
Pas besoin de chercher très loin pour trouver un responsable à la déroute américaine dans la 45e Ryder Cup de l’histoire. Les choix du capitaine de la Team USA, Keegan Bradley, sont déjà vivement critiqués !
Par quoi commencer ?
Les raisons pour lesquelles les Américains se font laminer avec 4 défaites lors des 4 premières sessions de doubles (une première depuis 1979) ne manquent pas.
Pris à leur propre piège
La première tient certainement à la préparation du parcours. Sans rough, Bethpage Black est sans défense et en 4 balles les affrontements se sont réduits à un concours de putt puisque les mises en jeu qui terminent leur course dans le rough ne sont jamais véritablement pénalisantes.
Alors que les deux équipes rivalisent dans le grand jeu, les Européens ont fait preuve d’une habilité sur les greens qui n’a laissé jusqu’ici aucune chance à leurs rivaux. Ils ont gagné plus de 12 points putter en mains depuis le début de la compétition !
Pensant favoriser son équipe qu’il estimait composée de plus “gros frappeurs” (cela reste à prouver), Keegan Bradley a demandé aux responsables de l’entretien du parcours de préparer le célèbre tracé de Bethpage Black, redouté pour sa difficulté de cette manière.
Malheureusement pour lui, le piège imaginé par le capitaine et ses assistants s’est inexorablement refermé sur leur propre équipe.
Des “Captain Picks” décevants
Deuxième raison de la déroute américaine, la faiblesse des joueurs choisis par Bradley lors de son annonce fin août.
Symbole de ce naufrage, Collin Morikawa, auteur d’un excellent début de saison (deux deuxièmes places), n’est plus que l’ombre de lui-même depuis le mois de mars avec un seul top 10 en 15 tournois.
Remettre en question les choix du capitaine est certes un exercice périlleux, car qui peut dire si, par exemple, Chris Goterrup ou Maverick McNealy auraient fait mieux que les joueurs retenus par Bradley ?
Après 4 sessions, il est cependant indéniable que les 6 joueurs choisis pour compléter la sélection américaine sont dans le dur avec un bilan combiné de 4 victoires, 9 défaites et 2 nuls.
Cameron Young : 2 victoires, 1 défaite
Patrick Cantlay : 1 victoire, 2 défaites, 1 nul
Sam Burns : 0 victoire, 1 défaite, 1 nul
Justin Thomas : 1 victoire, 2 défaites
Ben Griffin : 0 victoire, 1 défaite
Collin Morikawa : 0 victoire, 2 défaites
La faillite des piliers
Il serait également injuste de ne pas souligner également la pitoyable prestation de Scottie Scheffler.
Visiblement pas à l’aise en équipe, le numéro 1 mondial n’est que l’ombre de lui-même depuis le début de la compétition. Sa redoutable précision sur les coups de fer qui a fait de lui l’indiscutable meilleur joueur du monde ne se manifeste que sporadiquement.
Ultra dominant en individuel depuis plusieurs mois (6 victoires lors des 12 derniers tournois), Scheffler a littéralement abandonné ses coéquipiers avec 4 défaites en 4 matches et n’exprime quasiment aucune émotion sur le parcours.
Idem pour Bryson DeChambeau que Bradley avait désigné comme pièce maitresse de son équipe. Bien plus volontaire et démonstratif que Scheffler, le joueur du LIV Golf n’est en revanche pas beaucoup plus efficace avec 1 victoire pour 3 défaites. La faute à un jeu de fers approximatif et un manque de réussite criant au putting.
En associant les deux joueurs que tout oppose samedi après-midi dans les 4 balles avec l’espoir de provoquer un électrochoc comme Hal Sutton en 2004 avec Tiger Woods et Phil Mickelson, Keegan Bradley a fait chou blanc.
Des raisonnements douteux
La quatrième explication du terrible échec américain a déjà été évoquée à l’annonce des doubles de la 2e session.
Les “pairings” de Bradley interrogeaient les observateurs et à raison puisque contre toute attente ce dernier a reconduit des doublettes qui n’avaient pas donné satisfaction la veille.
La décision de relancer la paire Morikawa – English en Foursomes alors que tout porte à croire que cette association est vouée à la défaite résume à elle seule le manque de véritable stratégie et de réflexion.
Autre exemple, l’absence samedi après-midi de Ben Griffin qui a pourtant montré des qualités lors de la première session de 4 balles vendredi pose question.
« Pas de panique, nous avons un plan nous nous y tenons », s’était justifié Keegan Bradley dans une conférence de presse lunaire. Cette phrase prononcée par le skipper de la Team USA risque de le hanter longtemps tant elle est symptomatique de l’incapacité à se remettre en question.
Photo : ©AFP/Getty