
En total contrôle, Scottie Scheffler a claqué un épatant 64 (-7) pour s’emparer des commandes de l’Open britannique après deux tours. Le n°1 mondial semble avoir déjà les cartes en main pour conquérir sa première Claret Jug, même si l’Anglais Matt Fitzpatrick le talonne. Romain Langasque, Antoine Rozner et Adrien Saddier ont franchi le cut.
De notre envoyé spécial à Portrush, Stefan Colin
Quand Matthew Fitzpatrick a rentré un putt de 7 mètres sur le trou n°18 du Royal Portrush sous un magnifique soleil couchant, devant un public britannique conquis, on croyait tenir l’image iconique du jour. Le petit anglais, vainqueur de l’U.S. Open en 2022, faisait un beau leader. Son 66 du jour avec un total de huit birdies l’avait placé seul en tête à -9.
Giving it everything until the end.
Fitzpatrick saves par to remain at nine-under going into the weekend. pic.twitter.com/xA7vcyLcBH
— The Open (@TheOpen) July 18, 2025
La météo pas si mauvaises
Mais cette fin de 2e tour à Portrush a offert dans sa dernière heure de jeu d’autres scènes à couper le souffle. Pour la majorité d’entre elles, elles ont été signées Scottie Scheffler. Le « big boss » s’était élancé en milieu d’après-midi dans des conditions de jeu idéales, sans le moindre souffle vent, et le célèbre de links de Portrush a eu du mal à résister à sa précision fers et putter en main.
Au début du retour, deux énormes averses sont venues perturber quelque peu sa démonstration. Mais ces gros nuages noirs étaient trop passagers pour le stopper dans son élan.
Et quand la lumière est réapparue, offrant même un arc-en-ciel magnifique sur la côte, la magie Scheffler a de nouveau opéré. Son duel au soleil couchant s’est déroulé à distance avec Fitzpatrick, déjà au club-house. Etc’est le n°1 mondial qui l’a emporté.
Birdie au 16 sur le trou signature. Birdie au 17 pour prendre seul la tête. Le décor était sublime. Le jeu de Scheffler tout autant. 64. Huit birdies. Un seul bogey au plus fort du déluge. Et encore, il a manqué un neuvième birdie d’un souffle sur le 18. Ce fut du très grand golf.
Making his move.
Scottie Scheffler is into the joint lead. pic.twitter.com/nGy4mVP4oE
— The Open (@TheOpen) July 18, 2025
Fitzpatrick-Scheffler, duel au soleil couchant
Le meilleur joueur du monde s’est emparé de la tête du tournoi avec la manière.
A dire vrai, la démonstration de force de Scottie Scheffler n’a surpris personne. Déjà lors des parties du matin, on pouvait s’étonner que les ténors n’aient pas profiter davantage des conditions de jeu extrêmement clémentes que Dame Nature a offert ce vendredi à Portrush. Une petite brise n’est pas suffisante pour permettre à un parcours links roulant de se défendre face à des tels joueurs.
Le vainqueur du « British » à Liverpool il y a deux ans, Brian Harman, avait certes claqué un 65 pour se propulser en tête. Robert MacIntyre s’était replacé aux avant-postes à la faveur d’un joli 66. Mais Rory McIlroy, notamment, n’avait pas su mettre le feu au parcours et enflammer son public qui n’attendait pourtant que ça. Sans pour autant mal jouer (69), on se doutait que le « local hero » allait perdre du terrain.
Deux sérieuses ondées, on l’a dit, ont un peu corsé l’affaire pour les joueurs de l’après-midi. Mais cela n’a pas été suffisant pour gêner Haotong Li, un attaquant dans l’âme qui aura attendu le 32e trou de son tournoi pour trébucher une première fois (son unique bogey). Le Chinois a rejoint momentanément en tête Brian Harman à -8. Avant que Fitzpatrick et Scheffler n’occupent le devant de la scène.
Le ciel est sa limite
Matthew Fitzpatrick a vécu une première partie de saison 2025 très difficile, mais le joueur de Ryder Cup montait en puissance ces dernières semaines. Sa quatrième place la semaine passée au Scottish Open, notamment, en témoigne. Elle avait fait de lui un sérieux outsider pour cet Open britannique. Sa présence en haut du leaderboard, en position de dauphin derrière le meilleur joueur du monde, n’est pas une surprise.
Mais la première place de Scheffler après deux tours l’est encore moins. Très malheureux au putting à North Berwick au point d’en perdre son calme, il est incroyablement efficace sur les greens à Portrush. Une vraie transformation. Dans ce domaine, il est tout simplement le meilleur du champ avec un stroke gained de +6,61. Le double vainqueur du Masters est déjà intouchable dans le grand jeu, alors si le putting s’en mêle, que faire pour ses adversaires… Le ciel est sa limite.
Qui va pouvoir l’inquiéter ce week-end ? Évidemment ses rivaux n’ont pas dit leur dernier mot. On pourrait aussi arguer que tout est possible sur un links, que les caprices de la météo peuvent changer beaucoup de choses. Sauf que désormais, les bulletins météo qui annonçaient presque l’enfer aux joueurs en début de semaine sont désormais au beau fixe.
Le manque d’expérience de Scheffler sur ces parcours ventés ne devrait pas être un handicap. En résumé, il a toutes les cartes en main.
Les Français reçus trois sur six
Le peloton de chasse est quand même composé de durs à cuire. Fitzpatrick, Harman, MacIntyre sont des joueurs de caractère. Il y a là aussi Tyrrell Hatton, l’Anglais râleur mais attachant du LIV. Il y aussi l’étonnant Chris Gotterup, qui confirme son aisance sur ces parcours après son triomphe au Scottish Open. Il y a aussi le talentueux Rasmus Højgaard, capable de sortir des scores très bas. Son jumeau Nicolai est juste derrière.
A -3 et donc avec sept coups de retard, le héros du peuple d’Irlande du Nord Rory McIlroy est sans doute un peu trop loin pour espérer revenir à hauteur d’un champion en totale contrôle. Mais le suspense n’est pas éteint. Il reste 36 trous à jouer.
Trois Français auront eux aussi leur chance de briller ce week-end. Romain Langasque et Antoine Rozner ont réussi beaucoup de belles choses dans le grand jeu pour finir dans le par total, avec un score presque frustrant vu leur qualité de frappes de balles. Adrien Saddier, qui faisait ses grands débuts en majeur, s’est accroché avec panache pour aller chercher une très belle « qualif ».
Quant à Julien Guerrier, Martin Couvra et Matthieu Pavon, ils ont reconnu avec beaucoup de franchise qu’ils n’avaient tout simplement pas assez bien joué pour prolonger leur semaine dans un tournoi au décorum de rêve. Et dont le leader avait revêtu aujourd’hui des habits de lumière…
Le leaderboard
Stuart Franklin/R&A/R&A via Getty Images