Le Comté de l’Ayrshire, situé au sud-ouest de l’Ecosse, propose une variété de links aussi sublimes que prestigieux. Une expérience unique dans le magnifique écrin du resort de Dundonald, intégralement dédié au séjour golf en famille ou entre amis, vous attend.
1) Des links modernes et mythiques : une offre pléthorique
Il y a des noms qui claquent. Turnberry et le Royal Troon sont des parcours mythiques que l’on associe à l’histoire de l’Open britannique (Troon l’accueillera de nouveau en 2024).
Leur prestige les rend peut-être un peu moins accessibles que leurs voisins. Mais l’offre golf de la côte de l’Ayrshire est telle que même si l’accès de ces golfs « stars » n’est pas évident, les voisins du coin, un soupçon plus “open” au public, font tout autant le bonheur des joueurs avides de links.
Le menu est “gargantuesque”, avec pas moins de 16 parcours concentrés dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres. Outre le mythique Prestwick Golf Club, premier hôte du “British”, difficile de résister à l’authenticité de Barrasie Links de Kilmarnock ou au petit bijou empreint de tradition, Western Gailes. Les deux tracés, situés à quelques hectomètres du centre ville de Troon, sont séparés par un chip lobé au dessus de la ligne de chemin de fer.
A peine plus au nord, toujours en suivant les rails, le moderne et luxurieux Dundonald Links, est le lieu idéal pour un séjour de rêve entre amis.
Darwin Escapes, le propriétaire du vaste terrain, a investi 30 millions d’Euros en 2019 pour que Dundonald Links devienne un resort moderne de standing internationale avec 18 bungalows de luxe, un hôtel premium et un nouveau club-house. On vous raconte ça…
2) Une ambiance 100% luxe et golf à Dundonald
Avant de découvrir le sublime club-house, l’immense baie vitrée du restaurant du 2e étage qui propose une vue à couper le souffle sur le parcours, le salon de dégustation de whiskies et bien sûr le parcours en lui-même, votre premier coup de cœur sera pour les lodges à partager entre quatre ou six golfeurs.
Imaginés par et pour des amoureux de la petite balle blanche, construits sur mesure ils offrent la garantie d’un confort absolu. « Les plus petits détails peuvent parfois faire la plus grande différence et notamment pour les golfeurs, assure la directrice de Darwin Escapes, Lindsay Esse. Chaque lodge évoque l’héritage du sport et de la région d’une manière fraîche et contemporaine, tout en s’intégrant naturellement dans le paysage du parcours lui-même. »
Ce qui fait la différence, ce sont autant les puttings greens tortueux au pied du balcon-terrasse, qui vous tendent les bras pour un concours entre amis en soirée, que le vestibule où entreposer votre matériel de golf et… faire sécher vos tenues de pluie !
Car le temps écossais fait partie intégrante de l’expérience. Le vent et la pluie seront a priori de la partie, même si la météo peut vite déjouer les prévisions sur la Côte…
Évidemment les télévisions grands écrans dans le salon ou les chambres peuvent être branchées sur les chaînes de golf. Elles le sont en permanence dans le luxueux restaurant baptisé « Canny Crow » en hommage aux corbeaux épieurs qui cherchent à voler la nourriture dans les sacs de golf sur le parcours…
3) Au menu, haggis, single malt et sens de l’hospitalité
Les habitués de l’Ecosse le savent, la nourriture n’est pas toujours le point fort de la région, euphémisme on osera écrire. Mais le « Canny Crow » est considéré comme l’un des meilleurs restaurants de l’Ayrshire. Les steaks Black Angus sauront vous séduire, tout comme peut-être le burger façon Haggis (la panse de brebis farcie, LA spécialité culinaire de l’Ecosse). On ne saurait trop vous conseiller le dessert écossais aux framboises dénommé Cranachan…
Et puis l’expérience du club-house, c’est aussi une salle très attirante, celle où l’on peut déguster confortablement des dizaines de whiskies du pays. On y a savouré (entre autres, mais avec modération) un Dalwhinnie Single Malt 15 ans d’âge. Une pépite.
L’atout charme des lieux, c’est aussi la bonne humeur et la gentillesse des locaux. Le sens de l’hospitalité est un vrai atout typiquement « scottish ». Un hammam, un sauna, une salle de gym et bien sûr un pro shop sont aussi là pour vous aider à vous sentir au mieux, avant ou après votre parcours.
4) La biodiversité, une vraie préoccupation
Et puis il y a bien sûr ce links qui vous tend les bras. Un pur links comme on les aime. Un vrai défi golfique aussi. En pleine nature.
La préservation de l’environnement est au cœur des préoccupations du super intendant Frank Clarkson et de ses équipes. Le parcours qui a accueilli à trois reprises le Ladies Scottish Open a été récompensé plusieurs fois aux « Golf Environment Awards » qui consacrent les pratiques écologiques et environnementales vertueuses au sein de l’industrie du golf du Royaume-Uni. « Les déchets verts comme les tontes de gazon et les résidus de bois sont stockés et triés en vue d’être recyclés, détaille Clarkson. Cette initiative a produit 3000 tonnes de terre arable utilisée pour l’ensemble des terrains de golf. Nous avons aussi la fierté d’avoir introduit sur le site des ruches pour augmenter encore notre biodiversité. Le petit plus de notre pro shop, c’est le miel Dunny fait maison que vous pouvez déguster après avoir boucler vos 18 trous.»
À Dundonald, trouver une abeille sur votre balle ou assister à un vol d’alouettes des champs font autant partie du paysage que les fairways bosselés et les pots bunkers aux parois vertigineuses.
« La préservation de notre merveilleux site est notre objectif principal et nous travaillons en étroite collaboration les associations et les agriculteurs locaux, qui nous aident à protéger et à promouvoir les habitats de toute la faune, poursuit le super intendant. Nous avons également planté de grandes quantités de fleurs sauvages indigènes dans des zones sélectionnées, ce qui contribue à préserver, protéger et étendre les habitats de cette zone. La population d’oiseaux Skylark a considérablement augmenté depuis le lancement de notre programme. »
5) Un parcours dans le vent
Le dessin originel, créé en 1883, a nécessité le coup de crayon de l’architecte californien Kyle Philipps au début des années 2000, pour apporter une touche moderne à ce tracé traditionnel.
Depuis Dundonald Links a accueilli à de nombreuses reprises le Women’s Scottish Open, et a d’ailleurs sacré par deux fois des Françaises (Isabelle Boineau en 2016 et Céline Boutier en 2023). Il propose de larges fairways aux séduisantes ondulations, des roughs épais, de généreuses « portions » de buissons d’ajoncs et de superbes pins Sylvestres.
Pour prendre du plaisir sur ce par 72, surtout quand le temps écossais s’en mêle, choisissez bien vos départs. Des back tees, le parcours mesure 6500 mètres et se révèle un défi impossible à relever pour un simple joueur amateur. Préférez l’un des nombreux des départs avancés, sauf si vous avez des penchants masochistes !
L’enchaînement des défis proposés par chaque trou est passionnant. Les deux premiers par 4 sont plutôt larges et privilégient la puissance, le trou n°3, un par 5 barré à mi-chemin par un ditch latéral, fera plutôt appel à votre précision et votre stratégie.
Les pars 3 sont exigeants surtout sur le choix de club, à l’image du très scénique trou n°6 où une lointaine éolienne vous indiquera (un peu) la force du vent, et le trou n°11 où il est absolument interdit d’être court, même en touchant le green.
Sur ce trou, vous pouvez aussi vous amuser à tenter de vous extraire du Cauldron bunker (chaudron), situé à l’arrière du green.
Réputé en toute simplicité comme le bunker « le plus difficile des îles britanniques. » Un petit escalier vous emmènera au fond du gouffre où une vision d’horreur vous y attend.
Mettre la balle sur le green est une gageure. Le challenge entre amis peut durer un certain temps…
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En conclusion, s’adapter aux caprices d’Eole, éviter les quelques 150 pots bunkers du tracé, trouver les bons plateaux sur les greens, accepter les aléas des rebonds sur les fairways, vous l’aurez compris, une vraie expérience de links pur et dur vous attend ici…
Mais Dundonald est aussi un parcours franc, sans coup à jouer en aveugle. A la différence de quelques-uns de ses illustres voisins.
6) Prestwick, quelle (grande) histoire
A quelques miles de là, à Prestwick, vous avez rendez-vous avec l’histoire, avec un grand H.
Un retour dans le passé qui vous plonge dans une autre ambiance aussi.
Prestwick, c’est tout simplement le parcours qui a accueilli le premier Open britannique en… 1851, avec ses 12 trous d’origine. Ici tout respire le golf.
L’accès au club-house vous transporte immédiatement 150 ans en arrière. A votre gauche, le putting green avec les trous ornés de paniers en osier, ancêtres des drapeaux d’aujourd’hui. A votre droite, le salon des « members », occupés par des gentlemen âgés (les femmes ne sont pas autorisées dans cette pièce…) vêtus de vestes en tweed « old school » et de cravates obligatoires. On les aperçoit par les immenses baies vitrées donnant sur le parcours et on ne peut s’empêcher de se demander de quels sujets ils semblent causer inlassablement.
La visite du club-house fait partie de l’expérience. On grimpe le grand escalier recouvert d’une moquette molletonnée sur laquelle le temps ne semble pas avoir de prise.
A l’étage on découvre les cartes des scores des premiers « The Open », des trophées vieux de plus de 150 ans, et des photos illustrant les liens forts avec la famille Morris. En particulier Old Tom, le premier « pro » de l’histoire du jeu qui fut embauché par le Prestwick Golf Club.
Et puis il y a le parcours, un links bien sûr, mais d’un style très différent de Dundonald. Une étrangeté presque pour les non-initiés. Ici sans caddie point de salut. Les trous sont aussi spectaculaires que tarabiscotés.
Dès le trou n°3, un par 5 en dogleg droit, il faut se creuser les méninges pour savoir dans quelle direction jouer. Les « blind shots » sont légion, à l’image de l’étonnant par 3 du trou n°5 dont le patronyme lui-même est déjà un poème : pour franchir le monticule et jouer dans la bonne direction, « Himalayas » vous oblige à choisir le bon club, éviter la balle trop basse et viser le disque coloré placé sur la butte qui correspond à la couleur de votre tee de départ.
Un trou assez dingue, mais pas autant que le par 4 du n°17, lui aussi bien nommé. Conservé dans son état d’origine « Alps », est le plus ancien trou de championnat (il fut le trou n°2 de l’Open en 1851).
Au départ il est indiqué qu’il faut jouer à droite, à gauche, ou au centre, selon où se trouve inséré un étrange curseur.
« Une énigme à résoudre ? », se demande le novice. En réalité ce par 4 propose un long deuxième coup en aveugle par-dessus une grande colline, au sommet de laquelle ont été positionnées trois cibles : à gauche à droite et au centre.
Voilà la réponse à notre interrogation du départ. Dans ce col alpestre ou presque (pour une balle de golf), rester court n’est pas un option. La sanction est terrible. Au pire du très gros rough, au mieux l’immense bunker Sahara situé juste en bas de la descente vertigineuse
Ici à Prestwick, même les noms des obstacles prennent toute leur dimension quand on les découvre…
A plusieurs reprises, vous aurez aussi l’occasion de faire sonner la cloche qui prévient la partie qui vous suit que le champ est libre.
Ça n’a l’air de rien, mais c’est un plaisir typique du bonheur de jouer sur un links. Même si le parcours n’est pas long (par 71, 5900m), il regorge de pièges en tout genre. Mais peu importe votre carte de score, c’est un endroit joyeux, amusant et authentique pour les vrais amoureux de golf !
7) Kilmarnock et Western Gailes, le bon voisinage
L’une des particularités de ces links écossais, c’est aussi que ces tracés plus que centenaires sont souvent longés par les voies ferrées, comme à Carnoustie.
Voisins de palier de Dundonald, Kilmarnock Barassie Golf Club et Western Gailes possèdent ce charme d’Antan « so scottish », où l’on croise parfois un train de voyageurs près d’une aire de départ.
Fondé en 1887, le premier nommé a été l’hôte des qualifications du “British Open” et accueille régulièrement des épreuves estampillées Royal & Ancient. Il possède 9 trous très traditionnels issus du dessin original et 9 trous plus récents crées en 1997 pour remplacer les premiers 9 autres trous, vestiges du passé mais toujours aussi ludiques à jouer.
Sur ce parcours authentique de grands greens ondulés à l’entretien irréprochable mettront votre putting à rude épreuve.
L’héritage du club transpire un peu partout dans le club-house et notamment dans les vestiaires avec ses casiers en vieux bois patiné.
Le pedigree de ce tracé ne doit pas être sous-estimé, même si le parcours adjacent de Western Gailes est probablement plus prisé, surtout en raison des vues qu’il offre sur l’océan atlantique mais aussi par les célébrités du jeu qui lui ont rendu visite.
Gene Sarazen, Rory McIlroy, Gary Player ou Tom Watson.
Les manieurs de balles se régaleront sur ces deux tracés où le vent d’ouest est évidemment très présent.
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Si vous aimez les links et la tradition, l’Ayrshire est une destination incontournable. Si vous souhaitez y ajouter du confort et ambiance « golf trip » entre amis, Dundonald saura vous combler au delà de vos espérances.
Un dernier conseil ? Même si le mauvais temps fait partie de l’expérience écossaise, choisissez l’été ou le printemps pour un voyage forcément inoubliable. Si la météo le veut bien, vous pourrez enquiller des parcours d’exception… à un train d’enfer.
©Patrick Koenig