Victorieux pour la deuxième fois en trois ans à Augusta, Scottie Scheffler confirme son statut de n°1 mondial. Bientôt papa pour la première fois, il avoue que le golf sera toujours aussi important pour lui. Même s’il passera toujours après sa femme et son futur bébé.
Propos recueillis par L.V., à Augusta
Pouvez-vous décrire vos émotions lorsque vous avez réussi votre dernier putt sur le green du 18 ?
Il est difficile d’exprimer à quel point c’est spécial. Cela a été une longue semaine. Une semaine difficile. Le parcours était un véritable défi, et être assis ici à nouveau avec cette veste et pouvoir la ramener à la maison est vraiment quelque chose de très spécial.
Ce dimanche matin a-t-il été différent du dimanche matin d’il y a deux ans ?
Oui, cela n’a rien à voir. Au lieu d’être tout seul avec Mer (Ndlr, Meredith, sa femme) à la maison, j’avais cette fois quelques copains avec moi. On était tous ensemble et on était plutôt détendus. J’ai essayé de ne pas trop penser au golf, mais c’était de plus en plus difficile. Ils m’ont été d’un grand soutien ce matin. Car, oui, la matinée a été longue. Mais ça en valait la peine.
Mes priorités vont changer ici très bientôt, c’est quelque part normal. Mon fils ou ma fille sera désormais la priorité principale, avec ma femme, dans la vie. Le golf, lui, viendra après.
Dans un mois, pour le prochain Majeur (PGA Championship, au Valhalla Golf Club du 16 au 19 mai), vous serez accompagné par un bébé. Quelles sont les chances que vous ne soyez plus aussi concerné par cette nouvelle échéance ?
Si ça peut vous rassurer, je ne vais pas quitter des yeux ce prochain objectif. Là, je vais rentrer chez moi, m’imprégner de cette victoire. Je vais très certainement apprécier la naissance de mon premier enfant. Mais cela étant dit, j’aime toujours autant la compétition. Mes priorités vont changer ici très bientôt, c’est quelque part normal. Mon fils ou ma fille sera désormais la priorité principale, avec ma femme, dans la vie. Le golf, lui, viendra après. Mais j’aime toujours la compétition. Je n’ai pas l’intention de quitter de sitôt tout cela.
Quel a été pour vous le coup le plus important que vous ayez réussi dans ce 4e tour ?
Je dirais le putt pour birdie sur le 8. J’ai réussi deux très bons coups sur ce green. Ce putt, il fallait vraiment qu’il tienne sa ligne. Une fois rentré, ça m’a donné un bon élan, et j’en ai profité pour enchainer aux trous 9 et 10, tout en continuant à pousser ensuite car je savais qu’il y aurait des birdies sur les neuf trous du retour. J’avais beaucoup de golfeurs à mes trousses, et je savais qu’en faisant des pars, ça ne pourrait pas fonctionner pour moi.
Parfois, je regardais les arbres. Je regardais les fans de temps en temps aussi pour essayer de capter un peu leur énergie.
Avez-vous malgré tout pu profiter de l’avance que vous avez eue (trois puis quatre coups) après ces birdies au 14 puis au 16 ?
Comme n’importe quel être humain, votre esprit commence à vagabonder un peu plus sur le parcours quand ces choses arrivent. C’est d’ailleurs une bonne chose. J’ai essayé de m’imprégner de ça durant ce dernier tour. Parfois, je regardais les arbres. Je regardais les fans de temps en temps aussi pour essayer de capter un peu leur énergie. Mais je ne me suis jamais contenté de cette place de leader. J’ai toujours essayé de pousser, encore et encore. Si j’avais joué un peu plus la défense, la fin aurait été, je le pense, très différente. Je suis allé chercher le green en deux sur le 13, j’ai réussi à faire birdie. Pareil sur le 14 et j’ai là aussi fait birdie. J’ai recommencé au 15 et je signe un joli par. Et puis il y a ce très bon coup au 16 pour un autre birdie. Si j’avais essayé de me contenter d’un par sur les neuf trous du retour, je me serais retrouvé sur le 18 en espérant que Ludvig (Åberg) ne fasse, lui aussi, qu’un par. Sur ce parcours, il faut rester agressif. Il faut réussir les bons coups. Il n’y a aucun moyen de contourner ce problème ici. Vous ne pouvez pas jouer un fois défensif, une fois offensif. Il faut juste réussir les bons coups. Et heureusement, aujourd’hui, j’ai pu le faire.
