
A deux jours du coup d’envoi du 153e Open britannique, nous avons pu suivre les six Français en lice (record historique dans un majeur) dans leur partie de reconnaissance. On a pu constater aussi tout au long de cette journée que la météo était très changeante à Portrush et qu’elle serait sûrement le facteur n°1 de la semaine.
De notre envoyé spécial à Portrush, Stefan Colin
Ils ont fait des choix forcément différents, en fonction de leur agenda, de ce qu’ils souhaitaient travailler, évaluer, repérer. Mais les six Français en lice dans ce « British » ont évidemment tous profité de cette journée de mardi à Portrush pour repérer le parcours.
Pour débuter cette riche journée, nous avons suivi en solo Matthieu Pavon qui s’est élancé du trou n°1 à 8h12 locales. Hasard ou volonté, le Bordelais était seul pour jouer les trous de l’aller et forcément, il a eu beaucoup de temps pour pouvoir travailler son jeu et se mettre dans l’œil ce parcours links, des tracés si particuliers dont on sait qu’il n’est pas forcément friand (visuellement).
Accompagné par son préparateur mental Mathieu David, par son coach Mark Blackburn et évidemment par son fidèle caddie Mark « Woody » Sherwood, le vainqueur du Farmers Insurance Open 2024 a eu tout le temps du monde pour travailler notamment son chipping autour des greens. Les innombrables bosses et dénivelés autour de ces greens et les multiples plateaux méritent d’être étudiés apprivoisés. Matthieu Pavon s’y est attelé et a semblé avoir de bonnes sensations.
Pavon bosse son chipping
Mais il ne s’agissait que des quelques trous de « reco ». D’évidence, le meilleur Français au classement mondial cherchait surtout à étudier les zones et les trajectoires à privilégier autour des greens. Et peut-être aussi à régler quelque peu son grand jeu.
Le team Pavon en reconnaissance ce mardi matin à Portrush, au départ du trou n°5.
Toujours dans cette matinée étonnamment privée de vent, sous un ciel couvert mais sans pluie, Adrien Saddier s’est également exercé sur les trous de l’aller en compagnie de trois joueurs chevronnés du PGA Tour. J.T. Poston, Sepp Straka et Chris Kirk étaient ses compagnons de route du jour. La bonne humeur semblait régner dans ce groupe et le vainqueur de l’Open d’Italie n’a pas paru impressionné par cette découverte d’une autre monde.
Quatre Français en famille
Dans l’après-midi, alors que la pluie a fait son apparition, que le vent s’est renforcé et que la température est tombée de quelques degrés, c’est un quatuor de Français qui s’est élancé du trou n°10 à 13h12 locales. Martin Couvra, Romain Langasque, Antoine Rozner et Julien Guerrier ont fait partie commune, accompagnés par leurs coaches et pas mal de leurs proches. Il y a là des amis aussi, des parents aussi comme ceux du Rochelais. Le « British », ça se vit en famille. Il y aussi dans ce sympathique petit groupe Nicolas Colsaerts, le vice-capitaine de l’équipe européenne de Ryder Cup, venu en ami, en observateur aussi.
L’atmosphère est très familiale et bon enfant, mais aussi très studieuse. Ça plaisante (« celle-là elle a fait un sourire aux bunkers« , s’amuse Martin Couvra après un drive qui a miraculeusement évité deux pots bunkers de fairway au 12), ça se défie gentiment au chipping ou dans les sorties de bunker et parfois ça se chambre, mais très amicalement…
Les caddies ont beaucoup de travail à ratisser ces fosses de sable d’ailleurs, car le quatuor passe comme la majorité des joueurs beaucoup de temps à peaufiner le jeu autour des greens. Bien plus que les tee shots ou les coups de fers. Les zones à éviter sont repérées. Il y a franchement des côtés des greens à éviter. Quand au coup de fers, on constate que ceux qui ont des trajectoires plus basses évitent les rafales de vent. Les autres manquent presque inévitablement leur cible.
Le vent, on le devine, sera l’un des acteurs majeurs de la semaine. Sur le par 3 du 13, ça souffle très fort. Ce trou relativement court (177 mètres) met les Français en difficulté. Aucun ne touche le green en régulation. En revanche, sur le 16, trou signature du parcours (216 mètres en montée avec un ravin à droite), les Bleus sont plus à la fête alors que le vent est tombé. Romain Langasque est le plus fort des quatre avec une balle posée à 3 mètres du drapeau avec son fer 4 ! Certes, avec un rebond favorable sur le droite alors qu’il avait tapé en draw. Il s’en amuse d’ailleurs…
Au sortir de ce trou, tous les quatre se prêtent avec bonne grâce au jeu des autographes. Les fans britanniques, jeunes et moins jeunes, sont nombreux à solliciter les « froggies ».
Puis, au 17, les « Frenchies » se lancent dans un autre défi, putter à plus de 150 mètres du green sur ce trou tout en descente en tant de poser la balle à bon port. C’est Antoine Rozner qui s’en sort le mieux.
Voir cette publication sur Instagram
Les sensations sont a priori plutôt bonnes dans l’ensemble et les grands sourires accompagnent tout ce petit monde jusqu’au trou n°1 ou Julien Guerrier choisit d’en rester là. Peut-être un bon choix puisqu’un déluge s’abat sur le parcours 20 minutes plus tard…
C’était en tout cas une partie de reconnaissance historique. Quatre Français, ensemble. Ceux qui ont pu les suivre ont eu le sentiment d’avoir vécu un vrai privilège…
Photos R&A (et S.C.)