Les terrains de golf municipaux de Washington D.C. se retrouvent aujourd’hui au cœur d’un bras de fer politique inattendu, révélateur d’une conception pour le moins musclée de la gestion des biens publics par l’administration de Donald Trump.
À défaut de refaire le monde, Donald J Trump tente-t-il de redessiner le paysage des parcours de golf aux États-Unis ? Quitte à confondre intérêt général et plaisir personnel.
Dernièrement, l’administration du président américain a adressé une mise en demeure au National Links Trust, un organisme à but non lucratif chargé de gérer et de rénover trois terrains de golf municipaux à Washington : East Potomac, Rock Creek et Langston. Le prétexte ? Un prétendu manquement à ses obligations contractuelles.
Selon l’exécutif, l’organisme ne respecterait pas les engagements inscrits dans le bail signé en 2020 avec le Service des parcs nationaux. En ligne de mire, des retards présumés dans les travaux de modernisation et de restauration des parcours. À défaut de mise en conformité rapide, le gouvernement fédéral se réserve le droit de mettre fin au contrat et de reprendre le contrôle direct des sites.
L’avertissement donné par Trump lui-même dans une interview (« si nous nous en chargeons, nous allons faire quelque chose de magnifique avec ces parcours » laisse entendre que si les prétendues irrégularités ne sont pas réglées avant la fin du mois, le gouvernement fédéral pourrait purement et simplement reprendre le contrôle de ces terres.
Vers un golf élitiste prôné par Trump ?
Ces espaces publics destinés à tous pourrait donc se transformer en un projet piloté directement par l’exécutif. Un projet sûrement tourné vers du golf haut de gamme, peu accessible pour la grande majorité des joueurs.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Chez les habitués de ces greens municipaux, des voix s’élèvent, avec un mélange de frustration et d’ironie, contre ce qu’ils considèrent comme un pillage administratif des terrains publics, craignant qu’on ne remplace l’esprit municipal du golf par une vision plus exclusive, plus coûteuse, plus… Trump.
Pour de nombreux golfeurs locaux, cette affaire dépasse donc largement la question administrative. Elle pose une interrogation : à qui appartiennent réellement les espaces publics lorsque le pouvoir décide de les « améliorer » à sa manière ? Certains redoutent une dérive vers un modèle plus exclusif.
Lorsque la passion du golf de Trump s’invite au cœur des politiques publiques, elle prend une autre dimension. Car ici, il s’agit de l’avenir de parcours de golfs populaires, urbains et partagés.
Reste à savoir si, dans l’esprit du président, un terrain public est encore public dès lors qu’il n’a pas été « trumpisé. »
Photo : Leon Neal/Getty Images) (Photo by LEON NEAL / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP











