Au Golf Club Crans s/Sierre, le parcours Ballesteros (Par 71, 6226 m.), terrain de jeu traditionnel de l’Omega European Masters, opposera aussi les joueurs encore papables pour une place en Ryder Cup. C’est tout bénéfice pour l’animation du beau tournoi.
Philippe P Hermann
Son étonnant panorama alpin habille cartes postales et prises de vues à profusion. Elles sont éditées sur toutes sortes de supports et dans les vitrines des commerces de Crans-Montana, station courue à 1500 mètres d’altitude, lui donnant une allure très Saint Andrews avec ses 27 trous au cœur du village.
Pas de flonflons
A l’occasion de sa 76e édition, le spectacle devrait être d’une qualité à part pour un dénouement sans doute inattendu. Il y a peu, on se demandait si l’organisation très fidèle au tournoi disputé ici sans découcher depuis 1948, toujours attentive à son excellence, alignerait une liste de départ plus étoilée qu’altruiste comme quelques précédentes. Elle en aurait les moyens, ce que sa dotation (2.5 m.) ne montre pas au risque de déclasser le tournoi face à l’hypertrophie galopante de bien d’autres. Mais elle tient à garder le contrôle de son important budget plus engagé dans l’amélioration constante du parcours plutôt que de gonfler sa dimension. « C’est vous qui voyez », dit le sketch de Laspallès.
Inconnus de talent bienvenus
En 2022, ce Masters a été remporté par le sud-africain Tristan Lawrence. Dire que ce bon joueur, peu connu alors, est mieux reconnu depuis. Pas vraiment. Mais le tournoi s’est fendu d’un communiqué pour annoncer sa venue… Bon… Idem pour Matt Wallace, Yannick Paul, Justin Suh ou Rasmus Hoijgaard. Si vous êtes golfeur sans être mordu, ces patronymes ne vous disent rien. Et vous savez, à peine, que Danny Willett (vainqueur ici et à Augusta) revient en Valais ayant loupé le cut de la richissime FedEx Cup si bien gagnée dimanche par Viktor Hovland
Et alors?
Bien sûr, ce n’est pas motivant pour faire bouger les lignes, ce que Miguel Angel Jiménez, tout senior qu’il est, sait déclencher, présent à Crans-Montana pour la 33e fois. Mais la nouvelle génération faite d’inconnus à la recherche d’une place au soleil, à défaut d’afficher un nom qui vous sonne, est à même de sortir du tout grand golf. Ainsi Todd Clements, inconnu au bataillon, une 46e place comme meilleur résultat, superbe vainqueur dimanche dernier au Czech Masters en jouant 63 au 4e tour pour -22 devant Matt Wallace avec plus de 40 birdies à eux deux. Ça c’est du golf, du vrai, et ils le démontreront dès jeudi.
Cerise sur le gâteau
Une bagarre sans nom se prépare pour l’attribution des places du Team Europe en Ryder Cup, fin septembre du côté de Rome. Faites vos jeux. Choisissez votre camp. Les papables sont nombreux entre les deux oreilles du capitaine qui compte déjà Hovland, Rham, McIlroy. Restent trois places à attribuer via le classement du tour européen, et six autres au gré de Luke Donald.
Il faudra attendre la fin de l’Omega European Masters pour savoir, certains ayant déjà fait une croix après le 27 août en Tchéquie. Ils seront une petite dizaine en quête de l’invitation. Victor Perez, bien placé si McIntyre brille moins que lui, sera soutenu sur place par les autres français du DP World Tour et une cohorte de Haut-Savoyards voisins. Et tout ce petit monde saura aura appris la composition du Team USA (29 août, 16h00), avant celle du Team Europe, le 4 septembre à 15h00. De quoi être remué…
Photo : Robert MacIntyre © Richard Heathcote/Getty Images