Dans la foulée du BMW PGA Championship où il n’a pas passé le cut, Matthieu Pavon est au départ de la 107e édition du FedEx Open de France. Le Bordelais, lucide sur sa très difficile saison 2025 sur le PGA Tour, fait le dos rond. En espérant des jours meilleurs en 2026, avec son ex-nouveau coach aux manettes, le Sud-Africain Jamie Gough.
Propos recueillis par Lionel VELLA, à St-Nom-la-Bretèche
GOLF PLANETE : Dans quel état d’esprit êtes-vous cette semaine pour cette première pour vous à St-Nom-la-Bretèche en mode Open de France ?
Matthieu PAVON : Je suis dans un très bon état d’esprit. Comme vous le savez, j’ai repris avec mon ancien coach, Jamie (Gough). La complicité est revenue tout de suite. Cela fait 10 jours qu’on travaille dur. Les sensations sont bonnes. Cela me fait beaucoup de bien d’être là. Je n’avais joué qu’une seule fois 18 trous ici dans le passé. Je ne sais plus sur quel parcours d’ailleurs. Par rapport au Golf National où on a pu se créer des traumatismes sur certains coups manqués, c’est un peu comme si on était devant une page blanche. C’est génial de découvrir un nouveau parcours. C’est un endroit qui a énormément de charme par rapport au Golf National. Tout est réuni pour faire un super Open de France.
G.P. : Cet été, vous avez décidé de mettre fin à votre collaboration avec Mark Blackburn pour revenir, comme vous l’avez dit, avec votre ancien coach. Pour quelle raison finalement ?
M.P. : Il y en a eu plusieurs. J’avais un club qui traînait un peu plus derrière moi. C’est pour ça que cette saison, j’ai manqué beaucoup plus de coups à gauche. Jamie a tout de suite cerné les priorités. On est revenu sur des basiques beaucoup plus neutres. J’avais un grip de main gauche qui devenait plus fort, j’avais les mains pas mal en avant. Il y avait des petites choses qui ne me plaisaient pas forcément dans la mise en place, donc on a rééquilibré ça. On retrouve des sensations qui sont familières, des trajectoires de balles aussi qui sont familières, des manqués qui sont familiers. C’était un peu ça l’année dernière. Cette année, il y avait des incompréhensions sur certains coups que je tapais, je ne comprenais pas pourquoi je manquais à certains endroits. Donc on rééquilibre gentiment la balance.
G.P. : Avec le recul, regrettez-vous ce changement ?
M.P. : On n’a pas tout mis à la poubelle de ce qu’on a vu avec Mark. Il y a des choses qu’on a apprises, des choses qui nous sont utiles pour corriger les erreurs qu’on avait faites et qui ne me plaisaient pas quand j’ai décidé de faire le changement entre Jamie et Mark. Après, c’est sûr qu’il va falloir encore pas mal de travail, parce que ça ne se fait pas en une ou deux semaines. En fait, ce n’est pas le changement que je regrette, c’est ce qui m’a amené à changer. Je pense que j’aurais pu gérer des choses différemment avec Jamie dans notre dialogue, sur ce que je voulais et ce que lui voulait, dans l’échange avec mon équipe aussi, je pense que j’aurais pu mieux gérer ces choses-là qui m’auraient amené à prendre peut-être une décision un peu différente.
Après, il y a aussi ce fameux luxe d’avoir cette exemption de la carte du PGA Tour (Ndlr, jusqu’à fin 2026 grâce à sa victoire au Farmers Insurance Open). À cette époque, j’étais dans le top 25 mondial, et j’essaie toujours d’aller plus haut. Je sentais des faiblesses dans certains compartiments que je voulais vraiment aller gratter pour devenir meilleur. C’était l’année parfaite pour essayer. Malheureusement, ce n’est pas facile, mais il y a plein de choses que je vais utiliser encore aujourd’hui qui viennent de l’enseignement de Mark, et je trouve ça intéressant.
J’ai eu des périodes où j’étais au téléphone en pleurs avec ma femme à l’autre bout du fil. C’était dur pour moi, à dire que je pensais qu’au fond de moi, malgré tous les efforts que je produisais, je ne deviendrais jamais un champion.
G.P. : Comment vivez-vous actuellement cette période plutôt difficile pour vous en termes de résultats ?
M.P. : C’est plutôt dur, on ne va pas se le cacher. Je suis un compétiteur et je n’aime pas manquer des cuts. Ce n’est pas facile. Perdre, me faire battre… Ce n’est jamais plaisant. J’ai eu des périodes où j’étais au téléphone en pleurs avec ma femme à l’autre bout du fil. C’était dur pour moi, à dire que je pensais qu’au fond de moi, malgré tous les efforts que je produisais, je ne deviendrais jamais un champion. C’était dur pour moi, mais bon, au final, j’ai fait le dos rond. On y va comme si on sortait de l’hôpital, un pas après l’autre. Et puis chaque jour devient meilleur, et on recommence à avoir un ou deux bons tournois, et tout de suite, on se lance dans une nouvelle dynamique. Et j’ai gardé cet état d’esprit : toujours continuer de travailler. Cela m’a permis d’atteindre pas mal de mes rêves.
G.P. : La semaine prochaine, il y a la Ryder Cup. A quel moment avez-vous compris que cette compétition se disputerait sans vous ?
M.P. : Assez tard finalement. On n’est pas l’abri de faire un bon Scottish Open, de faire des résultats au British, et dans la foulée à Crans. Pour moi, ça se joue sur les 5 derniers tournois avant la sélection. J’avais prouvé ma première année que je pouvais bien jouer, être capable de gagner. On sait que Luke (Donald) attendait de prendre des joueurs en forme au bon moment. Højgaard et Åberg ont été pris sur les derniers tournois (en 2023 avant la Ryder Cup à Rome). Avec Noren, l’exemple est frappant. Si la sélection s’était achevée après Wentworth, aurait-il été sélectionné en tant que joueur ? C’est sur cette phase que j’ai compris que je n’irai pas à la Ryder Cup.
G.P. : Vous n’allez pas vous aligner à l’Open d’Espagne (9-12 octobre) que vous avez pourtant remporté en 2023 mais vous serez à la FedEx Cup Fall. Quel est l’intérêt pour vous d’y prendre part ?
M.P. : L’Espagne, je n’y ai pas pensé car mon rêve, c’est toujours de jouer aux Etats-Unis. C’est de gagner aux Etats-Unis. Pour les Falls Series, il y a plusieurs objectifs. Je jouerai le Sanderson (Ndlr, Farmers Championship, du 2 au 5 octobre). On va commencer par ça. Je veux avoir du temps pour bosser physiquement, et avec Jamie. C’est la priorité. Jouer les Falls, c’est aussi parce que les points mondiaux sont meilleurs qu’en Europe, à part les playoffs aux Emirats sur le DP World Tour. Gagner là-bas, c’est aussi synonyme d’exemption. Il y a tout à gagner. Jouer en Europe, c’est moins intéressant. Je me projette sur le PGA Tour pour les dix prochaines années, jouer le plus longtemps possible. Jouer en Europe, ça m’excite un peu moins (rires).
Photo : Ffgolf