
Malgré un final haletant à Bethpage Black, Keegan Bradley a admis avoir commis une erreur majeure. Non pas dans ses choix de joueurs… mais dans la préparation du parcours.
Keegan Bradley savait qu’endosser le rôle de capitaine d’une Ryder Cup, surtout à domicile, impliquerait une multitude de décisions sensibles : choix des paires, ordre des simples, ambiance de l’équipe… et bien sûr, la gestion de la fameuse « enveloppe ». Mais au terme de la défaite américaine face à l’Europe (15-13), le grand regret du capitaine n’a pas concerné la stratégie humaine. Il a avoué que sa plus grosse erreur s’était jouée… avant même le début de la compétition.
« Je pense que j’aurais dû préparer le parcours différemment, a-t-il reconnu. Mais je ne sais pas… Ils ont mieux joué que nous. Ils méritent de gagner. Pour moi, Luke Donald est le meilleur capitaine européen de tous les temps. »
Une stratégie qui s’est retournée contre les États-Unis
Depuis 1957, les capitaines de la Ryder Cup à domicile ont la possibilité d’influer sur la configuration du parcours. Traditionnellement, les Américains privilégient des roughs plus courts pour favoriser leurs frappeurs puissants. Bethpage Black, théâtre de deux U.S. Open et d’un PGA Championship, avait tout pour accentuer cet avantage. Pourtant, la météo et certains choix de préparation ont transformé le test redouté en un véritable « birdie-fest ».
Avec un rough allégé et des greens détrempés par la pluie du jeudi, le terrain s’est mué en terrain de chasse idéal pour les putters européens. Huit des neuf meilleurs putters des deux premiers jours venaient du camp de Luke Donald, selon DataGolf.
Bradley n’a pas caché son désarroi : « Les greens étaient plus mous que jamais. À Bethpage, même sous la pluie, je n’ai jamais vu ça. Les chips reculaient tellement ils prenaient de l’effet. »
La limite du pouvoir d’un capitaine
S’il regrettait de ne pas avoir suivi davantage son intuition pour accélérer les greens, Bradley a rappelé une contrainte méconnue : une fois le dimanche précédant le tournoi passé, le capitaine perd tout contrôle direct sur la préparation quotidienne. Dès le lundi, le Match Committee — composé d’un représentant européen et d’un représentant de la PGA of America — prend la main sur les hauteurs de tonte, la vitesse des greens et les positions de drapeaux.
« Nous avons essayé de mettre le parcours à l’avantage de notre équipe. Évidemment, ce n’était pas la bonne décision. En tant que capitaine, on doit assumer ses erreurs. »
Aurait-il suffi de laisser plus de rough et de durcir les greens pour inverser le résultat ? La question restera sans réponse. L’Europe a dominé au putting et exploité à merveille les conditions. Bradley, lui, devra vivre avec ce regret amer d’avoir vu le Black Course se transformer en allié de l’adversaire.
S’il est sûr que le setup du parcours n’a pas été la meilleure chose de cette Ryder Cup, certains choix du capitaine américain peuvent également expliquer la défaite des locaux. La sélection de Collin Morikawa a hérissé quelques sourcils, et l’avoir associé à Harris English encore plus. Quant au fait de ne pas avoir reconduit la paire explosive Bryson DeChambeau / Cameron Young, il restera comme l’un des mystères tactiques de cette édition.
©Darren Carroll/PGA of America