La moitié du palmarès en Grand Chelem de Tom Watson est entachée par des victoires survenues à l’aide d’un équipement jugé par la suite illégal. Ce fait porte-t-il une ombre sur la carrière légendaire de l’Américain ? Avant d’y répondre, résumons en cette première partie les faits qui se situent à deux années d’intervalle. Les meilleures…
Par Sébastien Brochu
Grand rival de Jack Nicklaus, l’Américain Tom Watson est reconnu comme l’un des plus grands golfeurs de l’histoire. En 40 ans de carrière, il a notamment remporté 8 Majeurs entre 1975 et 1983. Les plus jeunes se souviennent de son exploit à l’Open 2009 où il avait failli l’emporter à l’âge canonique de 59 ans.
Sa plus grande période se situe à la fin des années 1970, il est alors le meilleur joueur du monde. Or en ces temps glorieux, a-t-il été avantagé par un matériel jugé par deux fois non-conforme ? La question se pose suite à la découverte de l’historien américain Connor T. Lewis qui a retrouvé plusieurs articles de presse de l’époque faisant état de deux polémiques entachant 4 titres majeurs acquis en 1977 et 1982, ses deux meilleures saisons.
Première polémique en 1977
Tout commence en 1977, sa première grande année. Vainqueur du Masters puis de l’Open britannique (le fameux « Duel au soleil » de Turnberry), tous les deux décrochés à la barbe inexistante de Jack Nicklaus, il tente de devenir le premier joueur depuis Ben Hogan en 1953 à remporter 3 Majeurs la même année. Tous les spécialistes sont persuadés qu’il peut y parvenir à l’US PGA qui se déroule mi-août à Pebble Beach.
Les rainures trop larges de ses clubs
C’est donc en grand favori que l’Américain aborde le tournoi. Mais une nouvelle incroyable va enrayer la machine lors de sa partie de reconnaissance. Il apprend que les fers Ram Tour Grind, les mêmes qui ont servi pour ses victoires précédentes, seraient illégaux ! A son initiative – c’est important de le souligner – il fait examiner les siens par les officiels de la PGA. Résultat de l’inspection : la largeur de ses rainures dépassent la limite autorisée, réglementée depuis des décennies à 0,89 mm !
Il n’est pas le seul dans ce cas : huit joueurs sont affectés dont Gary Player et Ray Floyd qui utilisent les mêmes clubs Ram. Si ces derniers sont venus avec une autre série de rechange tout à fait légale, Tom Watson n’en dispose pas. Il fait alors venir de sa maison de Kansas City une vieille série qui est jugée aussi non-conforme ! On ignore si celle-ci a été utilisée pour ses victoires des années précédentes…
Il emprunte de vieux clubs pour disputer l’US PGA
Toujours est-il qu’ayant chanté victoire toute l’année, Watson se trouve au matin du premier tour fort dépourvu. De guerre lasse, il se fait prêter des fers par son compatriote Roger Maltbie qui les conservait dans le coffre de sa voiture : une série Silver Scot vieille de 25 ans ! Avec un sandwedge emprunté au pro Leonard Thompson, ses bois et son putter (conformes eux !), il a juste le temps de les essayer huit fois au practice avant de se lancer dans le grand bain…
Malgré des grips trop minces et des shafts trop souples, il finit le tournoi à la 6e place, satisfait et soulagé de ce résultat. Soulagé surtout d’apprendre que les instances ne lui ôteront pas ses victoires acquises au Masters et à l’Open, considérant que Watson ignorait la non-conformité de ses clubs et que ces derniers n’étaient pas jugés illégaux au moment des faits. Fin de la polémique.
Seconde polémique en 1982
Enfin, pour celle-ci, car une autre éclate cinq ans plus tard… Tom Watson renoue avec une certaine domination en 1982. Après une 5e place au Masters, il remporte l’US Open à… Pebble Beach et face à… Jack Nicklaus. Son chip-in au 17 reste l’un des coups les plus célèbres de l’histoire. Un mois plus tard, il obtient son 4e Open face Peter Oosterhuis et Nick Price. Le voilà lancé encore dans la quête d’un 3e Majeur sur la même année…
Se classant finalement 9e de l’US PGA, il apprend quelques semaines plus tard, en août, que la balle utilisée depuis le début de la saison est jugée à son tour illégale ! Le fabricant : encore Ram… L’USGA vient en effet de statuer que la Ram Pro Tour B ball, jouée uniquement par quelques pros, est trop petite… de quelques millimètres de diamètre.
Tom Watson est encore blanchi
Comme en 1977, les instances blanchissent Tom Watson de toute tricherie et refusent une disqualification rétroactive. L’Américain gardera finalement ses 8 Majeurs à son palmarès et il demeure à ce jour l’un des plus grands joueurs de l’histoire.
Sa légende se retrouve-t-elle pour autant écornée après ces révélations ? Malgré les fautes de l’équipementier, un petit doute subsiste. A lire dans notre seconde partie… la semaine prochaine !
Photo© STEPHEN DUNN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP