Une journée mémorable, voilà comment résumer les 8 premiers matchs de vendredi en Andalousie dans la rencontre opposant Américaines revanchardes et Européennes assoiffées de victoire.
Par Philippe Hermann (envoyé spécial à Finca Cortesin)
Les chocotes étaient nettement sous les visières des casquettes Europe après une première session écrasée par la domination sans partage des Américaines. Et le public de s’interroger. Dans de telles situations, le bla-bla de comptoir est envahissant, chacun y allant de sa vérité.
Le spectateur, déjà en nombre dès 8h00, se grattait la tête. « Elles ne peuvent pas nous faire ça », disait Robert Wilson. « Nous venons de Glasgow. C’est loin pour être déçus… », juste à côté d’un supporter du Team USA, arrivant de Dallas coiffé d’un stetson rouge, la cravate « stars and stripes » en évidence et le sourire compatissant.
Mais le golf étant la science exacte que nous connaissons, le leaderboard devait changer ses tonalités au fil des trous, se fixant pourtant au rouge entre les trous 8 et 11 quand les USA menaient 1up dans trois parties, en bouchant un coin aux chorales “jaune et bleu” plus bruyantes que mélodieuses.
La dure vérité
Retrouvé au 13, le fan texan était plus grimaçant en voyant alors revenir Stark-Grant à égalité avec Thompson-Khang, idem pour Céline et Georgia au 12. Deux parties partagées et deux autres en rouge où rien ne semblait figé, les Européennes paraissant plus sûres d’elles.
Une impression que gommait le duo des anciennes Hull et Pedersen et son 6 down sur l’aller, alors qu’il était dominateur en 2021, permettant à l’Europe de capter les premiers foursomes.
C’est l’inverse cette fois-ci, Team USA, pas partageur, lui infligeant un sec 4-0 incontestable, une autre première dans l’histoire. C’est bien mal barré…
Vu la tournure du match, au moins à ce stade, il va être très difficile pour l’Europe de gagner sa 3e Solheim d’affilée, tant me semble-t-il, les américaines sont affutées [..] En voyant les 24 joueuses de cette Solheim Cup, je confirme que le proche avenir nous réserve de grands tournois féminins de qualité à travers le monde !
José Maria Olazabal
Ce n’est pas fini les filles !
Restent encore vingt-quatre points à prendre, en commençant par les 4 balles de l’après-midi. On ne discute pas les désirs de Capitaine Pettersen pour cette formule de jeu que les européennes apprécient plus.
Comment voyait-elle la résistance ?
Réservées en matinée, Drysburgh et Sagstrom se retrouvaient face à Zhang-Khang, du costaud, et perdaient le 1er trou. A Maguire, la capitaine décidait cette fois d’associer Hall, excellente en foursomes.
Conséquence Céline Boutier, pourtant la meilleure européenne sur le papier, était reléguée au rang des spectatrices. Autre duo défait celui d’Emily Pedersen, Charley Hull. L’Anglaise laissait sa place à Maja Stark.
Sa compatriote Linn Grant revenant associée à Carlota Ciganda.
Brèves de comptoir
A nouveau, discussion dans les rangs. « Elle peut mettre qui elle veut, ça ne le fera pas », disait un connaisseur de bistro.
Mais c’est bien la joueuse de Pampelune, seule à avoir remporté les championnats d’Espagne dans toutes les catégories (de poussin à professionnelle) qui marquait enfin un point au tableau tout provisoire et au trou suivant sur un autre birdie.
Ollie aime
Un autre connaisseur, un vrai celui-ci, croisé entre les parties et très accaparé par les mômes. « Por favor ! », le marqueur au bout des dix petites mains.
« Vu la tournure du match, au moins à ce stade, il va être très difficile pour l’Europe de gagner sa 3e Solheim d’affilée, tant me semble-t-il, les Américaines sont affutées ».
José Maria Olazabal, vice-capitaine du team européen de la très prochaine Ryder Cup, a son idée à propos du golf féminin. « Il croît et embellit. Il va bien mieux qu’à l’époque où j’étais actif sur le European Tour. En voyant les 24 joueuses de cette Solheim Cup, je confirme que le proche avenir nous réserve de grands tournois féminins de qualité à travers le monde ». On ne peut qu’être d’accord.
Plus vite serait un mieux
Le match 6 est en jeu depuis 13h55. Il est 17h00 et il n’est qu’au départ du 9 où le duo Thompson-Vu est 1 down face à Maguire et Hall.
A mi-parcours, l’Europe se faisait plaisir en menant deux parties 1 up, juste accrochée par Kupcho-Corpuz dans la suivante, avec une partie partagée. Ça sonnait mieux qu’au matin, mais insuffisant, puis pas loin d’un juste milieu une heure plus tard, l’Europe était revenue virtuellement à un demi-point.
Et les vainqueurs sont…
Et voilà le money-time. All square ou 1 up, tout peut changer sur les deux derniers trous, sauf pour le match de Ciganda et Grant, à l’abri d’un 3 up avec quatre trous à jouer.
Un demi-point était sauvé au 18 par Dryburgh-Sagstrom sur Zhang-Khang. Inattendu !
Another point for Europe! 🇪🇺
In her home country, Carlota Ciganda earns a point alongside Linn Grant 👏#SolheimCup2023 pic.twitter.com/OtXXItKzKf
— LPGA (@LPGA) September 22, 2023
Thompson passait de 1 up à 1 down, à square, et sa pièce finissait finalement très mal sur une socquette digne d’un handicap 24 offrant le point à Maguire-Hall.
Europe 2,5 à 1,5.
Restait à régler un autre aller-retour du match intime Kupcho-Pedersen au 18. Un autre gain bleu-jaune, et le Team Europe retrouvait ses quatre pattes ou presqu’au leaderboard, la gabegie matinale oubliée ou presque.
Malgré un putt au cordeau de Kupcho, Pedersen l’égalisait comme leur match. Et au tableau, le 3 à 1 rejoignant le 4 à 0 matinal, cela donnait un 5 -3 de bonne façon où le trou-en-un de Pedersen au 12 rassemblait son team.
Sur trois pattes, on peut encore faire bien.