
Dans cette série d’articles, nous revenons sur les six dernières éditions de la Ryder Cup à travers un « top 5 » des grands moments de ces affrontements Europe – États-Unis. Ce sixième et dernier épisode revient sur la victoire épatante de l’Europe à Rome il y a deux ans. Alors que les Etats-Unis semblaient favoris, les bleus de Luke Donald ont survolé le duel, notamment lors des sessions de doubles. Il n’y a pas eu match. Mais il y eu, aussi, quelques incidents mémorables qui ont pimenté le week-end…
Ce dernier épisode de nos « flash backs » sur la Ryder Cup détaille les cinq moments à retenir de cette victoire européenne inattendue, après la domination écrasante des USA deux ans plus tôt à Whistling Straits. Capitaine nommé presque en dernière minute, Luke Donald a su conduire ses hommes à la victoire avec notamment des « pairings » qui ont fonctionné à plein régime, tandis que le capitaine américain Zach Johnson regrettera peut-être longtemps d’avoir choisi des joueurs hors de forme pour ses wild-cards…
Le bluewash de l’équipe européenne lors des premiers foursomes
Un feu d’artificio ! La squadra de Luke Donald, capitaine « remplaçant » de Henrik Stenson parti sur le LIV Golf (et donc démis de ses fonctions par le DP World Tour), réussi une entrée en matière de rêve à Rome : lors de la première session, les Européens raflent les quatre matches de foursomes presque sans trembler.
Jon Rahm et Tyrrell Hatton (4&3), les deux Scandinaves Ludvig Åberg et Viktor Hovland (4&3), Shane Lowry et Sepp Straka (2&1) et Rory McIlroy – Tommy Fleetwood (2&1) marchent sur leurs adversaires américains. C’est une vraie surprise, d’entrée, car les USA avaient les faveurs des pronostics, y compris dans la formule de jeu la plus exigeante. Des chips rentrés et de la passion du côté des bleus d’Europe, des fairways manqués et la soupe à la grimace du côté des rouges d’Amérique, le contraste est saisissant…
Ce « cappotto » est le premier 4-0 en ouverture de la Ryder Cup pour l’Europe dans toute son histoire !
Le 9&7 record de Åberg/Hovland infligé à Scheffler/Koepka
Le Norvégien Viktor Hovland est associé au Suédois « rookie » Ludvig Åberg dans la deuxième session de foursomes. Ils ont déjà remporté leur premier match dans cette formule la veille face à Max Homa et Brian Harman. Sur le papier, cela s’annonce plus compliqué samedi : face à eux se dresse le n°1 mondial Scottie Scheffler et Brooks Koepka, quintuple vainqueur en Majeur. Les stars américaines doivent réagir.
Le résultat ? 9&7 pour les Européens !
C’est la plus lourde défaite américaine dans un match dans l’histoire de la Ryder Cup. Si les Scandinaves ont produit un jeu flamboyant, les Américains ont été totalement absents, enchaînant les bévues, les double bogeys notamment. Scheffler verse même quelques larmes après cette déculottée.
Les seuls joueurs de l’oncle Sam passent à côté de leur sujet à Rome. A l’image de Koepka, les wild-cards de Zach Johnson sont presque toutes décevantes tout au long de la semaine. Justin Thomas, Jordan Spieth et Rickie Fowler, notamment, sont hors sujet alors qu’ils sortent d’une saison difficile. Ce qui fera naître des polémiques sur les choix du capitaine qui a écarté, entre autres, un certain Keegan Bradley de sa sélection…
Une fin de match bouillante entre McIlroy et Cantlay
La Ryder Cup décuple les émotions. Elle déchaîne les passions des foules et transcende les joueurs. C’est peut-être pour ça, aussi, que ce fut chaud, très chaud à la fin du match de quatre balles entre Rory McIlroy-Matthew Fitzpatrick d’un côté, Wyndham Clark et Patrick Cantlay de l’autre (et surtout avec le caddie de ce dernier, Joe LaCava).
La genèse de l’incident, c’est le public européen qui chahute dans cette fin de partie Cantlay pour une raison expliquée plus bas. L’équipe US vient au secours de son joueur qui arrache la victoire à la pointe de son putter, en réussissant un birdie sur ses trois derniers trous. Sur le 18, son birdie n’est pas synonyme encore de victoire : il reste une chance à McIlroy d’arracher le nul en rentrant le sien.
Sauf que LaCava agite sa casquette en signe de soutien à son joueur de façon très véhémente et à un mètre de McIlroy alors que le Nord-Irlandais doit jouer… Rory lui fait une remarque, le caddie n’apprécie pas.
Le meilleur jouer européen est agacé, son ami Shane Lowry, posté près du green, est scandalisé par l’attitude du caddie qui, incontestablement, manque de fair-play et surtout de classe à ce moment-là… McIlroy ratera son putt. 1 up USA.
Plus tard, devant l’hôtel des joueurs, la colère de Rory sera immense. Les caméras le montreront tout près d’en venir aux mains avec LaCava. Mais tout rentrera dans l’ordre dès le lendemain matin…
« Ce ne fut pas mon moment le plus glorieux« , reconnaîtra plus tard McIlroy.
La « casquette gate » de Cantlay
Patrick Cantlay joue sans la casquette de l’équipe américaine lors de la première journée. Au cœur de la deuxième journée, un journaliste de la télévision britannique assure à l’antenne que Cantlay refuse de porter le couvre-chef officiel de son équipe parce qu’il estime que les joueurs américains devraient être rémunérés pour jouer la Ryder Cup. La rumeur se répand sur le parcours Marco Simone.
Tout au long de son match de quatre balles, les fans européens chambrent avec véhémence Cantlay, agitant leur casquette en l’air en scandant des « Hats off for your bank account » (« Chapeau pour ton compte en banque »). Cet épisode va à la fois ressouder quelque peu l’équipe US, qui réfutera en bloc ces allégations, et à la fois provoquer le fameux incident entre McIlroy et LaCava. L’intéressé, lui, assure qu’il n’a pas trouvé de casquette à sa taille dans les équipements fournis par son équipe. Tout simplement…
Deux ans plus tard, la PGA of America a cédé. Les joueurs américains seront payés pour représenter leur pays à Bethpage. On est curieux de voir si Cantlay aura trouvé une casquette à sa taille…
La performance XXL de Rory
En larmes deux ans plus tôt à Whistling Straits après une performance très décevante pour un champion de son rang, Rory McIlroy corrige le tir à Rome. Le vrai leader de l’équipe, c’est lui. Les vétérans Sergio Garcia et Ian Poulter, notamment, sont partis sur le LIV et se sont mis en marge de l’équipe européenne. Le Nord-Irlandais est très attendu pour porter une équipe jeune et inexpérimentée.
Il est à la hauteur, et pas qu’un peu. Il remporte quatre points sur cinq possibles. Son duo en foursomes avec Tommy Fleetwood est flamboyant. Rory signe là sa meilleure performance en Ryder Cup. Et de très loin. Il prend ainsi définitivement les commandes du Team Europe.
« Cette équipe signifie tellement pour moi. Nous voulions effacer Whistling Straits. Il y a deux ans, j’avais laissé tomber mes coéquipiers. Je suis fier de la façon dont j’ai joué ici. J’ai pris mes responsabilités. » Une vraie et belle rédemption.
Photo : Patrick Smith / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP