
La victoire de Keegan Bradley au Travelers Championship augmente fortement les chances de voir l’Américain endosser un double rôle de capitaine-joueur lors de la prochaine Ryder Cup. Mais ce n’est pas sans poser de problème. L’équipe US se dirige vers un sérieux dilemme et quelques médias ont même évoqué le possible remplacement de KB par un certain Tiger Woods…
Nommé capitaine des USA à la surprise générale, Keegan Bradley est un cas unique. A Bethpage en septembre prochain, il pourrait devenir le premier capitaine-joueur depuis Arnold Palmer en 1963 à Atlanta. Il pourrait être aussi le premier capitaine à se sélectionner lui-même en tant que joueur…
Une autre hypothèse, peu probable celle-là, pourrait couper court à cette situation : et s’il était remplacé à son poste de « skipper » par quelqu’un d’autre ? Certains médias américains fantasment déjà : pour eux, c’est l’heure de Tiger Woods…
It might be time. pic.twitter.com/eeaAY8oUb5
— Kyle Porter (@KylePorterNS) June 22, 2025
Il faut dire que la situation de Keegan Bradley est devenue quelque peu épineuse pour la PGA of America. Lors de sa nomination, le natif de Woodstock connaissait la chanson : personne n’a occupé le double poste de capitaine-joueur depuis plus d’un demi-siècle. Et ce n’est pas un hasard. La mission est très, très prenante.
Au XXIe siècle, la liste des capitaines, qu’ils soient américains ou européens, est celle de joueurs de renom certes, mais âgés, plus du tout compétitifs, ou très peu.
Un capitaine peut-il se choisir ?
Plusieurs fois, Keegan Bradley avait dit vouloir être capitaine-joueur uniquement s’il se qualifiait aux points, c’est-à-dire s’il terminait dans les six premiers du classement américain. Le voilà désormais 9e. Nanti d’une victoire dans un Signature Event. Accessoirement, il est aujourd’hui 7e mondial, le meilleur classement de sa carrière.
D’évidence, Keegan Bradley n’est pas un joueur sur le déclin.
A 39 ans, il semble même plus fort que jamais, lui dont l’unique victoire en Majeur remonte à… 2011, lors du PGA Championship à Atlanta. Il peut tout à fait finir dans le top 6 du « Team ranking ». Ou revoir son jugement s’il est dans le top 10 et s’adjuger donc lui-même une « captain pick », l’une des six invitations qui échoit au capitaine américain. Ce qu’il a laissé entendre.
8e de la FedEx Cup
« Le fait d’avoir gagné cette année change la donne. Mon objectif, ce sera tout simplement de faire jouer les 12 meilleurs joueurs américains à Bethpage. Ceux qui seront le plus en forme quand l’événement arrivera. »
Le voir jouer l’épreuve biennale pour la 3e fois (après 2012 et 2014) n’aurait à ce jour rien de choquant. Comme l’explique l’ancien vainqueur du Masters et consultant télé, Trevor Immelman, « Keegan est bien plus que l’un des 12 meilleurs joueurs américains du moment, il est l’un des 6 ou 7 meilleurs. » Il est difficile de contredire le Sud-Africain, surtout si l’on se base sur ce qui se passe sur le PGA Tour. A la FedEx Cup, KB est 8e et en 6e position si l’on ne regarde que les joueurs US.
Le fâcheux précédent de Rome
Alors, va-t-il se sélectionner lui-même s’il est 7e, 8e, ou 9e ?
Ce serait une situation très, très particulière. Du jamais vu. Les États-Unis ont déjà souffert par le passé de « captain picks » polémiques, comme celles délivrées par Zach Johnson à des joueurs comme Jordan Spieth, Justin Thomas et Rickie Fowler pour la Ryder Cup de 2023 à Rome, alors que leur forme était incertaine. Tout ça au détriment de… Keegan Bradley notamment, mieux classé qu’eux au « ranking » américain.
Le déçu avait avalé la couleuvre comme il avait pu, devant les caméras de Netflix, en plus…
Dès lors, les médias américains (ainsi que les fans) s’interrogent à plus d’un titre. Peut-on cumuler les deux postes ? « Oui », répond Bradley qui prétend pouvoir s’appuyer sur le travail de ses vice-capitaines quand ce sera à lui de jouer. A savoir les dévoués Webb Simpson, Brandt Snedeker, Kevin Kisner et Jim Furyk qui, effectivement, ont de la bouteille.
Mais lors de la semaine décisive (25-28 septembre), un joueur doit s’entraîner, effectuer des reconnaissances, échanger avec ses ou son futur partenaire de double. Cela semble difficile à marier avec l’agenda d’un capitaine, qui peut laisser aussi de l’énergie dans les discours et notamment celui de la cérémonie d’ouverture ou encore quand il faut galvaniser les troupes. Tiger Woods l’avait bien fait lors de la Presidents Cup 2019, mais c’était la Presidents Cup…
Et puis est-il raisonnable de compter sur l’objectivité du capitaine s’il s’auto-sélectionne ? Évidemment que non. C’est le principe même des choix du capitaine : ils sont subjectifs et peuvent être influencés par l’affect. N’est-ce pas Zach Johnson ?
Tiger avait dit non mais…
Quand on connaît les enjeux et tout ce que peut représenter une Ryder Cup pour un joueur, on comprend à quel point la situation pourrait être difficile à gérer pour Keegan Bradley et plus encore pour la PGA of America qui, à l’époque, a semblé avoir désigné un capitaine presque par défaut. Le poste était prévu pour un certain Tiger Woods. Qui avait dit non !
« J’ai trop de responsabilités avec le PGA Tour et les discussions sur l’avenir de notre circuit », avait commenté le Tigre à l’époque.
Mais cette assertion n’est plus tout à fait d’actualité aujourd’hui. Alors, si Keegan Bradley venait à performer de nouveau et à assurer sa place mathématiquement dans l’équipe, un changement de capitaine ne serait-il pas profitable à tout le monde ? Tiger Woods serait-il prêt à endosser le costume en dernière minute pour venir au secours de la patrie ?
Plusieurs journalistes influents aux États-Unis le réclame. Mais cela n’arrivera sans doute pas. Car Keegan Bradley n’est pas prêt à lâcher le poste. « J’ai beaucoup donné pour ça, j’y ai consacré beaucoup de temps et d’énergie, ma priorité ira au capitanat à Bethpage, quoi qu’il arrive », a tenu à préciser le moustachu du Vermont.
Qui n’a pas fini de faire parler de lui…
Photo : Kathryn Riley / USGA