Scottie Scheffler s'impose et s'empare de la place de numéro 1 mondial

Scottie Scheffler s’impose et s’empare de la place de numéro 1 mondial

28 mars 2022

Victorieux en finale du WGC Match Play de son compatriote Kevin Kisner, l’Américain Scottie Scheffler est le 25e joueur de l’histoire à se hisser à la place de n°1 mondial. À l’image de sa semaine pleine de sang-froid à Austin, le Texan de 25 ans a changé de dimension en 2022. Il succède à Jon Rahm sur le trône mondial après une époustouflante série de trois victoires en cinq tournois.

C’était une finale presque “logique”. Tout au long de la semaine, le championnat du monde de match play a offert comme à son habitude son lot de surprises, comme le veut l’essence même de la formule. Mais la finale entre le joueur le plus “hot” du moment et l’homme au meilleur ratio (22 victoires, 6 défaites, 1 nul) dans cette épreuve depuis 2016 et son déménagement à Austin était (presque) prévisible.

Scottie Scheffler face à Kevin Kisner. Le récent vainqueur du Phoenix Open, de l’Arnold Palmer Invitational et finaliste l’an passé face au lauréat 2019 et finaliste 2018.

Une finale qui, sur le papier, promettait beaucoup. Une finale entre deux joueurs accrocheurs, coriaces, confiants, qui ont enquillé les birdies et enchainé les “recoveries” pendant cinq jours.

Une finale de durs à cuire

Pour en arriver là, le premier a cependant dû s’extirper non sans mal de son groupe composé de 3 Anglais bien décidés à lui mener la vie dure. Il est même passé tout près de plier bagages après une défaite face à Tommy Fleetwood le deuxième jour et un barrage âpre contre Matthew Fitzpatrick. Scheffler a notamment dû rentrer un putt d’1,80m sur le 5e trou pour rester en vie.

En huitièmes de finale, il a pris sa revanche sur le tenant du titre Billy Horschel, qui l’avait dominé en finale 12 mois auparavant, estourbi en quart de finale le dernier européen encore en lice, Seamus Power, puis éparpillé “façon puzzle” l’ex n°1 mondial, Dustin Johnson, pendant les onze premiers trous (5up), avant de résister au retour de DJ, finalement battu 3&1.

Kisner, lui, n’a laissé que des miettes à ses adversaires : Marc Leishman, Luke List et Justin Thomas écartés en poule. Puis Adam Scott qui s’est sans doute vu “trop beau”, battu sur le fil alors qu’il menait 3up à 4 trous du but. Le moment choisi par “Kiz” pour rappeler aux observateurs qu’il est le joueur qui ne lâche jamais rien.

Will Zalatoris et enfin Corey Conners en demi-finale ont, eux aussi, cédé face au putting acéré du “dur à cuire” de Caroline du Sud, vainqueur de 22 de ses 25 derniers matchs à Austin avant la finale.

Alors oui, ces deux-là n’ont peut-être pas le charisme d’un Jon Rahm ou d’un Rory, mais au regard des enjeux qu’elle représentait pour Scheffler qui visait la place de n°1 mondial et du redoutable caractère de “match player” de Kisner, cette finale valait le coup d’œil.

Birdie-birdie pour commencer

Elle a d’ailleurs débuté par un birdie des deux Américains sur trou n°1.

Off to a hot start 🔥@K_Kisner and Scheffler both birdie to tie the first hole. pic.twitter.com/d9yipozRfj

— PGA TOUR (@PGATOUR) March 27, 2022

La suite, ce fut une rapide main mise de Scheffler : bogey de Kisner au 2, birdies de Scheffler au 4 et au 6.

Une précoce domination du n°5 mondial malgré la pression de l’aboutissement que provoquerait sa victoire. Insensible, Scheffler n’a jamais laissé l’occasion à Kisner d’espérer se mettre en travers de sa route qui le menait tout droit au sommet de la hiérarchie mondiale.

À l’image de cette sortie de bunker rentrée au 12 pour birdie alors que sur le chip précédent, il avait semblé ouvrir la porte à son adversaire, prompt à profiter de la moindre baisse de régime.

From whoops to wow 😲

Scottie Scheffler remains 3UP thru 12 after a roller-coaster hole. pic.twitter.com/Bi5vFrPb7V

— PGA TOUR (@PGATOUR) March 27, 2022

Un faux pas de Kisner au 14 et voilà Scheffler “dormie”. 4up et 4 trous à jouer. Cette fois, pas de retournement de situation puisqu’au 15, ce ne fut qu’une formalité pour le Texan d’égaler le par de son rival.

Ce deux putts l’a propulsée sur le toit du monde, quatre ans simplement après son passage pro. Le placide joueur de 25 ans a pu alors essuyer quelques larmes de joie dans les bras de son épouse Meredith. Il est le nouveau n°1 mondial !

❤️ pic.twitter.com/rgUgFBifNc

— GOLF.com (@GOLF_com) March 27, 2022

« Je ne sais pas quoi dire, je suis si content, jubilait le nouveau roi du golf, épuisé mentalement. J’ai essayé de garder de l’énergie. Je suis cramé. C’est un rêve qui devient réalité, et je suis si heureux que ça se passe sur ce parcours où j’ai joué à de nombreuses reprises pendant mes années universitaires. »

Swing atypique, caractère tranquille

L’avènement de Scottie Scheffler au sommet du classement mondial, c’est aussi la conséquence d’un début d’année en demi-teinte de Jon Rahm, qui abandonne logiquement son trône, et d’une certaine fébrilité de Collin Morikawa, qui a eu plusieurs fois l’occasion de succéder à l’Espagnol.

S’il ne bénéficie pas encore d’une aura immense, Scheffler est un joueur époustouflant, complet, abouti, à seulement 25 ans. Il a grandi au Texas, où il a accumulé les succès universitaires et conquis l’US Amateur Junior en 2013.

2016: 19-year-old fan 🤘

2022: 25-year-old champion 🏆 pic.twitter.com/R8zJiGnckL

— WGC-Dell Technologies Match Play (@DellMatchPlay) March 27, 2022

Véritable machine à birdies quand il est en rythme (il a scoré déjà 59, au Northern Trust Open en 2020), le natif de Ridgewood dans le New Jersey a été désigné rookie de l’année sur le PGA Tour il y a deux ans.

Dès son plus jeune âge, il s’est forgé un swing bien particulier, dont la caractéristique est une étonnante glissade latérale contrôlée de son pied droit au moment de la frappe.

Objectif majeur

Très relax sur le parcours, fervent chrétien, le joueur de Dallas concède volontiers qu’il n’a peur que d’une chose : le vide. Espérons pour lui que cette accession soudaine au sommet du classement mondial ne lui donne pas le vertige.

Lui qui vient de conquérir ses trois premiers grands succès sur le circuit professionnel en l’espace de trois mois (avec un nouveau caddie, Ted Scott, homme providentiel) va désormais s’attaquer à la prochaine étape attendue de son ascension : une victoire en majeur. Ça tombe bien, le Masters, c’est dans moins de deux semaines…