
Dans cette série d’articles, nous revenons sur les six dernières éditions de la Ryder Cup à travers un « top 5 » des grands moments de ces affrontements Europe – États-Unis. Après l’épisode 1 consacré au « miracle de Medinah », on se plonge cette fois dans les souvenirs de l’édition 2014 à Gleneagles. Au-delà de la domination européenne, ce match avait été marqué par le talent d’un certain Victor Dubuisson.
La Ryder Cup 2025 approche à grands pas. Pour mieux comprendre l’importance de l’événement, ces « flash backs » vous font revivre les grandes et les petites histoires des six dernières éditions. Après l’incroyable remontada de Medinah, ce deuxième épisode revient sur la nette victoire de l’Europe (16,5 à 11,5) à Gleneagles, en Écosse, en 2014.
Dominateurs presque de bout en bout, les hommes de Paul McGinley s’étaient imposés avec la manière face à une équipe des États-Unis étonnamment amorphe. Cette édition avait aussi été celle de la confirmation de l’immense talent d’un certain Victor Dubuisson qui avait crevé l’écran. Voici le top 5 des moments forts de cette Ryder Cup 2014.
Dubuisson, un héros français
Victor Dubuisson devient le troisième Français à jouer la Ryder Cup après Jean Van de Velde (1999) et Thomas Levet (2004). Il est à ce jour celui qui a réussi la meilleure performance sous les couleurs de l’Europe. « Dubush », 24 ans, est le plus jeune joueur des 12 Européens sur la ligne de départ. Il termine pourtant invaincu, avec notamment deux succès épatants en foursomes aux côtés de l’expérimenté nord-irlandais Graeme McDowell, qui le prend sous son aile.
Le vendredi, ils dominent le duo Phil Mickelson/Keegan Bradley 3&2. Le samedi, ils surclassent la paire Jimmy Walker/Rickie Fowler. Dans le froid écossais, Victor Dubuisson délivre des coups de fers époustouflants.
Le Français fera match nul en simple contre Zach Johnson, qui le prive du 3 sur 3 en réussissant un birdie sur le 18. Avec 2,5 points au compteur, le timide « Dubush » a totalement réussi son intégration dans une équipe de stars.
Troisième victoire de suite de l’Europe, dominatrice
Double tenante du titre, l’Europe cède la première session des quatre balles 2,5 à 1,5. Mais elle écrase la session des foursomes du vendredi pour reprendre les commandes (5-3). Le suspense est vite éteint avec une nouvelle domination dans les foursomes du samedi.
Plus homogène, l’équipe de Paul McGinley s’appuie sur des fortes individualités, comme Rory McIlroy (n°1 mondial), Justin Rose, Graeme McDowell, Henrik Stenson, Sergio Garcia et Martin Kaymer. Mais surtout, elle n’a pas de maillon faible. Contrairement aux Américains. Webb Simpson est aux abonnés absents (2 lourdes défaites en 2 matchs), Bubba Watson perd ainsi ses trois matches, Rickie Fowler ne remporte pas un seul de ses cinq matchs joués…
La victoire écrasante de McIlroy le dimanche contre Fowler 5&4 est le symbole de la supériorité des Européens et des difficultés de certains Américains à dompter un parcours étroit et exigeant.
Le leadership du capitaine McKinley salué
C’est peut-être le capitanat qui a été le plus salué de toute l’histoire de la Ryder Cup « moderne » côté européen. Paul McGinley a tout bien fait pour préparer son équipe afin d’appréhender l’événement et le parcours. L’Irlandais a planifié cette Ryder Cup comme un stratège militaire. Rien n’a été laissé au hasard : la logistique, le parcours, la psychologie des joueurs, tout a été étudié pour créer les meilleurs « pairings » et préparer Gleneagles pour favoriser son équipe (avec du gros rough et des fairways étroits notamment).
L’association McDowell-Dubuisson en foursomes est une réussite totale, tout comme le quatre balles Justin Rose-Henrik Stenson.
« Il a été un capitaine fantastique, constate Rory McIlroy. Il a été tellement méthodique. C’est un capitaine moderne. Chaque détail est étudié à la loupe », salue Sergio Garcia. Celui qui a rentré le putt victorieux lors de l’édition 2002 a été le grand artisan de la victoire des Bleus. « Ça a été un réel honneur. Ce fut un grand effort d’équipe », a apprécié l’intéressé qui deviendra ensuite un consultant apprécié sur Golf Channel.
Donaldson, le coup de fer décisif
« Rookie » à 38 ans, le Gallois Jamie Donaldson s’est qualifié in extremis dans l’équipe européenne grâce à sa victoire au Czech Masters. Déjà vainqueur de deux de ses trois doubles disputés avec Lee Westwood, il va être l’homme de la victoire : il ne manque qu’un point pour sceller la victoire de l’Europe et il est 4 up au départ du 15 contre Keegan Bradley.
A 146 yards du drapeau (133 mètres), son coup de wedge magistral termine « donné ». Son adversaire ne peut que concéder le match et l’Europe peut célébrer sa victoire.
Mickelson critique son capitaine Watson
Les États-Unis sont passés à côté de cette édition. Dans les grandes largeurs. Mais comme si le désastre sportif ne suffisait pas, Phil Mickelson, qui n’en n’est pas à sa première incartade en Ryder Cup, prend la parole en conférence de presse pour critiquer ouvertement son capitaine, Tom Watson, pourtant assis à deux mètres de lui… « Lefty » évoque le capitanat gagnant de Paul Azinger en 2008.
« Il avait impliqué tout le monde dans le processus, nous étions tous investis. Pour les associations en double, pour les wild-cards… Et nous avions un vrai plan de jeu. Malheureusement, nous nous sommes éloignés d’une formule gagnante. Personne ici n’a pris part aux décisions. »
La salle de presse se fige un peu à cet instant. Certains décriront plus tard la sortie de Mickelson comme une mutinerie, en plein naufrage de son équipe. Tom Watson est une légende… Médusé, le capitaine répliquera simplement. « Oui, j’ai discuté avec les joueurs de mes décisions, et avec mes vice-capitaines. Mais j’ai décidé de presque tout, oui. » Avant de conclure. « Je suis heureux que Phil soit assis près de moi. C’est aux joueurs de gagner les matches. Je leur ai donné les clés pour le faire. »
Photo : Jamie Squire / Getty Images