
Alors que la 45e Ryder Cup de l’histoire vient tout juste de s’achever sur une victoire épique de Team Europe à Bethpage Black – la 5e sur le sol américain depuis 1987 – on pense d’ores et déjà à la prochaine qui se tiendra du 17 au 19 septembre 2027 en République d’Irlande, au Adare Manor. Luke Donald enchaînera-t-il avec un 3e mandat en tant que capitaine ? Rien n’est moins sûr !
L.V.
Avant de fêter dignement la victoire avec « ses gars » comme il l’a répété si souvent durant ces trois jours de duels échevelés face aux Américains à Bethpage Black, Luke Donald, micro en mains et répondant devant les supporters européens déchaînés aux questions de la maitresse de cérémonie, a écourté sa réponse quand celle-ci lui a demandé s’il serait à la tête de l’équipe européenne en 2027 au Adare Manor, hôte de la 46e Ryder Cup de l’histoire. « Je vais d’abord profiter de ce soir, merci ! »
Présenté comme le meilleur capitaine européen de toute l’histoire de la Ryder Cup, vanté par tous ses joueurs pour son talent d’organisateur, soucieux du moindre détail, Luke Donald fait l’unanimité autour de lui. Mais a-t-il encore les ressources physiques et surtout mentales pour poursuivre l’aventure alors qu’il est aux manettes depuis juin 2022 et le départ soudain du Suédois Henrik Stenson, alors désigné depuis quelques mois capitaine, sur le LIV Golf ?
Imiter Tony Jacklin ?
Pas sûr. La fonction est passionnante mais aussi éreintante. A bientôt 48 ans (le 7 décembre prochain), l’Anglais domicilié en Floride, à Jupiter Island, a-t-il envie de repartir pour plus de deux ans de prospection et de présence sur les deux circuits principaux, pourvoyeurs de ses forces vives, le PGA Tour et le DP World Tour ? La mission est pourtant alléchante puisqu’il pourrait rejoindre dans la légende l’Anglais Tony Jacklin, capitaine vainqueur au Belfry en 1985 (une première depuis… 1957) puis à Muirfield Village (Ohio) deux ans plus tard avant de conserver encore le trophée en 1989 en arrachant le match nul (14-14), toujours au Belfry ?
Une chose est sûre, Ryder Cup Europe devrait annoncer le nom du futur (ou actuel) capitaine entre les mois de décembre et janvier 2026. En cas de refus de Luke Donald, car il faut évidemment l’envisager, qui pourrait lui succéder ? Voici ci-dessous ceux qui seraient susceptibles de le remplacer.
Justin Rose, le successeur désigné
Grand artisan du succès des Européens à Bethpage (2 victoires en 3 matches), Justin Rose aura 47 ans le 30 juillet 2027. Sera-t-il encore compétitif pour espérer faire partie de l’équipe en tant que joueur ? Difficile à dire même si son nom a été très souvent avancé pour succéder à Luke Donald. Une chose est certaine, il correspond au portrait-robot d’un capitaine à la fois respecté de ses pairs et affichant l’un des plus beaux palmarès en Ryder Cup (16 victoires, 10 défaites, 3 nuls, vainqueur en 2012, 14, 18, 23 et 25).
Francesco Molinari, le sage
Vice-capitaine en 2023 puis cette année à Bethpage Black, Francesco Molinari a été l’un des plus proches « collaborateurs » de Luke Donald. L’Italien, héros de la Ryder Cup 2018 au Golf National avec 5 victoires en 5 matches (dont 4 en doubles avec Tommy Fleetwood), transpire la sagesse et sait distiller les « mots qu’il faut » aux joueurs quand le besoin s’en fait sentir.
Edoardo Molinari, le maître statisticien
Dans la famille Molinari, je demande aussi le frère, Edoardo. Adjoint comme Francesco de Luke Donald lors des deux dernières Ryder Cup, Edoardo Molinari est le maître statisticien de l’équipe européenne. Plusieurs joueurs du Tour européen lui font aussi une confiance quasi aveugle dans ce domaine. A ce titre, il se place comme un sérieux candidat au capitanat.
Harrington, une deuxième chance ?
Programmée en République d’Irlande, cette 46e Ryder Cup pourrait également être drivée côté européen par un… Irlandais. On pense bien sûr ici à Padraig Harrington mais le triple vainqueur en Majeur, 54 ans, était capitaine lors du « désastre » de Whistling Straits en 2021 (19-9). Ryder Cup Europe peut-elle lui redonner une chance ? Battu à Medinah en 2012, Davis Love III avait été reconduit en 2016 à Hazeltine. Et les Américains n’avaient fait qu’une bouchée des Européens. Alors pourquoi pas ?
Les exilés du LIV Golf partent de très loin…
Si les profils de Lee Westwood, Ian Poulter ou de Graeme McDowell sont également très intéressants, ces trois-là, pourtant « héros européens » de la Ryder Cup, n’ont guère de chance de voir leur « dossier » placés en haut de la pile. Ils ne sont plus membres du Tour européen et leur « exode » sur le LIV Golf n’a rien arrangé dans leurs relations déjà conflictuelles avec les instances européennes. A moins qu’ils ne fassent machine arrière d’ici-là (en payant notamment leur amende) et redeviennent de facto éligibles.
A l’image d’un Sergio Garcia par exemple qui est « rentré » dans le rang après avoir payé ses amendes à la fin de l’année 2024. Le recordman de points en Ryder Cup (28,5) peut être une alternative en Irlande même si on le verrait plutôt diriger l’équipe en 2031, chez lui, en Espagne, au Camiral Golf & Welness.
Photo : Scott Taetsch / PGA of America