Après deux années à arpenter les fairways du PGA Tour, Samuel Bernard (à gauche sur la photo), 38 ans et en quête de nouveaux challenges, se livre à Golf Planète sur son expérience de cadet outre-Atlantique. La fin de son association avec Matt Wallace, sa vie aux États-Unis et son regard sur le métier de cadet… Entretien avec le premier Français vainqueur sur le circuit américain.
Propos recueillis par Dimitri Martin
Après deux ans d’une riche association avec le joueur anglais Matt Wallace, vous avez décidé de mettre un terme à cette collaboration ces derniers jours. Comment vivez-vous tout cela ?
Ca s’est fait naturellement. D’un commun accord on a décidé d’arrêter, on s’est aperçu qu’on était arrivé à la fin de notre association. Je porte certaines valeurs et ça n’entrait plus dans le cadre de cette collaboration professionnelle. J’avais décidé de couper trois semaines avant le retour de Matt en Europe et on voulait faire le point après ça. Pendant ce temps, il a obtenu de très bons résultats avec l’ex-cadet de K.H Lee, Daniel Paratt (2e en République Tchèque). Ca nous a confortés dans notre décision, selon laquelle il était temps d’arrêter.
Thankyou Sam for all the memories we have created together and all your hard work. This chapter ends between us for now but who knows about the future? 1 win and a few close calls but most importantly I can call you a friend and a great caddy. Merci! 🇫🇷🏴 pic.twitter.com/NSiJHXSQDI
— Matt Wallace (@mattsjwallace) September 3, 2023
Que garderez-vous de votre relation avec Matt Wallace ?
C’était bien-sûr une relation professionnelle que nous entretenions, mais ça n’a jamais empêché de développer une très grande camaraderie entre nous. Matt est quelqu’un de très intense sur le parcours, de très émotif aussi. Les échanges ont pu être parfois assez forts. Mais après 20-30 minutes à faire le vide chacun de son côté après la partie, on se retrouvait avec grand plaisir pour aller boire un verre ou manger au restaurant par exemple.
J’aurais peut-être dû être plus empathique avec Matt. Mais mon rôle est de permettre au joueur de rester dans l’instant présent sur le parcours
On se souvient de ce côté très éruptif lors d’une vidéo qui avait fait le buzz au mois de mars dernier où un échange plutôt vif avait eu lieu entre vous. Comment abordiez-vous ce côté-là et est-ce que le rôle d’un cadet est aussi celui d’être empathique ?
C’est marrant de ressortir cette anecdote parce que ce n’est pas forcément l’échange le plus tendu qu’il a pu y avoir entre nous. Surtout ça a eu un impact super positif autant pour lui que pour moi. Ça a fait le buzz aux USA et au niveau des sponsors ça nous a permis quelques petits bonus.
Mais pour répondre au côté gestion de l’émotion, je ne sais pas vraiment… C’est une bonne question. Je suis quelqu’un de très analytique. Mon rôle avant tout c’est de permettre au joueur de rester dans l’instant présent. Je travaille énormément le côté statistique pour apporter la meilleure réponse possible aux besoins du moment. En ce qui concerne l’empathie, ça va dépendre de chaque profil de joueur. Avec Matt c’est certain que j’aurais dû développer davantage cet aspect-là dans notre relation sur le parcours.
Avec le recul de ce que vous avez fait sur le PGA Tour pendant 2 ans, quel regard portez-vous sur votre victoire au Corales Punta Cana ?
Gagner sur le PGA Tour, c’est clairement mon plus grand accomplissement. Gagner ce n’est jamais évident. C’était déjà le cas quand je me suis initié au métier de cadet avec Romain Langasque et que nous avions gagné ensemble. C’est un super sentiment d’être le premier à gagner sur le PGA Tour, mais ce n’est pas aussi fort que l’émotion du joueur. On ne peut pas non plus se laisser submerger par l’émotion parce que dès la semaine d’après tout est remis en question. D’ailleurs ce fut clairement l’apogée de notre association, parce que les résultats n’ont plus été bons par la suite. Une 28e place la semaine suivant la victoire au Valero Texas Open, fut le meilleur résultat du reste de la saison.
Après une victoire, on ne peut pas se laisser submerger par l’émotion.
Pendant cette période, comment viviez-vous votre vie aux États-Unis ?
Le golf prend bien sûr énormément de temps. C’est mon métier. Mais ce n’est pas toute ma vie et c’est important de ne pas l’oublier. Quand je n’étais pas avec Matt, je passais beaucoup de temps avec les caddies sur le tour. Je m’entends très bien avec eux et notamment les caddies français que j’espère voir arriver vite sur le PGA Tour l’an prochain comme Sébastien Clément (cadet de Matthieu Pavon) Patxi Londaitz (Antoine Rozner) et Tom Ayling (Rasmus Hojgaard).
Après ces trois semaines, quelle sera la suite à donner à votre carrière ?
Je suis à Dublin cette semaine pour donner un coup de main si besoin et trouver un sac pour Wentworth la semaine prochaine. Mais ça ne va pas être simple. En tout cas, il faut se montrer. Faire savoir aussi que je suis disponible de nouveau. Mon ambition est de rester sur le PGA Tour et pour y rester il faut absolument être sur place. C’est la raison pour laquelle je vais retourner au Sanderson Farms Championship dans le Mississippi la semaine après la Ryder Cup. Vous me verrez sur les practices c’est sûr.
Photo by Stacy Revere/Getty Images