
Même si tout ne fut pas aussi parfait que les jours précédents pour Scottie Scheffler, le n°1 mondial a remporté presque sans trembler son premier Open britannique, son quatrième Majeur. Au-dessus du lot, il n’a jamais été bousculé dans ce dernier tour à Portrush où le héros local Rory McIlroy, n’a pas réussi à enflammer le public. L’inattendu Harris English arrache la deuxième place.
De notre envoyé spécial à Portrush, Stefan Colin<
Scottie Scheffler a-t-il vraiment tremblé ? A-t-il craint de ne pas gagner ? On a du mal à y croire tellement le n°1 mondial a écrasé de toute sa classe ce 153e Open britannique. Après un tiers de parcours dans ce dernier tour, son avance était passée de quatre coups au départ à huit coups.
Huit coups d’avance après six trous… Une météo parfaite, un décorum de rêve, une maîtrise totale du tee au green, la voie royale vers la Claret Jug lui était promise.
Dans la partie devant lui, le héros de tout un peuple, Rory McIlroy, faisait de son mieux pour enflammer le public, mais que faire… Parti comme une balle avec des birdies au 1, 4 et 5, le meilleur joueur du monde a sauvé des pars importants à la pointe de son putter au 6 et au 7. Écœurant pour ses adversaires.
A statement start from Scottie. pic.twitter.com/eQ34Bc7lss
— The Open (@TheOpen) July 20, 2025
Mais petite surprise, le placide Scottie a brandi le poing avec une rage de vaincre démonstrative lors de ces sauvetages. Une attitude plutôt inhabituelle chez lui. Signe d’une petite tension intérieure ? Pas vraiment.
Juste de la détermination qui ne fut pas sans rappeler celle de Tiger Woods lors de sa victoire record à Pebble Beach en 2000 et qui malgré ses 15 coups d’avance était résolu à jouer le dernier tour sans bogey.
Le rebond d’un champion
Mais sur le trou n°8, l’accident n’a pu être évité. Après un tee shot dans un pot bunker et une sortie trop ambitieuse qui lui est revenue dans les pieds, le champion olympique en titre a concédé un double bogey. Oui, un double bogey. Un événement pour lui.
Son seul « double » de la semaine. Son premier faux-pas depuis le trou n°11 lors du 2e tour… A cet instant, son avance a été réduite à quatre coups sur Chris Gotterup et Rory McIlroy.
The Open a retrouvé un semblant de suspense. Oh, pas longtemps. Vraiment pas longtemps.
Comment Scottie Scheffler a-t-il réagi après avoir trébuché ? Comment le double vainqueur du Masters allait-il rebondir après ce vrai accroc ?
La réponse fut birdie au 9. La classe. Et pendant ce temps, les chasseurs craquaient les uns après les autres. L’épatant vainqueur du « Scottish », Chris Gotterup, devenu soudainement amoureux des links britanniques, trébuchait au 11. Bogey. Hoatong Li partait à la faute au 10.
Et le “chouchou” du public, Rory McIlroy, perdait tout espoir avec un double bogey au 10 également. Un coup de fer beaucoup trop fort, une gratte sur le premier chip, et ses espoirs de “come back » s’envolaient définitivement.
La marche de l’empereur
Dès lors, la question était davantage de savoir qui allait conquérir la deuxième place et combien de coups d’avance Scheffler allait conserver jusqu’au bout ?
La marche de l’empereur jusqu’au green du 18 fut belle à voir. Une démonstration, des coups propres. Des coups de pinceau de maître. Et une victoire avec quatre coups d’avance.
Les huit coups d’avance de Tiger Woods lors du « British » édition 2000 n’ont donc pas été battus. Mais quelle démonstration.
Si Rory McIlroy a remporté le dernier Masters avec tant de romantisme, la tableau peint par Scottie Scheffler dans cet Open britannique fut d’un style impressionnisme. On aurait pu l’appeler « Promenade sur la falaise« , comme le chef-d’œuvre de Claude Monet.
The winning putt.
