
En raison des travaux du Grand Paris aux abords directs du Golf National, le FedEx Open de France 2025 est délocalisé à St-Nom-la-Bretèche (78). Un site qui a accueilli entre 1970 et 2003 le célèbre Trophée Lancôme, étape réputée du Tour européen où les stars mondiales du golf se donnaient régulièrement rendez-vous.
Lionel VELLA
43 ans après le triomphe du légendaire et regretté Severiano Ballesteros, St-Nom-la-Bretèche accueille son 4e Open de France. Son oncle, Ramon Sota, s’était imposé en 1965, quatre ans avant Jean Garaialde, certainement l’un des plus illustres golfeurs tricolores de l’après-guerre.
Ce retour dans l’un des plus beaux sites de France, inauguré en 1959 et hôte entre 1970 et 2003 du fameux Trophée Lancôme, on le doit aux… travaux du Grand Paris effectués aux abords directs du Golf National, à Guyancourt (78). Une délocalisation pour un « one shot » avant un retour sur ses terres en 2026 prévu du 24 au 27 septembre.
Toutes les équipes sous la direction de Jean-Franck Burou préparent avec effervescence et sérieux depuis plusieurs mois cet événement unique. Le cahier des charges du Tour européen comprenant 25 pages a été, ici, respecté à la lettre.
Voir cette publication sur Instagram
Greens plus fermes, fairways plus étroits
« Les gens du Tour européen souhaitent des greens très fermes, souffle Jean-Franck Burou, le Directeur de St-Nom-la-Bretèche. On a réduit les fairways. On a agrandi plusieurs départs, surtout les pars 3. Tout au long de l’année, on a aussi mis en place un plan de fertilisation de façon à arriver le jour du premier tour de l’Open de France à une situation adéquate, notamment pour les fairways. »
« Sur les infrastructures, nous n’avons pas les espaces du Golf National, poursuit-il. Ici, c’est beaucoup plus concentré. On va utiliser le practice qui se trouve à l’entrée du golf comme parking pour les membres. Au niveau des volontaires (on en recense 200), on a mis en place une tente près du club enfants. Celui-ci a été réquisitionné pour les équipes du DP World Tour. On a installé une crèche à côté pour les enfants des pros. On a aussi couvert notre terrain de tennis pour l’espace presse. Le parking principal va servir pour les pros. Vingt algécos, pour toute la technique, ont été dressés, avant l’arrivée des camions des marques et des physios. »
Une météo qui s’annonce… favorable !
Quand nous nous sommes rendus en milieu de semaine dernière sur le site yvelinois pour constater les avancées de cette 107e édition du plus vieux tournoi de golf d’Europe continentale, le vestiaire messieurs des hommes était sur le point d’être « privatisé » pour les 156 joueurs qui auront le privilège de s’élancer à partir du jeudi 18 septembre. Le Caddie Master, véritable petit musée où trône sur les murs les photos des plus grands golfeurs ayant disputé le Lancôme (ou l’Open de France) depuis plus 60 ans, est également réquisitionné.
Cette réception de l’Open de France 2025 s’annonce aussi plutôt favorable en termes de météo. Ce qui n’est pas un luxe en cette période de l’année où « tout » peut… arriver. Le ticketing semble également bien « fonctionner » si l’on en croit Nicolas Bauer, le Directeur de la communication de St-Nom-la-Bretèche et capitaine des équipes du club.
« A quelques jours du coup d’envoi, le ticketing semble mieux répondre que l’an dernier au Golf National, signale Nicolas Bauer. Quasiment tous nos membres ont répondu présent. Le paramètre météo va entrer évidemment en compte. Ce qui est sûr, c’est que ça donnera une impression d’avoir plus de spectateurs qu’au National. C’est tellement vaste là-bas et étendu… Ici, c’est beaucoup plus compact. Les moindres centaines de spectateurs vont donner une impression différente. J’ai le souvenir du Lancôme où entre les greens du 9 et du 18, c’était rempli de personnes. On avait l’impression que ça venait de partout. »
Le parcours en configuration Trophée Lancôme
Une seule tribune a été installée à gauche du green du 9, non loin du sublime corps de ferme datant du XVIIIe siècle, alors dépendance royale du Château de Versailles, qui sert aujourd’hui de zone vie. Là aussi, la Direction n’a pas eu son mot à dire.
