
Évidemment, le résultat de la première journée y est pour beaucoup, mais Keegan Bradley est déjà sous le feu des critiques de la presse américaine. Ses choix de « pairings », notamment, sont questionnés. En particulier celui d’aligner pour la deuxième fois de suite le duo Collin Morikawa et Harris English en foursomes. Une paire qui, statistiquement, est la plus faible sur le papier…
Le site data golf compile toutes les données possibles et imaginables pour proposer des projections en tout genre, sur les favoris d’un tournoi, sur les chances de passer le cut, sur les performances des joueurs dans chaque domaine du jeu… Bref, tout. Pour cette 45e Ryder Cup, data golf a compilé les “stats” des 24 joueurs présents à Bethpage.
Il a imaginé les 132 associations de double possibles pour les deux équipes. 132 « pairings ».
Et sur le papier, le plus faible de toutes les associations est… Collin Morikawa – Harris English.
Que croyez-vous qu’il arriva ? Keegan Bradley les a alignés ensemble vendredi matin en foursomes. Résultat, une petite fessée reçue par les Américains, 5&4, face à Tommy Fleetwood et Rory McIlroy.
Et que croyez-vous qu’il arriva de nouveau ? Le capitaine américain a reconduit ce drôle de duo pour les foursomes du lendemain. Alors forcément, on s’interroge, voire on ricane en salle de presse.
Nous avons un plan. Nous nous y tiendrons.
Keegan Bradley
Des critiques justifiées
Mais quelle mouche a bien pu piquer le capitaine américain, qui a aussi choisi de proposer un troisième partenaire différent en trois matches à Bryson DeChambeau (ce qui laisse entendre que Brandel Chamblee avait peut-être raison) ?
Les journalistes américains se grattent la tête. Mais le rythme effréné de la Ryder Cup ne permet pas vraiment de questionner en longueur les capitaines entre les sessions.
Interrogé rapidement sur ses drôles de choix, KB a répondu sobrement : « Nous avons un plan. Nous nous y tiendrons. »
Un plan ? Quel plan ? Celui de faire jouer une paire bizarrement la plus mal assortie et qui est donc, statistiquement, la plus faible ?
La citation d’Einstein
Comble de malchance, Morikawa et English retrouveront leurs bourreaux du premier tour : Rory McIlroy – Tommy Fleetwood.
Alors oui, rien n’interdit aux deux joueurs de faire mentir les statistiques et dans une bonne matinée ils peuvent tout à fait battre les Britanniques ce samedi selon le fameux adage qui vante « la glorieuse incertitude du sport. » On a vu plus surprenant.
Mais quand même, tenter un pari qui a échoué dans les grandes largeurs une première fois, c’est un peu comme s’acharner à obtenir un résultat différent en utilisant un process identique.
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » La citation attribuée à Albert Einstein ne manquera pas de lui être rappelée si l’échec du duo se confirme.
Le souvenir de l’échec Woods-Mickelson
On n’ira pas jusqu’à comparer cette possible grosse erreur de Bradley à celle, bien plus fameuse, du capitaine Hal Sutton, en 2004 à Oakland Hills. Le skipper américain avait aligné deux fois ensemble Tiger Woods et Phil Mickelson. Résultat, deux défaites (2&1 en fourballs et 1 down en foursomes le vendredi) qui avaient marqué au fer rouge son équipe.
Morikawa et English ne sont pas exactement les leaders de l’équipe américaine qui a, par ailleurs, été sûrement sonnée par les deux défaites de Scottie Scheffler et Bryson DeChambeau. Mais si les deux premiers cités reçoivent une nouvelle correction en foursomes, il y aura de quoi en remettre une couche pour la presse américaine. Le plan ? C’était quoi le plan ?
« Nous n’allons pas faire l’erreur de paniquer parce que nous sommes menés, a conclu Keegan Bradley. On reste à ce que l’on a prévu et à ce que l’on sait. » Il y a surement, dans ce curieux plan, quelque chose qui nous échappe alors…
Photo : Darren Carroll / PGA of America