This is the one. pic.twitter.com/uZd6bhtkNF
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Des rivaux réduits aux rôles de faire-valoir
Pendant ce temps, la bagarre pour le podium a fait rage jusqu’au bout. Avec un leaderboard très « stars and stripes » puisque dans l’avant-dernière partie, ni McIlroy, finalement 6e, ni son partenaire Matthew Fitzpatrick, 4e, ne sont parvenus à allumer l’étincelle.
Auteur d’un extraordinaire retour de l’arrière après son catastrophique 78 du premier tour, Bryson DeChambeau a fini dans le top 10 avec un spectaculaire 64, la meilleure carte du jour.
Never give up.
A final round of 64 means Dechambeau finishes at nine-under. pic.twitter.com/Fze29uMrKT
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Fier tenant du titre, Xander Schauffele termine lui aussi sur un superbe week-end (66 et 68) pour échouer au 7e rang. Le vainqueur de l’U.S. Open 2023, Wyndham Clark, auteur de trois derniers tours époustouflants (66, 66, 65), a terminé dans le top 5.
Le patient English récompensé
Finalement, tandis que la descente de Li au leaderboard se produisait au 14 (double bogey), la « Silver Salver » qui récompense le deuxième de l’Open britannique s’est décidée entre Harris English et Chris Gotterup, en bagarre dans la même partie.
English a fait la décision dans le final. Sa patience a été récompensée par des birdies au 16 et au 17 qui rapportent gros. Déjà deuxième du dernier PGA Championship, le discret joueur de Géorgie s’avance vers une nouvelle sélection en Ryder Cup après celle de Whistling Straits, en 2021.
Staying in contention.
An excellent approach sets up the birdie that moves Gotterup to 11-under. pic.twitter.com/48eK6GHQho
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Gotterup peut aussi y croire. Sur le podium de l’Open britannique le jour de ses 26 ans, ce gros frappeur du PGA Tour a changé de dimension en l’espace de deux semaines, après sa victoire au Scottish Open la semaine passée. Lui aussi peut rêver de Bethpage.
Le “Career Grand Slam” le jour de ses 30 ans ?
Quant aux Bleus, ils ont terminé loin, trop loin des places qui rapportent des points décisifs malheureusement.
Romain Langasque et Antoine Rozner n’ont pas réussi à sortir le grand jeu ce dimanche. L’Azuréen reste 41e de la Race to Dubai et le Parisien gagne deux petites places à la FedEx Cup.
Adrien Saddier, pour sa toute première expérience en Majeur, a terminé sur une très bonne note. Sa carte de 69 (-2) lui permet d’être le seul Français de la semaine à battre le parcours de Portrush.
Scheffler, lui, a été le seul homme de la semaine avec Rasmus Højgaard à jouer tous les jours sous le score de 70. 68, 64, 67, 68.
De la bel ouvrage pour l’homme de fer. Qui a quand même versé une larme d’émotion sur le green du 18. Avant de prendre dans ses bras sa femme Meredith et de célébrer ce sacre avec son fils Bennett.
Well, here’s the cutest thing you’ll see today:
Scottie Scheffler and his son Bennett.
Peak dad moment with the crowd reaction. pic.twitter.com/DZCyp8TlAf
— Dan Fetes (@danfetes) July 20, 2025
Le voilà « Champions golfer of the year« . Le voilà avec un quatrième Majeur en poche, le tout en 25 départs comme Rory lors de sa victoire en 2014 à Liverpool. Il ne lui manque plus que l’U.S. Open pour rejoindre le Nord-Irlandais entré au Panthéon du golf avec sa victoire au Masters en avril.
On voit mal comment il n’y parviendrait pas… On n’imagine pas qu’onze années et 39 autres tournois du grand chelem lui soient nécessaire pour gravir cette dernière marche.
Cela pourrait se produire dès l’année prochaine. Le 21 juin 2026 le jour du dernier tour du prochain U.S. Open, le jour également des 30 ans du Texan.
Le leaderboard final
Photo HENRY NICHOLLS / AFP