Dans une fin de journée dantesque, sous le déluge et dans la tempête de vent, l’Américain Billy Horschel, souvent malheureux en Majeur et plus encore à « The Open », est pourtant en tête à Troon avant le dernier tour. Devant une meute de poursuivants où figurent Xander Schauffele, Justin Rose ou encore l’étonnant Daniel Brown, 272e mondial, longtemps leader. La météo a été encore une fois au centre de tous les événements à Troon.
De notre envoyé spécial à Troon, G.B.
Il reste un dernier tour à jouer et peut-être plus mais déjà, le 152e Open britannique est entré dans les annales. Bien sûr, la riche histoire de « The Open » recèle de journées de très mauvais temps. Dame nature a souvent joué le premier rôle dans ce tournoi unique. Mais depuis trois jours, tous les records en la matière ont peut-être été battus.
Jeudi et surtout vendredi, la tempête de vent avait emporté beaucoup de champions, vaincus par les éléments. Ce samedi, c’est un déluge de pluie accompagné d’un vent à l’opposé de ces deux premières journées qui a mis les leaders au supplice. Ce fut un « Moving Day » assez dingue. Les joueurs, les caddies, les spectateurs, ont terminé la journée transis de froid, trempés et sûrement tous épuisés. Mais quel spectacle !
Dans ce « British » complètement fou, il est presque logique finalement que le leader soit un joueur inattendu. Billy Horschel, 37 ans, a une belle carrière derrière lui déjà (8 victoires sur le PGA Tour), mais en 42 Majeurs disputés, il n’a jamais brillé dans ces grands rendez-vous (un seul top 5). Et plus encore à The Open où il a manqué six cuts lors de ses neuf premières participations. Personne n’aurait misé un penny pour l’imaginer en tête après trois tours.
Un après-midi de chien
Mais dans une partie où il a semblé s’amuser comme un petit fou à se bagarrer contre le parcours en compagnie d’un autre vétéran, Justin Rose (43 ans), le Floridien, coiffé d’une casquette à l’envers (sacrilège !) et bras nus (!), a été tout simplement extraordinaire. Les trous du retour étaient pourtant dantesques dans cet après-midi de chien avec ce déluge et ce vent de face à plus de 40 km/h.
Au 17, un long par 3, beaucoup de joueurs ont empoigné le drive. Quant au 15, un par 4 costaud, il était carrément impossible d’envisager de l’atteindre en deux. C’est dans le petit jeu notamment, que Horschel a été époustouflant.
Billy Horschel with a brilliant shot from the bunker on the 14th.
He has that to save par and remain tied for the lead. pic.twitter.com/sCxqCO12Ig
— The Open (@TheOpen) July 20, 2024
Son score de 69 (-2) est bien sûr aussi la conséquence d’un superbe aller (-4) joué vent avec, dans des conditions encore à peu près clémentes.
« J’ai toujours aimé la dureté, les grands défis. J’ai toujours apprécié. Je pense que c’est la meilleure façon de s’en sortir quand c’est dur. Apprécier cette difficulté« , a philosophé Horschel en arborant un grand sourire après sa drôle de journée.
Daniel Brown, leader clope au bec
William John Horschel de son vrai nom est donc seul en tête à -4.
On a longtemps cru que la vedette lui serait volée par un joueur encore moins attendu que lui. Après tout, cet Open est tellement fou qu’un Anglais de 29 ans, 272e mondial, venu des qualifications, clope au bec sur le parcours, aurait fait belle figure tout en haut du leaderboard.
Leader of the Open playing 18! pic.twitter.com/QIiNFWATCP
— Kyle Porter (@KylePorterCBS) July 20, 2024
Daniel Brown a, certes, gagné un tournoi du DP World Tour l’an passé, mais la lecture de ses derniers résultats peut laisser perplexe.
Ses huit dernières sorties ? Cut, cut, abandon, cut, cut, cut, cut et 61e au Scottish Open. Et donc le barbu du Yorkshire a longtemps résisté à tout, aux éléments, à la pression. Il a longtemps été seul en tête de son premier Majeur. Grâce à un soupçon de réussite, comme ce birdie au trou n°7 alors qu’il avait drivé sur… le green du 8, le »Postage stamp », au risque de blesser le Sud-Africain Dean Burmester.
Mais il a tapé aussi des coups de grande classe.
Daniel Brown converts this approach for birdie to lead The 152nd Open by 1 shot. pic.twitter.com/TghMp2ZgTV
— The Open (@TheOpen) July 20, 2024
Lowry craque, pas Scheffler
Son finish manqué (bogey au 17, double bogey au 18) le fait reculer au 2e rang. Une deuxième place où l’on retrouve aussi Justin Rose, auteur d’un 73 (+2) plein de courage. Le n°3 mondial Xander Schauffele est là, lui aussi, tout près, après un 69 qui force le respect. Russell Henley a été l’homme du jour avec un 66 en forme d’exploit sous les yeux d’un Matthieu Pavon en souffrance (77). Le Français a cédé, il n’a pas été le seul à l’image du celui qui était seul en tête ce matin, Shane Lowry, lui aussi auteur d’un 77.
Un autre Américain, Sam Burns, et le Sud-Africain Thriston Lawrence sont également deuxièmes à un coup de la tête, grâce à des cartes record pour cette semaine de 65 (-6). Mais l’un et l’autre ont bénéficié de conditions météo bien plus clémentes. C’est aussi ça le charme de « The Open ». Savoir profiter du bon « tirage ».
On n’oublie pas que dans le top 10, avant un dernier jour qui s’annonce encore très pluvieux (sinon ça ne serait pas drôle…), un certain Scottie Scheffler est là, tout près, à deux coups.
Le n°1 mondial a encore une fois été en délicatesse avec son putting. Mais il a résisté, résisté. Et il a frappé le coup du jour sur le trou n°17, même s’il y a eu aussi un trou en un ici-même un peu plus tôt. Mais Dame Nature vous le dira, ce n’était pas du tout la même histoire entre ce matin et cet après-midi.
Brilliant approach on the par-3 17th from world number one, Scottie Scheffler. pic.twitter.com/F7s8NAR4kY
— The Open (@TheOpen) July 20, 2024
Neuf joueurs sont encore sous le par après 54 trous. Un chiffre qui risque bien d’être à la baisse dimanche soir. Avec la météo qui s’annonce, avec 24 joueurs qui se tiennent en six coups, on n’est pas à l’abri de nouvelles surprises. Ni à l’abri d’une nouvelle douche écossaise.
Le leaderboard
©Glyn KIRK / AFP