Comme nous l’avons lue la semaine dernière dans Golf Planète, Rory McIlroy a critiqué les efforts déployés par les organes dirigeants du golf mondial pour limiter la distance parcourue par les golfeurs professionnels avec un drive à la main.
Voici pourquoi il me semble bon de répondre au champion nord-irlandais.
par Ivan Morris
Perte de temps et investissement
Une critique que je juge décevante et à côté de la plaque. Le grand champion nord-irlandais, quatre fois vainqueur de Majeurs, a qualifié cette campagne de «grande perte de temps et d’argent». Je préfère y voir un investissement dans l‘avenir de notre jeu. D’autant que le golf semble condamner à un avenir précaire si l’on continue sur la manière dont il se développe depuis vingt ans
Généralement, les entreprises investissent continuellement et mettent en place des programmes de recherche et d’innovation dans un seul but : réduire les coûts, améliorer les marges et garantir l’avenir du secteur. Dans le golf, on a l’impression que les industriels investissent dans des nouvelles technologies pour les exhiber lors de tournées professionnelles où des naïfs crédules comme vous et moi paieront des sommes exorbitantes pour acheter le même équipement. que des joueurs comme Rory. Ces équipementiers vendent du rêve : celui que chaque golfeur lambda pourra taper des coups aussi bien que Rory ou Dustin une fois qu’il aura ces clubs en main.
Frapper la balle plus loin ?
Frapper la balle plus loin n’arrivera jamais (pour moi qui suis pourtant un joueur à un chiffre depuis plus de 50 ans) et je gaspille toujours mon argent. Et je continuerai probablement à le faire….
Je perds aussi mon temps à découvrir des parcours de golf qui sont trop longs pour moi … et trop courts pour Rory. Le cœur du problème soulevé par Rory peut être résumé ainsi : cet artiste de la balle, champion médiatique indiscutable, a peut-être été sous pression de son fournisseur d’équipement et a manqué de façon flagrante le but de ce que le R&A et l’USGA tentent de réaliser : protéger les parcours de golf et limiter leurs coûts de construction et d’entretien !
0,1 % contre 99,9%
Construire des golf de plus en plus longs pour qu’une centaine de pros puissent jouer un tournoi, quatre jours par an, n’est-il pas un énorme gaspillage d’argent ? Désolé, Rory, c’est vous qui regardez à travers votre petite lentille parce que vous représentez les intérêts de 0,1% de la communauté golfique.
Il est vrai que 99,9% des amateurs jouent au golf pour prendre l’air et du plaisir (qui ne coûte rien), pour rencontrer des amis (qui peut aussi ne coûter rien), faire de l’exercice et tirer le meilleur parti de l’offre technique de son équipement.
La raison pour laquelle les fabricants sont contre les changements proposés provient de leur département marketing et de leur stratégie de promotion de leurs derniers produits censés offrir à tous les golfeurs encore plus de distance sans effort de sa part, sinon financier ! Or ceci n’est jamais arrivé et n’arrivera jamais.
Rory souhaite que le golf soit « facile et accessible au plus grand nombre ». Personne n’est en désaccord avec l’adjectif «accessible». Mais je ne suis pas si sûr que l’usage du mot « facile » soit pertinent. Si le golf est trop facile, il deviendra ennuyeux. L’esprit et le cœur du jeu seront perdus à jamais pour des joueurs comme moi. Nous ne serons plus « dérangés » et nous l’abandonnerons par ennui. Tout comme tant de joueurs amateurs ne regardent plus le golf professionnel à la télévision en raison du spectacle sans intérêt qu’il procure de plus en plus : des pars 4 de 500 mètres réduits à un drive suivi d’un wedge !
Trois idées pour développer le golf
Rory veut voir le golf se développer. En tant que membre de la masse des joueurs amateurs, je lui dirais comment le faire :
– Construire plus de parcours 9 trous (courts) pour accélérer le jeu
– Transformer le golf en un jeu de deux heures
– et réduire le coût en permettant à l’herbe de pousser sur les greens pour réduire leur vitesse.
Je ne vois pas Rory tomber prochainement amoureux de mes idées !
Mais laissez-moi lui dire que j’étais heureux, au bout du compte, de lire qu’il avait admis qu’une différence de réglementation entre professionnels et amateurs avait du sens et qu’une séparation entre les deux mondes pouvait être mise en place.
Après tout, un jeu plus difficile et plus habile conviendra à Rory McIlroy, lui qui est l’un des joueurs les plus habiles et talentueux de la planète. Et bonne chance à lui !
Ivan Morris
Photo Christian Petersen/Getty Images/AFP