Qu’avez-vous appris sur la façon de gérer ce parcours par rapport à votre précédente victoire ici en 2022 ?
Je pense que c’est un parcours de golf où la victoire se mérite. C’est tellement difficile ici. Comme je l’ai dit, on ne peut pas jouer de manière trop défensive. Le 12 en est le parfait exemple. Si vous jouez trop défensif, si vous choisissez cette option, ça peut se retourner contre vous. Max (Homa) s’est retrouvé dans les buissons. Moi aussi j’ai frappé plusieurs fois des balles qui ont connu la même finalité. Pour moi, vous devez jouer toujours être au bon endroit et réussir toujours de très bons coups. Etre approximatif ici, ce n’est jamais bon.
J’ai l’impression de contrôler mes émotions comme je l’ai toujours fait. J’ai aussi l’impression de mûrir en tant que personne.
Vous semblez être quelque part intouchable en ce moment, en contrôle total de votre jeu. Avez-vous l’impression de jouer votre meilleur golf actuellement ?
Oui, j’ai l’impression de jouer très bien au golf en ce moment. J’ai l’impression de contrôler mes émotions comme je l’ai toujours fait. J’ai aussi l’impression de mûrir en tant que personne. Je pense qu’il est difficile de remettre en cause les résultats des dernières semaines. J’ai joué du bon golf. Mais j’essaie vraiment de ne pas trop me concentrer sur le passé. Je vais rentrer chez moi, réfléchir à cette semaine et m’en imprégner du mieux que je peux. C’est un sport où il faut tout de suite passer à autre chose. Je suis ainsi censé reprendre la compétition jeudi (au RBC Heritage).
Est-ce que Meredith, votre femme, vous a dit quelque chose en particulier ce matin, quelque chose qui vous a aidé pour aller chercher la victoire ?
Elle m’a juste demandé si elle pouvait prier pour moi. En fait, je n’ai pas pu lui parler très longtemps ce matin, ce qui était inhabituel. Elle m’a envoyé beaucoup de prières. Mon cou me dérangeait un peu. J’ai juste prié pour que ça aille mieux. C’était une matinée un peu plus longue que prévue cette année, mais je dirais que ce n’était pas aussi long qu’il y a quelques années. Au sujet de ce cou, je pense que lorsque vous êtes stressé, votre corps réagit, que ce soit un mal de ventre ou non. Je pense que mon corps réagissait juste au stress.
Lorsque vous analysez votre jeu et votre semaine dans son ensemble, qu’est-ce que vous pensez avoir fait de mieux ?
Je dirais que les deux aspects de mon jeu qui ont probablement le mieux fonctionné sont le petit jeu et le driving. Je pense que le petit jeu ici est probablement le plus important. Rien qu’en regardant une journée comme aujourd’hui, les deux premiers trous, ou les trois premiers, Teddy (Ndlr, Teddy Scott, son caddie) et moi, nous nous sommes trompés au sujet du vent. On a raté la cible d’environ 25 mètres. C’est le genre de choses qui arrivent ici. Au 2, même chose. Sur le 3, je frappe un bon drive qui finit dans le bunker, et le coup là-dedans était tout sauf facile. J’ai réussi une belle sortie de bunker et j’ai fait birdie. Je pense que le petit jeu a été la clé de mon jeu cette semaine.
Photo : Masters Tournament