
La première journée du 153e Open britannique a été riche en rebondissements et, comme si souvent, en aléas météo. Les joueurs du matin ont dû combattre le vent, puis la pluie. Les joueurs de l’après-midi ont été davantage épargnés. Le n°1 mondial Scottie Scheffler a pris le meilleur départ parmi les grands favoris, mais Rory McIlroy est lui aussi dans le coup. Romain Langasque est pour le moment le meilleur Français.
De notre envoyé spécial à Portrush, Stefan Colin
Depuis le premier coup du tournoi donné par Padraig Harrington à 6h35 ce matin à Portrush jusqu’à pratiquement 21h30 locales, on s’est demandé qui serait le leader. C’est ça aussi, le « British ». Des journées de golf marathon (presque 6 heures de jeu par partie !) où n’importe quel joueur peut créer la surprise du jour, en fonction de la qualité de ses coups de golf bien sûr, mais aussi de la météo, tellement changeante, et de ces rebonds si capricieux sur ces fameux links…
Contrairement à ce que la météo avait laisser présager, les mieux servis du jour auront été ceux qui se sont élancés le plus tardivement, ce jeudi. Le déluge qui s’est abattu sur la cité de Portrush et son parcours aux alentours de 11 heures a rincé les joueurs et corsé l’affaire et ce, jusqu’au départ du héros de tout un peuple, Rory McIlroy, épargné juste à temps, lui, par ces grosses intempéries.
Ce coup de pouce de Dame nature ne l’a pas empêché de débuter ce tournoi où tous les regards sont braqués sur lui par un trois-putts et un bogey.
McIlroy, la gauche caviar
En panne totale de driving (2 fairways sur 14 !), le vainqueur du Masters, personnage central de ce « British » pour toutes les raisons que l’on sait, a pourtant réussi à atteindre le score de -3 après dix trous, devant un public en feu. Mais il a fini par payer ses imprécisions. Le gros rough au 11 (bogey), un trois-putts au 12 après avoir été puni par un pot bunker au départ (bogey), le « local hero » a dû se contenter d’un score de 69. Son birdie au 17 témoigne de son génie, même en position difficile.
Rory escapes trouble on 17. He takes a birdie heading onto 18. pic.twitter.com/QmplsgkTl3
— The Open (@TheOpen) July 17, 2025
Ce -1 est plutôt bien compte tenu de la qualité de son driving et de ses nombreux lâchers côté gauche. Heureusement pour lui, son petit jeu était en mode caviar. Après tout, il n’est qu’à trois coups de la tête. Pour lui et pour tout le peuple d’Irlande du Nord, le frisson peut continuer.
L’autre grand favori du tournoi, Scottie Scheffler, a également rencontré des problèmes de mises en jeu. Seulement trois fairways touchés par le n°1 mondial, voilà qui est inhabituel. Mais ce qui l’est moins, c’est sa présence en haut du leaderboard d’un majeur.
Le double vainqueur du Masters, très précis avec ses fers et efficace sur les greens, a rendu une carte épatante de 68 (-3) alors qu’il a évolué dans les pires conditions du jour. Son putting (+2,23 de stroke gained) était waterproof Il se place à un petit coup de la tête mais surtout en pole position parmi les grands favoris du tournoi.
« La pluie était probablement le défi le plus difficile à relever, davantage que le vent, a commenté le n°1 mondial. J’ai joué du 7 au 13 sous le déluge. Cela affecte vraiment l’impact entre le club et la balle. Mais je m’en suis bien sorti avec mon petit jeu et mon putting. »
Scheffler en mode waterproof
Devant lui avec un petit coup d’avance, ils sont au total cinq à mener le bal.
Ces cinq leaders à -4 ont des profils hétéroclites. Deux d’entre eux sont partis très tôt, avant la pluie diluvienne : le Danois Jacob Skov Olesen, ancien vainqueur du British amateur, a rentré des kilomètres de putt et le Chinois Haotong Li, pourtant réputé imprévisible, a été le seul homme du jour à ne pas commettre le moindre bogey.
Matt Fitzpatrick, dont le pedigree est évidemment plus prestigieux, les a rejoint un peu plus tard, grâce notamment à un birdie tombé du ciel sur le trou signature, le 16, Calamity Corner. Il semble le mieux taillé pour durer dans ces hautes sphères à Portrush.
En fin de journée, au sec mais avec un vent qui s’est renforcé, le Sud-Africain Christiaan Bezuidenhout s’est lui aussi porté tout en haut du leaderboard, notamment avec un eagle au 12.
Langasque meilleur Français, DeChambeau touché coulé
Un eagle que son partenaire du jour, Romain Langasque, a lui aussi signé sur ce par 5 atteignable en deux. A l’image de Rory McIlroy, le natif de Grasse a certes fléchi en fin de parcours (trois bogeys sur ses cinq derniers trous) mais avec un jeu de fers aiguisé, il signe la meilleure « perf » des six Français en lice avec une carte dans le par. A +1, Antoine Rozner et Adrien Saddier ont eux aussi très bien limités les dégâts.
L’autre leader, celui qui aurait pu empocher la mise en toute fin de journée, est l’Américain Harris English, qui a même un temps été seul en tête à -5, avant de trébucher sur le trou n°15. Sur ses sept dernières participations à « The Open », le joueur de l’état de Géorgie n’a pas fait mieux qu’une 46e place. C’est dire à quel point tout est possible dans un premier tour du « British ».
Avec un leaderboard aussi resserré (plus de 40 joueurs en 4 coups), tout reste évidemment possible. Sauf a priori pour ceux qui sont vraiment passés au travers. Les victimes de marque ? Elles sont américaines et elles s’appellent Bryson DeChambeau (+7), qui enregistre là le deuxième tour de son histoire en majeur sans le moindre birdie avec en prime un « air shot », Wyndham Clark (+5), Collin Morikawa et Brooks Koepka (+4).
L’Europe à la fête
On notera aussi que l’Europe est à la fête : les Anglais Tyrrell Hatton, Matthew Jordan (-3) et Justin Rose (-2), les frères Nicolai et Rasmus Højgaard (-2), le vainqueur ici il y a six ans Shane Lowry (-1) ou encore Jon Rahm (-1) ont dompté le par. Tout comme, et c’est plus surprenant, les vétérans du LIV Lee Westwood (-2) et Sergio Garcia (-1). L’air de la Ryder Cup, peut-être…
Mais avec ses inévitables caprices météo, demain est un autre jour…
Le leaderboard
Stuart Franklin/R&A/R&A via Getty Images