard, justement, ne sera donc plus votre caddie pour la saison qui arrive…
A.L. : Il va essayer de trouver un autre projet. C’est tout à fait compréhensible. Il a envie d’aller aux Etats-Unis. On est des bons copains. Notre relation m’a permis de découvrir plein de choses nouvelles. J’ai trouvé ça très intéressant.
Je me sens beaucoup plus fort qu’il y a un an en sortant du Challenge Tour.
Alexander Levy
G.P. : Vous avez évoqué les derniers tournois de l’année calendaire, l’Australie, Maurice… Mais ensuite à partir de janvier, votre objectif sera-t-il surtout de finir dans le top 15 de la Road to Mallorca et rebondir en 2027 sur le DP World Tour ?
A.L. : Je ne sais pas trop ce que je vais faire. Je ne me ferme aucune porte. Il va y avoir peut-être des opportunités en début d’année, sans parler évidemment d’un bon résultat en Australie ou à Maurice. Je vais avoir le droit de jouer quelques tournois sur le DP World Tour. En Turquie, en Chine, grâce à ma catégorie de vainqueur. Le Kenya aussi… Si j’arrive à jouer cinq à six tournois jusqu’à avril… En fait, je n’ai rien à perdre.
G.P. : Vous avez eu 35 ans au mois d’août, comment voyez la suite de votre carrière ?
A.L. : J’ai envie de jouer. Encore ! Le jeu me plait, ça m’attire. Je sens que je peux encore faire plein de choses, avec mon expérience. Après, c’est sûr que le niveau est de plus en plus relevé. Mais je ne lâcherai pas. Honnêtement, en fin de saison dernière, lorsque je suis remonté sur le DP World Tour, je jouais moyen. Aujourd’hui, ce qui est certain, c’est que je me sens beaucoup plus fort qu’il y a un an en sortant du Challenge Tour. Quand je vois la manière dont j’ai abordé les PQ3 cette année, par rapport à il y a deux ans quand je les avais déjà joués, j’ai l’impression d’être un joueur différent. Je le répète, ça s’est joué à un point cette année, en ayant joué un tour en +3 (Ndlr, au 2e tour des PQ3). Mais sur les cinq autres tours, j’ai joué -20, c’est quand même plutôt solide, même si le parcours était assez facile. Donc, il y a beaucoup d’espoir !
Photo : Luke Walker / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images via AFP













