
Vainqueur à deux reprises en tant que joueur aux Etats-Unis avec l’équipe de Ryder Cup (2004 et 2012), Luke Donald réalise aussi l’exploit de gagner le trophée à domicile (à Rome en 2023) puis à l’extérieur (à New York en 2025) dans le costume de capitaine. Un doublé qui a pourtant été loin d’être facile à réaliser. Malgré une avance très confortable après les doubles (11,5 à 4,5), l’Europe, fortement chahutée en simples, s’est finalement imposée 15 à 13 !
Vous venez de rejoindre Tony Jacklin dans l’histoire en devenant le second capitaine européen à remporter deux Ryder Cup à domicile et à l’extérieur. Que vous inspire cette victoire et que signifie-t-elle pour votre équipe ?
LUKE DONALD : Ces douze heures ont été les plus stressantes de ma vie. Bravo aux Américains, à Keegan (Bradley), à son capitanat. Je savais que ce serait dur. Je ne pensais pas qu’ils seraient aussi forts dimanche. Ils se sont battus avec acharnement. Ils méritent le plus grand respect.
Mais cela signifie évidemment beaucoup pour moi et l’équipe. Nous sommes venus ici en sachant que la tâche était très difficile. Je suis extrêmement fier de ces gars et de ce qu’ils ont accompli, de la façon dont ils se sont unis, de la façon dont ils jouent pour l’histoire, pour ceux qui les ont précédés. Maintenant, on parlera de leur empreinte dans l’histoire pour les générations à venir. Je suis extrêmement fier.
La dernière fois que l’Europe était venue ici aux Etats-Unis (à Whistling Straits en 2021), elle avait été sèchement battue, 19 à 9, un écart record. Vous avez dit avoir adopté un style de jeu totalement nouveau pour cette compétition. Quels changements avez-vous apportés pour y parvenir ?
L. D. : J’ai eu la chance d’avoir une équipe qui me connaissait et qui me faisait confiance. C’est tout ce que j’ai toujours essayé de faire. Etre le mieux préparé possible. J’ai abordé ce contrat avec tellement de choses différentes : l’environnement, la communication avec les joueurs. Mais oui, je suis vraiment très content pour eux.
Keegan Bradley a déclaré juste après la victoire de l’Europe qu’il n’était pas d’accord avec la règle sur l’enveloppe qui conduit à un match partagé en cas de blessure d’un joueur comme cela a été le cas pour Viktor Hovland. Il a dit que cette règle devait être modifiée d’ici la prochaine Ryder Cup. Qu’en pensez-vous ?
L. D. : Je crois que c’est en place depuis 1971. Les États-Unis ont déjà utilisé cette règle. Je crois que c’est arrivé en 1991 avec Steve Pate. C’était une Ryder Cup serrée, gagnée par les Etats-Unis 14,5 à 13,5. C’est aussi arrivé en 1993. Sam Torrance n’avait pas pu jouer à cause d’une blessure à l’orteil. Les États-Unis ont encore gagné cette fois-là. La règle est la règle et elle est en vigueur depuis longtemps.
Je me suis vraiment investi dans ce travail, car je sens que je le dois aux joueurs et à la Ryder Cup, qui a été si spéciale pour moi.
Luke Donald
On sait que vous êtes quelqu’un de perfectionniste. Pouvez-vous nous parler de ce souci du détail en amont de la Ryder Cup ?
L. D. : Je me suis vraiment investi dans ce travail, car je sens que je le dois aux joueurs et à la Ryder Cup, qui a été si spéciale pour moi. J’ai vécu tellement d’expériences incroyables. Alors oui, j’ai dû mettre un peu mon propre jeu de côté, et chaque jour j’essaie de penser à des choses qui pourraient nous aider, de trouver différentes choses qui pourraient nous donner un petit avantage.
Nous sommes arrivés à New York, et nous savions que ce ne serait pas facile. C’était dur. C’était parfois brutal. Vraiment. C’était parfois pénible. Mais je pense que lorsque vous préparez suffisamment ces gars et que vous communiquez suffisamment avec eux et que vous leur donnez un plan, une idée, un thème et une motivation, ils n’ont pas vraiment besoin d’être motivés. En fait, le thème provoque la cohésion de l’équipe. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir 11 de ces mêmes gars de Rome.
Mon travail consiste littéralement à donner à ces gars-là de meilleures chances de gagner. Cela peut être aussi simple que de très petites choses. Je vais vous donner un exemple. Cette semaine, dans nos chambres d’hôtel, les portes laissaient passer la lumière par les embrasures. Nous avons apporté des objets pour masquer cette lumière. Nous avons mis des shampoings différents, plus parfumés. On a changé la literie, car les lits n’étaient pas très confortables, et il n’y avait que des draps. On a créé des lits bien plus confortables pour que les garçons puissent dormir. Ce ne sont que des détails. Mais des détails très précis. Il faut simplement prendre le temps et faire preuve de la plus grande attention pour offrir à ces joueurs les meilleures chances. Il faut créer un environnement propice à leur réussite. Ce sont 12 joueurs exceptionnels, nous le savons. Il faut simplement, encore une fois, les mettre dans une position où ils se sentent à l’aise.
Vous venez de mentionner le fait qu’il y avait un thème pour cette semaine de Ryder Cup. Pouvez-vous nous en dire plus ?
L. D. : Notre objectif était de remporter une cinquième victoire à l’extérieur. Nous en avons parlé en début de semaine. Les maillots d’entraînement étaient inspirés de nos victoires précédentes à l’extérieur : 1987, 1995, 2004 et 2012. Tout ce que nous faisions était axé sur ce thème, pour que les joueurs aient le sentiment d’y être parvenus assez souvent. En dix Ryder Cups depuis 1983, nous en avions remporté quatre et nous étions passés très près du but trois autres fois. Ce n’était pas impossible. Nous savions que ce serait difficile. Nous voulions les motiver et leur faire comprendre que c’était possible. Mon rôle, encore une fois, est de leur donner les raisons de croire qu’ils peuvent gagner. C’était donc vraiment notre thème.
Au fait, serez-vous à Adare Manor dans deux ans à la tête de cette même équipe européenne ?
L. D. : Je vais d’abord profiter de ce soir, merci.
Photo : Maddie Meyer / PGA of America