Antoine Auboin a décroché à Lacanau son premier titre chez les professionnels. Le Biarrot, membre du Pro Golf Tour, va cependant faire une pause dans sa carrière. Pour tenter de retrouver du plaisir…
Propos recueillis par Nathan CARDET, à Lacanau
Golf Planète : Racontez-nous ce dernier tour…
Antoine Auboin : Il y a eu d’abord un début de partie compliqué en +1. À l’inverse, Louis Darthenay (le leader) jouait très bien, il enchaînait les birdies et sauvait parfaitement les pars. Moi, j’étais plutôt en dedans. J’ai discuté avec mon caddie et je lui ai dit : « on va pousser la balle aux 10-11-12 et à partir du 13, on va essayer de faire quelque chose. » J’ai mis un coup de fer magnifique sur le par 5 du 13, puis je prends le green du 16 en un et je mets une belle ficelle… Cela m’a totalement relancé avec ces deux eagles. A ce titre, j’ai une grosse pensée pour Louis Darthenay qui est un ami. Il a mal terminé malheureusement, mais c’est le golf et il faut un gagnant et un perdant.
G.P. : Avec six coups de retard à dix trous de la fin, comment avez-vous fait pour continuer à y croire ?
A.A. : J’ai une grosse puissance, et ici (au UGolf de Lacanau), le parcours n’est pas long. Donc je sais que je peux faire des birdies partout. En plus, les pars 5 sont touchables en deux, tout peut basculer assez vite. Je me suis vraiment dit que c’était le moment. Alors, j’y suis allé à fond.
G.P. : Cette victoire sur l’Alps Tour arrive alors que vous aviez prévu de faire une pause dans votre carrière…
A.A. : Oui, et c’est toujours prévu. La victoire ne change rien.
J’ai 36 000 trucs dans la tronche et ça me pèse
G.P. : Pour quelles raisons faites-vous un break ?
A.A. : C’est assez difficile dans ma tête, ça fait longtemps que je tourne autour du pot. Je gagne mais je ne vais pas me dire que tout va bien finalement et que je continue. Je préfère faire un break comme je l’avais dit à Gerald Bouhourd, mon sponsor de la C&S Golf Team. J’avais déjà coupé avant le tournoi pendant deux semaines, je suis arrivé sans vraiment m’être entraîné, je voulais juste prendre du plaisir. Cette semaine a été top car ma copine m’a caddeyé les deux premiers tours et ça m’a canalisé. Samedi (troisième tour), c’est mon ami Louis Bellan (lui aussi professionnel) qui était sur le sac. J’ai retrouvé mon jeu, je me suis amusé et j’ai pris du plaisir. Je n’avais pas ressenti ça lors des derniers tournois. C’est un peu pour ça que j’ai gagné. J’ai réussi à rester patient tout en prenant du plaisir. Mais honnêtement, je ne pense pas jouer ces prochaines semaines. Je pense quand même faire un break et reprendre peut-être l’année prochaine en étant déterminé et en sachant sur quoi je repars.
G.P. : Comment se matérialise ce manque de plaisir ?
A.A. : Je ne suis pas juste contrarié après un mauvais résultat. Quand je pars en tournoi, il y a des choses qui me trottent dans la tête et je ne peux pas jouer au golf comme ça. Et je n’ai pas du tout envie d’y aller comme certains salariés qui n’ont pas envie d’aller au travail. Eux n’ont pas le choix. La différence c’est qu’au golf, si on a la tête ailleurs, ça ne sert à rien de jouer. Pour tout golfeur professionnel, le mieux c’est de n’avoir rien dans la tête et penser qu’à son jeu. Moi, j’ai 36 000 trucs dans la tronche et ça me pèse.
©Alps Tour Golf / Federico Capretti