« On l’aurait eu s’ils avaient voulu installer des tribunes de 10 000 personnes qui auraient dénaturé le site, ajoute Nicolas Bauer. Mais ce n’est pas le cas. Il était un temps envisagé de placer des tribunes aux départs, entre le 1 et le 10. Je me souviens qu’au Lancôme, on avait une longue tribune tout le long du 18. Et aussi sur le 9 du rouge. »
La configuration du parcours reprend celle pratiquée lors du Trophée Lancôme. Ce par 71 de 6 380 mètres est un tracé composite, savant mélange des parcours bleu et rouge qui ont fait la renommée des lieux. On jouera donc sans surprise les sept premiers trous du bleu suivis du 17 et du 18 du rouge avant de finir avec les neufs trous de l’aller du rouge.
Retief Goosen, dernier vainqueur du Trophée Lancôme le 14 septembre 2003, avec le mannequin Ines Sastre
Indirectement, l’esprit du Trophée Lancôme, au calendrier du Tour européen entre 1982 et 2003, planera au-dessus de ces quatre jours de compétition du FedEx Open de France. A quelques détails près…
« Le Trophée Lancôme avait un esprit très particulier parce qu’il fonctionnait d’abord sur invitations, souligne encore Nicolas Bauer. Du moins pour les premières éditions. Avec des stars mondiales (Arnold Palmer, Gary Player, Lee Trevino, Johnny Miller, Seve Ballesteros, Bernhard Langer, etc). Ce n’était pas le même esprit qu’un Open, qui est, par définition, ouvert. »
Il y a, c’est vrai, un doux rêve depuis la fin de la dernière édition en 2003 de faire revivre un tournoi de cette ampleur et de cette qualité.
Nicolas Bauer
A ce titre, l’idée de relancer un tel tournoi à St-Nom-la-Bretèche en parallèle de l’Open de France fait toujours son chemin, même si celle-ci se rapproche plus d’un vœu pieux.
« Il y a, c’est vrai, un doux rêve depuis la fin de la dernière édition en 2003 de faire revivre un tournoi de cette ampleur et de cette qualité, explique Nicolas Bauer. On connait les difficultés économiques dans notre pays et en Europe. C’est très difficile de trouver un partenaire qui puisse mettre autant d’argent pour organiser un tournoi de qualité. Mais si on veut mettre en place un tel tournoi, ce ne sera pas un événement lambda. Le Trophée Lancôme a été un tournoi de renommée mondiale. La preuve, on continue d’en parler aujourd’hui. Si on veut organiser un tournoi de nouveau à St-Nom-la-Bretèche, ce serait un grand tournoi. A 2 millions de dotation, ce n’est pas ce que l’on recherche. L’idée, c’est de créer quelque chose de fort, sans parler de budget évidemment, mais qui serait susceptible de faire venir les meilleurs joueurs du monde. »
Un plateau alléchant…
En attendant, le plateau de ce FedEx Open de France 2025, malgré la proximité de la Ryder Cup (26-28 septembre) qui vampirise forcément tous les plus grands joueurs européens, a plutôt fière allure. Min Woo Lee, Corey Conners, Michael Kim, Harry Hall, Thomas Detry, Ryan Fox, tous pensionnaires du PGA Tour, effectuent le déplacement. Sans oublier bien sûr la crème du golf professionnel français. 26 d’entre eux, au 14 septembre, étaient ainsi annoncés tels Victor Perez, Martin Couvra, Matthieu Pavon, Antoine Rozner et Adrien Saddier pour ne citer que les têtes de gondole.
« C’est un super beau plateau, conclut Nicolas Bauer. Je ne m’y attendais pas pour être tout à fait transparent. J’étais même inquiet. Les Français du PGA Tour avaient encore fort à faire pour les Falls Series, Mais ils ont tous répondu présents avec une motivation et une envie extraordinaire. Cela fait très plaisir. »
Photos : St-Nom-la-Bretèche & Pierre Verdy / AFP