
Romain Langasque va disputer, à 30 ans, son sixième Open britannique. Le natif de Grasse a une revanche à prendre sur le sort, lui qui avait dû abandonner dans ce tournoi l’an passé en raison d’une blessure au dos. Plutôt bien dans la balle d’après nos impressions, il s’est préparé de la meilleure des manières pour défier le parcours de Portrush, qu’il connaît bien puisqu’il avait joué l’édition 2019 du « British » ici même. Le plaisir de jouer The Open est toujours aussi grand pour lui…
De notre envoyé spécial à Portrush, Stefan Colin
GOLF PLANETE : Comment allez-vous, comment vous sentez-vous à la veille de jouer un nouvel Open britannique ?
ROMAIN LANGASQUE : J’ai fait une très bonne « reco » hier, une très bonne « reco » aujourd’hui, ça va bien… Mon jeu monte fort en puissance, je me sens de mieux en mieux. Vraiment, c’était top.
G.P. : Aujourd’hui mercredi lors des neuf trous de l’aller joués avec Martin (Couvra) et Sahith Theegala, il faisait un temps parfait, grand soleil, très peu de vent. Qu’est-ce que ça vaut comme repérages quand on sait qu’il va faire un temps beaucoup plus difficile jeudi pour le premier tour ?
R.L. : C’est sûr que ce matin, ce n’est pas vraiment la réalité de ce qui nous attend pour le tournoi. Même hier, on a joué avec un vent qui soufflait à l’opposé de ce qu’il sera jeudi et vendredi. Le parcours sera complètement différent. Mais les repères pris vont compter. Regarder les roughs. Les alentours des greens. Essayer des coups dans les bunkers. Voir quel club passe, quel club ne passe pas. C’est de l’observation plus que du jeu mais c’était très agréable de travailler dans ces conditions parfaites parce que ça permet de prendre le temps et de ne pas batailler avec la pluie et le vent.
G.P. : C’était comment cette partie partagée avec Martin et Sahith Theegala ?
R.L. : Theegala, il performe aux Etats-Unis, mais quand il est à nos côtés, on s’aperçoit qu’il est comme nous, il a deux bras, deux jambes (sourire)… La seule vraie différence, c’est qu’il joue absolument sans stress quand il rate un coup en reconnaissance. Toujours « chill ». C’est ce que je retiens le plus dans l’attitude globale des Américains.
Martin, on passe beaucoup de temps parce qu’on a le même coach (Mathieu Santerre). Cela fait 5 ans qu’on passe du temps ensemble. Cela fait deux ans qu’on s’entraîne tout le temps ensemble. Je savais qu’il était très bon. Mais entre très bon et ce qu’il a fait en début d’année, il y a une différence. Il est consistant, bon sous pression. C’est impressionnant.
Martin (Couvra), sa présence me stimule, il me tire vers le haut. C’est un super « gamin ».
G.P. : Est-il une source de motivation pour vous ?
R.L. : Absolument. Mon objectif est d’aller sur le PGA Tour. J’espère qu’un jour on pourra se tirer vers le haut là-bas tous les deux. Il joue très bien au golf, il a une tête bien faite et c’est un super gars. C’est quelqu’un qui est beaucoup à l’écoute, il a beaucoup de respect envers moi, il me remercie tout le temps. Il gagne énormément de temps en étant à l’écoute comme ça. Sa fraîcheur fait du bien. L’adrénaline que j’ai en jouant ici, à l’Open britannique, j’ai l’impression qu’il l’a à tous les tournois. Ici, il s’émerveille d’avoir une navette qui l’attend à l’aéroport, il s’émerveille de croiser Justin Thomas. On me donne le rôle du grand frère, c’est un peu vrai, mais il me tire aussi vers le haut. On fait des matches à l’entraînement et ça me stimule.
J’ai eu une période compliquée en début de saison mais de m’entraîner avec un « bon », ça m’aide à aller de l’avant. Je pense que ça va me permettre d’être meilleur dans le futur. On partage plein de choses positives et c’est cool pour nous deux.
- Suivis par leur coach Mathieu Santerre, Romain Langasque et Martin COuvra arpentent le parcours du Royal Portrush.
- Romain Langasque profite du « spot » du green du trou n°5 pour s’offrir un souvenir vidéo d’une vue à couper le souffle.
- Romain a très bien tapé la balle en « reco » de mercredi.
G.P. : A titre personnel, revenir ici un an après votre abandon en raison d’une blessure au dos, comment le vivez-vous ? Avez-vous envie de prendre une sorte de revanche sur le sort ?
R.L. : L’année dernière, je n’avais jamais connu des émotions aussi hautes et aussi basses qu’en quinze jours. Je finis 3e du Scottish Open, ce qui est l’un de mes meilleurs résultats en carrière vu le champ de joueurs qu’il y avait. Et la semaine suivante, je dois abandonner après huit trous seulement à Troon. Au British Open. Pour moi, c’est devenu le plus beau tournoi du monde. Il y a une atmosphère incroyable dans ce tournoi, une énergie incroyable. Il réclame un type de jeu qui me convient très bien. Il faut manier la balle. Il faut créer, imaginer, s’engager. Ce sont des choses qui me plaisent énormément. Je ne sais si j’ai des envies de revanche, mais en tout cas, il y a beaucoup d’envie de profiter et de donner le meilleur de moi-même.
Je vais essayer de beaucoup en profiter et de donner le meilleur de moi-même
G.P. : Vos parents sont là pour vous suivre, c’est une fête pour la famille d’être ici ?
R.L. : Mes parents travaillent donc ils n’ont pas l’occasion de venir très souvent me voir jouer. S’il y a une semaine à choisir pour eux, c’est celle-là ! Ma famille, mes parents, c’est ce qu’il y a de plus fort et pouvoir partager ces moments-là avec eux, c’est incroyable.
G.P. : Et vous avez retrouvé aussi l’un de vos plus fidèles supporters, Henry, un jeune fan anglais…
R.L. : Oui ! C’est un petit qui me suit depuis trois ans à tous les British Open. Ils sont adorables. Pas du tout invasifs. Hier, je l’ai pris avec moi pendant trois trous à l’intérieur des cordes et ce matin, je me suis dit « allez, je le reprends » et je l’ai fait putter. Il s’en souviendra. Je me dis que si j’avais été à sa place, j’aurais adoré vivre ça. C’est cool. C’est le British Open.
- Henry et Romain sur le trou n°8.
- Romain langasque très sollicité par les jeunes fans !
- Dans le tunnel avec Henry vers le départ du trou n°9.